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Salaires et sécurité au menu des négociations des échafaudeurs

Echafaudeur.
© Thierry Porchet

Les échafaudeurs ont un rôle clé sur les chantiers. Ils assurent la sécurité de tous les acteurs qui y travaillent. Mais trop souvent, leur propre sécurité n’est pas assurée et les risques encourus ne sont pas reconnus dans leur rémunération.

Les négociations pour le renouvellement de la CCT des échafaudages ont démarré. Les revendications portent sur la hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail et de la sécurité

«Quand l’échafaudage est haut, ça fatigue les bras de tirer la corde et de faire monter des plateaux qui pèsent jusqu’à 40 kilos, c’est dur», témoigne Manuel*. Cet échafaudeur de 63 ans a participé le 14 septembre à une action des syndicats genevois de la construction dans les Rues-Basses. Alors que s’ouvrent les négociations pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) nationale de la branche avec la Société des entrepreneurs en échafaudages, Unia, Syna et le Sit ont voulu alerter l’opinion publique sur la pénibilité, la dangerosité et la précarité de ce métier.

«Je n’ai jamais eu d’accident, mais j’en ai vu beaucoup. Il y a ceux qui tombent parce qu’ils n’ont pas le harnais et les autres qui le portent mais se blessent quand même», explique le travailleur devant un échafaudage recouvrant une façade. «Selon la Suva, il y a 3000 accidents chaque année en Suisse sur les échafaudages, dont 4% conduisent à une invalidité ou à la mort. Les grandes entreprises font appel à des sous-traitants qui emploient énormément de travailleurs temporaires. Ils sont moins sensibilisés malheureusement aux risques d’accident», détaille Thierry Horner, secrétaire syndical du Sit.

Action du syndicat à Genève.
Les syndicats genevois ont rappelé à la mi-septembre certaines revendications de la branche. © Thierry Porchet

 

«Nombre de temporaires ont une petite paie. Moi, je suis fixe depuis quarante ans, alors le salaire va encore, mais le collègue qui arrive dans l’entreprise ne gagne pas beaucoup», indique Manuel. Agé de 53 ans, Joaquim* travaille, lui, depuis trente ans dans la branche, mais il a changé régulièrement d’employeur. «Je gagne 4800 francs net, c’est très difficile de s’en sortir à Genève avec un tel salaire», confie l’ouvrier. «Ces dernières années, les augmentations n’ont été que des cacahouètes, 62 francs par mois en 2023. Cela ne couvre pas l’augmentation des prix», ajoute José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia Genève. «L’écart est considérable avec le gros œuvre, nous avons calculé que la différence salariale se monte en moyenne entre 6000 et 7000 francs par an», souligne Pedro Leite, secrétaire syndical de Syna Genève. Si un manœuvre du secteur principal de la construction peut prétendre à 4800 francs brut, un aide monteur dans l’échafaudage ne touche que 4300 francs.

«Les négociations ont commencé le 19 septembre. Notre objectif est de trouver rapidement un accord sur les salaires pour 2024 et négocier ensuite l’entier de la CCT», explique Simon Constantin, membre de la direction du secteur construction d’Unia et responsable de la branche échafaudages. «Nous avons présenté nos revendications salariales: nous voulons dans tous les cas que l’augmentation de 2,2% du coût de la vie soit compensée sur les salaires effectifs et il est nécessaire d’augmenter significativement les salaires minimums. Nous demandons 4,5%, à savoir entre 200 et 230 francs par mois en plus. Grâce à ça, tous les échafaudeurs auraient le droit à un salaire d’au moins 4500 francs. La réaction des patrons à nos revendications a été plutôt positive et on peut se réjouir que ces négociations aient débuté sur une base constructive. Cette bonne foi de la partie patronale doit maintenant déboucher sur des propositions concrètes acceptables par les échafaudeurs.»

Besoins de formation

En ce qui concerne la CCT, une enquête est toujours en cours auprès des salariés, mais des tendances se dessinent, dévoile le syndicaliste. «A côté des salaires, la question de la sécurité et le problème des intempéries prennent la tête des préoccupations. L’échafaudeur assure la sécurité de tous les acteurs du chantier, mais il est lui-même très exposé lors du montage. En plus d’être pénible, il s’agit d’un travail dangereux, où le risque d’accident est présent à chaque instant, il n’y a bien souvent pas le droit à l’erreur. Or, une grande partie des travailleurs, surtout des temporaires, ne sont pas formés aux travaux en hauteur, ce qui met davantage de responsabilité sur les épaules de leurs collègues.» Une solution consisterait à rendre obligatoire une formation pour les travaux en hauteur à tous les salariés. «Il faut aussi une règle pour que les équipes soient composées d’au moins trois personnes, car les échafaudeurs constatent qu’il est impossible de tenir les règles de sécurité en travaillant à deux.» Unia compte également proposer des solutions pour interrompre le travail en cas d’intempérie ou de canicule, qui touchent particulièrement la branche en augmentant le risque d’accident ainsi que la pénibilité du travail. «Nous avons de nombreux défis à relever, mais nous sommes prêts à mener les discussions pour trouver des solutions et améliorer le quotidien des monteurs d'échafaudages, qui effectuent jour après jour un travail difficile, mais essentiel.» Les négociations reprendront en octobre.

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