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La loi du profit

Du 12 au 15 juin se tenait la 12e Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève. Un rendez-vous traditionnellement accompagné de manifestations de la société civile pour protester contre l’ultralibéralisme dicté par l’OMC et ses ravages dans le monde entier. Cette édition n’y aura pas échappé: la veille de l’ouverture de la conférence, quelque 600 personnes se sont réunies l’après-midi à l’occasion d’une grande manifestation au bout du lac, à l’appel notamment de certains partis de gauche, de syndicats, d’organisations paysannes et altermondialistes.

Deux ans après le début de la pandémie qui a fait 15 millions de morts dans le monde, les griefs contre l’OMC sont nombreux. Il est capital de rappeler que de nombreux pays du Sud n’ont toujours pas accès aux vaccins, aux tests et aux traitements contre le Covid-19, car l’OMC refuse, depuis 2020, de renoncer temporairement à un accord majeur sur la propriété intellectuelle, connu sous le nom d'ADPIC, dans le but d'étendre la production de vaccins. Ces derniers, fabriqués grâce à l’argent public des pays riches, ont engraissé les grandes entreprises pharmaceutiques, qui prennent maintenant en otage des millions de personnes en soutenant mordicus la protection des brevets. Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA, a récemment déclaré: «Dans une pandémie, le partage de la technologie est une question de vie ou de mort, et nous choisissons la mort. Les pays riches ont l'occasion de faire ce qu'il faut.» La santé n’est pas une marchandise, la lutte contre les pandémies doit se faire à l’échelle planétaire, main dans la main, et surtout pas dans une logique de maximisation des profits, sans quoi nous courrons à notre perte. Les manifestants ont demandé à l’OMC de mettre fin à cet «apartheid médical».

Autre sujet qui cristallise la colère des paysans: la sécurité et la souveraineté alimentaires. Pour Uniterre, La Via Campesina, ATTAC ou encore le CETIM, parmi tant d’autres, le libre-échange n’est pas à même de les garantir. Depuis 1995, l’OMC a contraint les pays à donner la priorité aux cultures d’exportation et à dépendre des importations pour nourrir leur population, avec pour conséquences l’accaparement des ressources naturelles par les transnationales et l’aggravation du réchauffement climatique. Il est urgent de changer de paradigme en renforçant les marchés locaux ainsi qu’un approvisionnement indigène. Mais pour ce faire, il faut augmenter les droits douaniers pour les importations agricoles, ce que le Conseil fédéral se refuse à faire. Les produits venus d’ailleurs entrent donc directement en concurrence avec les indigènes, détruisant des millions d’exploitations agricoles à travers le monde. Voilà pourquoi ces organisations ont demandé à l’OMC d’abroger l’Accord sur l'agriculture et de sortir des marchés agricoles. Pour qu’on arrive à une agriculture durable, locale qui produise une nourriture saine et suffisante pour toute la population.