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Hôtellerie-restauration: régime sec

Sommelier au travail.
© Olivier Vogelsang

Perspectives moroses dans le secteur de l’hôtellerie-restauration où, malgré un large recours aux réductions d’horaire de travail, le chômage a doublé.

Les salaires minimums dans l’hôtellerie-restauration resteront gelés cette année et la suivante. Le point avec le responsable de branche d’Unia

Pas d’augmentation des salaires minimums dans l’hôtellerie-restauration en 2020 et en 2021. Les partenaires sociaux, soit les syndicats, Unia, Syna et Hotel & Gastro Union, et les associations patronales GastroSuisse, HotellerieSuisse et Swiss Catering Association SCA ont annoncé un gel des revenus dans le secteur, frappé de plein fouet par la pandémie de coronavirus. La crise sanitaire a ainsi achevé de couper l’herbe sous le pied des représentants des travailleurs qui réclamaient des rémunérations à la hausse. La bataille avait été entamée l’an passé, dans le cadre du renouvellement de la Convention collective nationale de travail (CCNT) et de son extension de force obligatoire, arrivant à échéance fin décembre prochain. Sans succès. «La conjoncture économique était alors pourtant favorable. Mais GastroSuisse a mis un terme aux pourparlers pour le renouvellement de la CCNT en mai 2019», explique Mauro Moretto, responsable de la branche à Unia. Et de préciser que GastroSuisse s’est particulièrement irrité du soutien syndical apporté aux salaires minimums cantonaux comme à Neuchâtel, à Bâle et à Genève où ils seront soumis au verdict des urnes en septembre. «L’association patronale nous a accusés de double jeu. Et a menacé de se retirer de la CCNT. En fait, nous nous sommes toujours battus pour l’évolution des revenus, dans les conventions ou par d’autres biais.» Un combat d’autant plus important que les salaires minimums en vigueur dans certains cantons sont plus élevés que ceux prévus par la CCNT notamment si l’on tient compte de la durée du travail hebdomadaire.

Pesée d’intérêt

Quoi qu’il en soit, les organisations des travailleurs n’ont pas pour autant renoncé à mener la lutte et ont saisi le Tribunal arbitral, en l’occurrence la Cour suprême du canton de Berne. Avant de faire marche arrière et de retirer leur recours qui aurait dû faire l’objet d’une décision ce 2 juillet. «Les pourparlers en vue du renouvellement de la Convention étaient bloqués. L’automne dernier, nous demandions au moins de prolonger l’extension de son champ d’application obligatoire d’une année. Dans l’intervalle est arrivée la pandémie avec ses conséquences particulièrement difficiles pour la branche. Il a fallu procéder à une pesée d’intérêt.» Les syndicats ont alors réclamé un allongement de la validité de la CCNT de deux ans et son application contraignante. Aujourd’hui, les partenaires sociaux s’apprêtent à solliciter le Conseil fédéral dans ce sens. Si Mauro Moretto regrette l’échec des négociations salariales, il temporise: «Selon les pronostics, cette année et l’an prochain, il ne devrait pas y avoir de renchérissement du coût de la vie. Une augmentation des salaires minimums de 0,2% est prévue en 2022. Mais dans le cadre actuel, plus que jamais, il est primordial de sécuriser la CCNT.» Le syndicaliste note aussi qu’en dépit d’un large recours aux RHT (réductions d’horaire de travail), le chômage a doublé dans le secteur. «Avant la possibilité de réouverture de l’ensemble des établissements le 11 mai, jusqu’à 70% des effectifs étaient soumis à ce régime. On assiste également à quantité de licenciements. L’avenir est encore sombre», conclut le syndicaliste, estimant que, avant le Covid-19, le nombre de personnes travaillant dans le domaine était de 250000.

La semaine dernière, les délégués de branche de l’hôtellerie-restauration d’Unia réunis en assemblée ont validé le résultat des négociations.

Grille des salaires minimums s’appliquant jusqu’en 2021

  • Employés sans apprentissage          

3470 fr.

  • Employés sans apprentissage mais au bénéfice d’une formation Progresso

3675 fr.

  • Employés disposant d’une attestation fédérale ou équivalent

3785 fr.

  • Employés au bénéfice d’un CFC et ayant suivi une formation continue

4295 fr.

  • Collaborateurs avec examen professionnel fédéral

4910 fr.

  • Stagiaires

2212 fr.

Protection des emplois et de la santé du personnel

Lors de la Conférence de branche d’Unia de l’hôtellerie-restauration, le 6 juillet dernier, les délégués ont adopté une résolution portant sur la sécurité du personnel du domaine. Evoquant les craintes des salariés en ce qui concerne la préservation de leur emploi et de leur santé en raison de la persistance du coronavirus, les participants ont estimé que leur protection figurait en tête des priorités. Dans ce contexte, ils ont demandé aux partenaires sociaux et au monde politique d’adopter des mesures coordonnées dans ce sens. Concrètement, sur le front de l’emploi, l’assemblée souhaite que la Confédération prolonge le chômage technique à 24 mois et garantisse aux personnes gagnant moins de 5000 francs brut l’intégralité du salaire. Elle invite par ailleurs les employeurs à recourir à cet instrument et à ne prononcer aucun licenciement. Les délégués réclament également une prime de risque pour les collaborateurs qui ont continué à travailler durant la période de semi-confinement. Ils estiment en outre que le moment est venu pour lancer une offensive en faveur de la formation. Les associations patronales sont appelées par ailleurs à négocier avec les syndicats en vue d’une nouvelle Convention collective nationale de la branche (CCNT) intégrant une augmentation des salaires minimums, en particulier pour les collaborateurs expérimentés. La Conférence de branche s’est encore prononcée en faveur d’un programme public d’investissement dans le secteur touristique aux effets durables pour adoucir les conséquences de la crise et favoriser son développement. Enfin, pour relancer le tourisme local, elle suggère que le gouvernement accorde à tous les salariés trois jours de congé supplémentaires.

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