CONSTRUCTION Les négociations pour une nouvelle convention nationale sont au point mort. Une grève des maçons se profile à l’horizon.
Le 15 septembre, la troisième ronde de négociations pour une nouvelle Convention nationale (CN) s’est soldée par un statu quo. Si la Société suisse des entrepreneurs (SSE) parle de «recherche constructive de solutions», Unia et Syna, dans un communiqué commun, accusent la faîtière patronale de continuer de privilégier la voie de la flexibilisation à outrance au mépris de la vie de famille. «Aucune solution n’est en vue. La SSE veut au contraire les faire travailler plus pour les faire gagner moins. Ce faisant, elle aggrave encore davantage la pénurie de main-d’œuvre.»
Les travailleurs ont pourtant des revendications claires, notamment: le paiement intégral des temps de déplacement jusqu’au chantier, une pause du matin payée, des journées de travail plus courtes, une augmentation des salaires et la compensation automatique du renchérissement.
La SSE veut, par contre, toujours plus de flexibilité, davantage d’heures supplémentaires – jusqu’à 50 heures de travail par semaine –, au point que le samedi deviendrait un jour ouvrable comme un autre. Il serait ainsi possible de cumuler jusqu’à 250 heures supplémentaires – soit plus du double qu’aujourd’hui – et jusqu’à un solde négatif de 150 heures selon les desiderata des employeurs. «En plus, la SSE veut réduire les délais de congé pour les travailleurs âgés afin de pouvoir les mettre à la rue plus rapidement», dénoncent les syndicats.
«La SSE communique de manière mensongère. Je suis choqué que ses dirigeants osent dire être proches d’une solution, alors qu’ils proposent une CN dans laquelle ils coupent à la tronçonneuse. On en arrive à 20 pages au lieu de 50. Les travailleurs n'accepteront jamais des journées plus longues pour moins de salaire, alors que la branche connaît une pénurie de main-d’œuvre et un manque d’attractivité sans précédents. De notre côté, nous voulons des solutions à ces problèmes, et cela ne passe pas par une CN au rabais», s’indigne Simon Constantin, membre de la direction du secteur construction d’Unia.
Les syndicats alertent: «Sans accord avant la fin de l’année, la construction risque, pour la première fois depuis plus de dix ans, une situation de vide conventionnel.» Un vote de grève est en cours sur les chantiers et plusieurs assemblées sont prévues dans divers cantons ces prochaines semaines. Deux nouvelles rondes de négociations sont agendées le 14 et le 28 octobre. Dernières chances pour le patronat d’éviter un débrayage national.