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Partie remise pour la lutte contre la pollution plastique

Rassemblement de personnes avec une grande pancarte.
© Thierry Porchet

Sur la place des Nations, à Genève, le 4 août, Greenpeace, #BreakFreeFromPlastic et la Fondation Gallifrey, ont organisé une action la veille du début des négociations, pour réclamer des mesures fortes contre la pollution plastique.

Les négociations qui ont eu lieu à l’ONU, à Genève, n’ont pas permis d’aboutir à la signature d’un traité international. Mais Laurianne Trimoulla, de la Fondation Gallifrey, a noté plusieurs signaux encourageants.

Ce devait être la session de la dernière chance. Mais les négociations pour un traité international sur les plastiques, qui se sont achevées à la mi-août à l’ONU, à Genève, n’ont pas tenu leurs promesses. Ces dix jours de discussions intenses entre les 184 Etats membres, avec prolongations jusqu’à l’aube du 15 août, n’auront pas suffi à résorber les multiples divergences entre la vaste coalition des pays dits ambitieux – qui souhaitent, entre autres, réduire la production de plastique et interdire certains additifs chimiques – et les quelques pays producteurs de pétrole, matière première de cette industrie. Résultat: aucune des deux versions de traité proposées par la présidence n’a convaincu. Le point avec Laurianne Trimoulla, responsable communication et projets pour la Fondation Gallifrey.

Pour elle, qui a suivi ces négociations de près en tant qu’observatrice, aux côtés de Greenpeace et de nombreuses autres ONG, il ne s’agit toutefois pas d’un échec. Car les défenseurs de l’environnement préfèrent qu’il n’y ait pas de traité du tout, plutôt qu’un mauvais traité figé pour des décennies. «Les deux versions du texte qui ont été soumises étaient en vérité scandaleuses, et même pires que celui issu des négociations à Busan, en Corée du Sud, en fin d’année dernière», déplore Laurianne Trimoulla.

Texte fortement édulcoré
En effet, les dispositions du projet de traité ont été fortement édulcorées à Genève, puisqu’il n’y était plus du tout question de la réduction de la production de plastique, ni de l’interdiction des additifs chimiques nocifs. «Même un article sur la santé, pourtant soutenu par 130 Etats, avait disparu du texte. Ce qui était extrêmement frustrant, c'est qu’on n’a fait aucune distinction entre les propositions appuyées par une majorité de délégations et celles défendues seulement par quelques pays.»

La spécialiste note qu’il y a tout de même eu des signaux encourageants lors de ces négociations: «A Genève, la coalition des 120 Etats ambitieux a resserré les rangs et vigoureusement refusé ces textes, sans céder à la menace du “c’est à prendre ou à laisser”. Il était aussi intéressant de voir la Chine, premier producteur mondial de plastique, commencer à légèrement changer de posture lors de la plénière de clôture, en reconnaissant que la question de cette pollution est beaucoup plus complexe qu’elle ne le pensait, si on considère le cycle de vie entier du plastique, de sa production à son élimination.»

Selon Laurianne Trimoulla, si la Chine elle-même montre un début de revirement, cela signifie que le rapport de force est en train de changer. «Malgré dix jours de négociations épuisantes, avec de longues journées et de courtes nuits, les pays ambitieux n'ont pas lâché de lest, même si les Etats pétroliers ont usé de toutes les tactiques possibles pour faire traîner les débats et gagner du temps.» 

Changer les règles du jeu
Alors, que va-t-il se passer maintenant? «Les négociations vont se poursuivre, mais il reste à déterminer où, quand, comment, dans quel cadre et, surtout, qui va financer le processus. Il y a plusieurs scénarios possibles. Cela peut prendre la forme d’un cycle supplémentaire de discussions sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Ou alors, comme l’a suggéré la Suisse, les négociations pourraient reprendre dans un autre cadre, par exemple celui de la Convention de Bâle sur les transferts transfrontaliers de déchets.» Troisième possibilité: que les Etats ambitieux se retirent du processus et élaborent un traité de leur côté, comme cela s’est fait avec la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel. «Après tout, les Nations Unies n'ont pas le monopole des traités multilatéraux. Il pourrait y avoir une clause limitant les échanges commerciaux avec les pays non signataires. Si 120 Etats leur restreignent l’accès à leur marché, les pays producteurs de pétrole devront revoir leur position.»

Un autre signal encourageant a été donné à Genève, puisque la question du mode de décision a enfin été clairement mise sur le tapis. Jusque-là, c’est le principe du consensus qui s’appliquait. Autrement dit, il suffit qu’un seul pays rejette le traité pour tout faire capoter. Mais de plus en plus de voix réclament un vote majoritaire. «Le consensus ne mène nulle part, et c’est la chose la plus antidémocratique qui soit, puisqu’une minorité peut tout bloquer, dénonce Laurianne Trimoulla. Donc, il faut bien trouver une solution pour casser ce cercle vicieux. Aux Nations Unies, la règle en vigueur fixe la majorité aux deux tiers des voix. Avec 120 pays ambitieux, sur un total de 184 Etats inscrits, on atteint presque cette majorité.»

Museler les lobbyistes de la pétrochimie
Pour les partisans de mesures fortes contre la pollution plastique, il y a encore un point qu’il faudrait changer dans la manière de mener les futures négociations, c’est le rôle joué par les lobbyistes de l’industrie pétrochimique. «A Genève, il y en avait 234, soit davantage que la délégation de l'Union européenne et de tous ses Etats membres. Certains d’entre eux ont même infiltré des délégations nationales et pouvaient ainsi participer aux débats et avoir accès à des informations confidentielles.» Laurianne Trimoulla estime qu’on devrait leur interdire de siéger dans les délégations: «On n’invite pas des marchands d’armes à des négociations de paix, ou des industriels du tabac à un sommet sur la santé. Nous avons alerté le PNUE à plusieurs reprises sur ces conflits d'intérêts majeurs, mais visiblement, ils n'en ont cure.»

Quant aux lobbyistes présents en tant qu’observateurs, pour elle, on devrait au minimum les obliger à afficher clairement la couleur en portant un badge spécifique. «Il y a des enjeux économiques colossaux là-derrière et ces gens ont une capacité financière phénoménale. C'est David contre Goliath. Mais tant qu'il n'y a pas de mauvais texte adopté, ils n'ont pas gagné et la partie est toujours ouverte.» 

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