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«On ne joue pas avec la dignité des travailleurs!»

action chantiers dignes Genève
© Olivier Vogelsang

Depuis janvier 2025, Unia Genève est intervenu à quinze reprises sur des chantiers qui ne respectent pas la dignité des travailleurs.

Dans le cadre de la campagne pour des chantiers dignes, Unia Genève a convoqué la presse devant un chantier problématique sur lequel il a dû intervenir plusieurs fois.

Depuis le début de l’année, Unia Genève a dû intervenir à 15 reprises pour exiger le respect de la dignité des travailleurs sur le chantier visité. Ce 3 juillet, dans le cadre de la campagne romande pour des chantiers dignes, le syndicat a convié les médias afin de faire un premier bilan de ses actions. «Quand la dignité n’est pas respectée sur un lieu de travail, nous laissons 24 heures au maître d’ouvrage, à l’entreprise générale ou à l’architecte pour régler le problème, explique José Sebastiao, responsable du secteur principal de la construction à Unia Genève. Si, passé ce délai,  ce n’est pas fait les choses se corsent: on vient et on bloque le site! On ne joue pas avec la dignité des travailleurs!»
Chantiers insalubres, conditions de travail exécrables: le syndicat constate que ces dérives se multiplient au bout du lac. «Dès qu’on relâche la pression, certains maîtres d’ouvrage laissent la situation gravement se détériorer», indique Unia.

Les WC mais pas que
De quoi parle-t-on exactement? «Il y a évidemment la question des toilettes insalubres, qui sont une atteinte directe à la dignité des travailleurs, souligne Joan Gesti Franquesa, secrétaire syndical. Les toilettes chimiques, qui pullulent sur les chantiers, ne doivent être tolérées seulement là où il est impossible de faire autrement. Souvent, il serait possible de raccorder les WC au réseau de la ville, mais ce n’est pas fait.» De même, les chantiers déjà avancés où des sanitaires ont déjà été installés devraient être accessibles aux ouvriers qui y travaillent, mais ce n’est souvent pas le cas. 
«La saturation des bases de vie est aussi un autre problème, reprend le syndicaliste. Il y a souvent trop de monde, et la consigne d’un mètre par travailleur dans le réfectoire et le vestiaire n’est pas respectée. De même, beaucoup trop souvent, les ouvriers se changent, mangent et stockent leur matériel dans la même pièce, alors que les trois espaces doivent être distincts.» On peut citer par ailleurs les combats d’Unia en faveur de l’intimité des travailleuses femmes sur les chantiers: certes elles sont minoritaires, mais le syndicat s’est battu pour qu’elles obtiennent des espaces propres (WC, vestiaire) fermés à clé. 
«Le port de charges lourdes est aussi un thème récurrent, reprend Joan Gesti Franquesa. Soit il n’y a pas de monte-charges, et les employés doivent transporter le matériel sur leur dos, soit il y en a mais ils n’ont pas la formation.» Autre point crucial: le nettoyage et le rangement des chantiers. «Oui, ce sont des chantiers, mais pas des dépotoirs», s’indigne José Sebastiao, qui évoque plusieurs sites dans le second œuvre avec des couches de poussière rendant l’air irrespirable. «C’est une question qui relève du domaine juridique mais aussi de la dignité des travailleurs.»
Enfin, il y a la question des caméras installées sur les lieux de travail. «C’est inacceptable d’avoir des caméras de surveillance braquées sur les ouvriers toute la journée, et c’est une problématique qu’on doit combattre activement», insiste Nasuf Nuhiu, secrétaire syndical.

Quatre réclamations
Pour cette conférence de presse, Unia a donné rendez-vous aux médias à Vernier, sur un chantier qui lui pose problème depuis plusieurs mois. Au début de la construction de ces trois tours de logements, il y a eu une question de fosse. «Les gars travaillaient dans 10 cm d’eau, se rappelle José Sebastiao. Nous sommes intervenus et ils ont installé une pompe.» Même situation ensuite avec la base de vie, où les travailleurs mangeaient… les pieds dans l’eau. «Encore une fois, on a dû agir et dénoncer pour qu’ils changent les baraques.» Troisième grief, les points d’eau. «Il y avait seulement deux points d’eau sur cet immense chantier, et en bas. Donc les travailleurs devaient descendre leurs seaux et les remonter à la main, sachant qu’il y a huit étages.» Là encore, Unia a tapé du poing sur la table et trois points d’eau ont été installés en bas de chaque tour. Mais la lutte s’est poursuivie.
«Je suis passé hier sur le chantier, en pleine canicule, et les travailleurs ont à disposition un pissoir et une seule cabine de toilettes chimiques pour tout le chantier, rapporte le responsable syndical. Vous n’imaginez même pas l’odeur, c’est à s’évanouir quand on rentre dedans. C’est inadmissible! Quant à l’eau, elle n’est pas adaptée pour être bue, c’est de la soupe vu que les tuyaux sont en plein soleil!» Unia informe qu’un courrier électronique sera envoyé le jour même à la Direction des Travaux pour demander l’acheminement d’eau fraîche y compris dans les étages, ainsi que des vraies toilettes. «Il s’agit de faire des économies de centimes sur le dos des travailleurs et de leur dignité, conclut José Sebastiao. Ils font le minimum uniquement quand le syndicat leur tombe dessus. C’est inacceptable, et la prochaine fois, on ne viendra pas avec des scotchs, mais avec des chaînes pour bloquer le chantier. » 
 

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