Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

L’élue aux multiples casquettes

Une femme pose
©Olivier Vogelsang

Patricia Constantin estime qu’il faut «renouer avec un esprit de solidarité qui caractérisait la vie des générations précédentes et qui s’est passablement perdu ces dernières années».

Avec Patricia Constantin, responsable RH, finance et administration à Unia Valais

Les casquettes posées sur la tête de Patricia Constantin sont suffisamment nombreuses pour tomber de leur hauteur en croisant le cadre d’une porte. Un focus sur la dernière de la pile nous renvoie au cœur d’une actualité politique plutôt retentissante dans le canton du Valais. L’élue socialiste a en effet accédé, le 14 avril dernier, au siège de la présidence du Grand Conseil. Son élection? «Très satisfaisante, commente l’intéressée, sourire en coin, dans la petite salle de réunion d’Unia à Sion où elle nous accueille. Des 130 votants, 123 ont dit oui à mon accession.» Voilà qui fait d’elle la troisième femme de suite à atteindre ce haut poste de la Chambre législative. Et qu’on se le dise, cela est tout sauf un fait anecdotique si on considère que, depuis 1388, seules huit figures de la gent féminine ont connu ce privilège. Une année durant donc, Patricia Constantin sera accaparée par la gestion des six séances parlementaires prévues à l’agenda. Les sujets de débat ne manqueront pas et ils seront consistants: une loi sur la vidéo-surveillance se profile à l’horizon; il faudra discuter également de la promotion économique, du budget et de questions urgentes, comme les importants dégâts aux forêts de protection qu’ont provoqué les récentes intempéries neigeuses dans le canton. A cela et à d’autres dossiers encore s’ajoutent les nombreuses obligations de représentations, qui la mèneront vers toutes sortes de manifestations publiques, un discours prêt sous la main. 

Le patronat, puis le syndicat
L’empreinte qu’elle entend laisser durant son «règne» est claire: «J’aimerais que tous les échanges se déroulent dans le respect et la bienveillance, ce qui est souvent le cas, cela dit. Il faudra aussi renouer avec cet esprit de solidarité qui caractérisait la vie des générations précédentes et qui s’est passablement perdu ces dernières années.» L’arrivée à la plus haute estrade du Grand Conseil, Chambre où elle siège par ailleurs en tant que députée depuis plus de dix ans, est vécue avec fierté, comme l’aboutissement d’un long cheminement. Car Patricia Constantin est entrée en politique il y a plus de deux décennies. Elle y a débuté à une échelle réduite, tout d’abord, en se portant candidate au Conseil général d’Ayent. Elle y a échoué pour trois voix seulement, mais elle a atteint le but à la deuxième tentative. Elle passera alors douze ans dans le Législatif du village. Puis, en 2012, il y a eu un bond de taille lorsqu’elle a franchi le seuil du Grand Conseil en tant que députée suppléante. Avant le terme de la législature, elle a fini par être titularisée à la suite du départ à l’étranger d’un élu. Depuis, elle a enchaîné trois législatures, confortablement réélue à chaque échéance.
Voilà pour l’imposante casquette politique. Les autres, sont toutes estampillées Unia. Dans les bureaux où elle évolue depuis bientôt vingt ans – l’anniversaire sera fêté en avril 2026 –, elle nous raconte cette autre histoire de sa vie, qui a permis d’affirmer et de consolider son sens de l’engament. Responsable RH, mais aussi figure référente pour ce qui tient des finances et de l’administration de la maison, Patricia Constantin touche presque à tout et elle chapeaute trente collaboratrices et collaborateurs. Son arrivée dans le syndicat relève presque de l’anomalie. «Auparavant, j’ai été en effet secrétaire patronale au Bureau des métiers. Je me suis occupée tout particulièrement des associations des ferblantiers et des installateurs électriciens.» A ses yeux, ce passé sur le rivage opposé au syndicalisme constitue aujourd’hui un atout majeur: «Je connais très bien les deux côtés du monde professionnel, cela me permet d’entretenir d’excellentes relations avec tous mes interlocuteurs. J’estime du coup que le partenariat social marche plutôt bien en Valais. Lorsqu’on se met à table pour discuter, nous obtenons de bons résultats.»

Evolutions importantes
Le cumul des responsabilités et des tâches n’effraie pas l’élue. Sur le front politique, il faudra certes maîtriser, une année durant, des dossiers tout à fait disparates, «mais je ne serai plus absorbée par le travail des commissions, où je siégeais jusqu’ici». Sur le versant syndical, Patricia Constantin reconnaît que les évolutions ont été importantes depuis ses débuts, il y a vingt ans. «Le nombre des affiliés n’a cessé d’augmenter en Valais, ce qui est très réjouissant. Mais cela va de pair avec la hausse des demandes de leur part, des sollicitations et des problèmes à résoudre. Dès lors, mon rôle est aussi celui de préserver les conditions de travail de mes collaborateurs, de rester vigilante sur le bien-être de tout le monde.» Les saisons de syndicalisme se sont succédé, tout un monde a changé au fil du temps. Ce qui est resté intact auprès de ce personnage à l’énergie contagieuse, dont on souligne souvent le franc-parler, c’est l’attachement à certains idéaux. «Je continue à ne pas supporter les petites et grandes injustices du quotidien, les tracasseries de toutes sortes qui provoquent des torts aux simples citoyens.»

Une vidéo de Olivier Vogelsang

Pour aller plus loin

«Notre grande fierté, notre grande richesse, ce sont nos militants»

Trois militants du SEV devant le bus-exposition à Lausanne en juin 2019

Le SEV fête cette année son 100e anniversaire. Un bus-exposition relate le parcours du Syndicat du personnel des transports, créé un an après la grève générale de 1918

L’USS exige 2% de hausse générale des salaires, et plus pour les femmes!

Grève des femmes du 14 juin à Neuchâtel. Pancarte réclamant l'égalité salariale.

Pour relancer la consommation, les syndicats suisses préconisent une hausse des salaires, et un rattrapage du retard salarial dont sont victimes les femmes. Aperçu des revendications par branche

1600 personnes exigent la réintégration du délégué horloger licencié

Noé Pelet, Mickaël Béday et Camille Golay se sont rendus auprès de la direction de Dubois Dépraz

Mercredi dernier, la pétition signée durant l’été en faveur de Mickaël Béday, congédié pour ses activités syndicales, a été remise à la direction de l’entreprise Dubois Dépraz à la vallée de Joux

Comment façonner le droit du travail à l’ère de la numérisation?

Lors de la journée de formation organisée par Movendo sur le thème du centenaire de l’OIT, un atelier animé par l’avocate Anne Meier a posé les enjeux du travail et du partenariat social 4.0