Genève au temps de la pandémie

Genève confinée, désertée, apeurée... Dès le début du confinement, Demir Sönmez a sillonné les rues, immortalisant Genève métamorphosée en ville morte. Ce photojournaliste d’origine arméno-kurde est bien connu au bout du lac, on le croise dans toutes les manifs, son gros appareil en bandoulière et un éternel sourire aux lèvres. Il a publié l’été dernier Genève confinée. Témoignage sur une période historique (Editions Slatkine), écrit avec le journaliste Christian Vellas. Son exposition en plein air, «Genève confinée, la lutte continue et tout ira très bien», revient sur ce moment. En déambulant le long de la trentaine de grands panneaux posés sur le quai Wilson, on y voit, après le premier confinement, Genève ressuscitant, lorsque les salariés, qui font finalement vivre la cité, reprennent le chemin du travail. Des employés des TPG distribuent des masques et désinfectent minutieusement les véhicules, tandis qu’à l’entrée d’un restaurant, une serveuse coiffée d’une visière attend les clients en souriant. Les commerces non essentiels sont de nouveau ouverts, on peut enfin se rendre chez le coiffeur ou au bar à ongles. Mais des travailleurs précaires se sont retrouvés dans la misère, ils sont obligés de patienter durant des heures pour récupérer un sac de commissions à la patinoire des Vernets. En 2020 toujours, le 1^er Mai, les syndicats déploient une grande banderole sur le pont du Mont-Blanc: «Face au coronavirus, protégeons les travailleurs et les travailleuses, nos salaires et notre santé valent plus que leur profit!» Et les employés de la fonction publique manifestent parce que le Conseil d’Etat entend opérer une coupe linéaire de 1% des rémunérations. «Applaudis pendant le confinement, remerciés par une baisse de salaire», dit une pancarte. L’accrochage restitue de multiples facettes de cette période et offre, entre les Bains des Pâquis et la Perle du Lac, un bon but de promenade.