Les frontaliers s’accrochent au télétravail
Une enquête menée par le Groupement transfrontalier européen révèle que près de 95% des frontaliers souhaiteraient poursuivre le télétravail au-delà de la crise sanitaire. Explications
Auparavant marginal, le télétravail chez les frontaliers a explosé à partir de mars 2020, confinement français et semi-confinement suisse obligent. La situation sanitaire, inédite, a poussé les deux pays à conclure un accord exceptionnel gelant les règles normalement en vigueur, à savoir, en matière de sécurité sociale, l’impossibilité de dépasser un taux global de 25% du temps d'activité si le frontalier souhaite conserver une affiliation au système suisse. De même, hors crise Covid-19, en termes de fiscalité, toute activité exercée en télétravail en France est imposable dans cet Etat. Cet accord a été renouvelé tout au long de la crise, mais se terminera à fin juin, pour un retour à une activité dite normale.
Toutefois, l’intérêt de maintenir ce télétravail est vif. Le Groupement transfrontalier européen (GTE) a été sollicité à l’automne dernier par le député rapporteur de l’Assemblée nationale pour une audition, dans le cadre de la résolution européenne visant l’augmentation du temps de télétravail des travailleurs frontaliers franco-suisses. C’est pourquoi, il a pris l’initiative de lancer une enquête afin de sonder ces derniers.
Une révélation
Les résultats sont significatifs: les frontaliers en télétravail se sont beaucoup attachés à ce nouveau mode de faire et veulent qu’il perdure. L’enquête montre que 94,9% des 2400 personnes interrogées souhaitent continuer le télétravail après la crise sanitaire. «Pour tous ceux qui l’ont pratiqué durant cette crise, la tendance est claire: un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, moins de trajet, respect de l’environnement, travail plus efficace et productif...» souligne le GTE dans son dossier de presse.
Pour être plus précis, plus de la moitié des répondants ont entre 40 et 54 ans, et 31% ont entre 25 et 39 ans; les emplois occupés sont liés à des professions intermédiaires ou à des postes de cadre, principalement dans la banque, le digital, le droit et le marketing.
Pour 80% des travailleurs sondés, le temps de trajet aller moyen se situe entre 30 minutes et 1h30, et 12% met plus de 1h30 pour se rendre sur son lieu de travail. Avant 2020, le temps de trajet moyen quotidien du frontalier était de 2h04. A noter que la grande majorité des personnes ayant répondu à l’enquête vit en Haute-Savoie et travaille dans le canton de Genève (76%).
La majorité d’entre eux a découvert le télétravail avec la crise sanitaire. Ils sont 93% à être satisfaits ou très satisfaits par l'organisation à distance. Les 89% estiment qu'il est bénéfique pour l'entreprise et dans les relations entre collègues et 80% pensent que les réunions sont plus efficaces en télétravail.
Les 88% des interrogés témoignent ne pas avoir connu de difficultés dans la mise en place de cette nouvelle organisation; 90% affirment posséder un bon équipement et un bon espace pour télétravailler; par contre, seuls 56% ont reçu un équipement ou une aide financière de la part de leur entreprise. D’autre part, pour 90% des frontaliers interrogés, la séparation entre vie privée et vie professionnelle n'a pas été un problème.
Pied d’égalité
Face à cet enthousiasme des frontaliers, le Groupement aimerait qu’ils puissent continuer à télétravailler, au même titre que les résidents suisses. «Cela nécessite que les institutions se concertent afin de définir, au besoin, un statut du frontalier appliqué à la problématique du télétravail, soumet le GTE. Ni les entreprises suisses, ni les travailleurs, ne doivent subir les conséquences d’une asymétrie de législations. Notre association se tient prête à participer aux discussions et aux actions visant à trouver une solution pérenne pour le télétravail des frontaliers.»