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2020: une année de luttes et de débats pour Unia

Grève pour le climat à Lausanne.
© Thierry Porchet

Les délégués ont entre autres avalisé le lancement de l’initiative pour une 13e rente AVS et adopté une résolution de soutien à la grève du climat du 15 mai.

L’assemblée des délégués de décembre a fait le point sur les thématiques à l’ordre du jour de la nouvelle année: salaires, retraites, climat, libre circulation et 4e Congrès du syndicat

Réunie le 7 décembre dernier, l’Assemblée nationale des délégués d’Unia a planté les jalons de l’année 2020, qui culminera avec le 4e Congrès ordinaire du syndicat. Vania Alleva a d’abord effectué un bref bilan d’une année 2019 combattive, avec la grève des femmes du 14 juin ayant rassemblé quelque 500000 personnes et la grande manifestation sur le climat en septembre. «Cette mobilisation pour un changement du système capitaliste ayant enfanté la crise climatique nous donne du souffle pour nous battre pour un autre monde», a souligné la présidente d’Unia, relatant les enjeux à venir, comme la numérisation et les assauts de la droite contre les droits des travailleurs, qu’elle espère moins virulente au vu de la recomposition du Parlement.

Retraites et 13e rente AVS

Après un tour d’horizon de la campagne salariale, qui se poursuivra et s’élargira en 2020, avec notamment une manifestation nationale en préparation pour septembre, les délégués ont avalisé le lancement de l’initiative pour une 13e rente AVS, déjà approuvée par l’Union syndicale suisse (USS). Une rente supplémentaire nécessaire, a plaidé Aldo Ferrari, membre du comité directeur, vu les inégalités croissantes au moment de la retraite et l’explosion des demandes de prestations complémentaires. L’initiative devrait être lancée le 8 mars prochain. Dans la salle, le renforcement de l’AVS, pilier central et acquis du mouvement ouvrier, est salué. Néanmoins, pour Jocelyne Haller d’Unia Genève, le refus de l’USS d’étendre cette 13e rente aux survivants, aux bénéficiaires de rentes complémentaires et aux personnes à l’AI «entache une proposition généreuse, alors qu’il s’agit de la même loi». Une autre militante genevoise, Danielle Parmentier, a demandé des garanties pour que les milliers de signatures recueillies sur cette initiative «ne soient pas utilisées dans le méchant jeu parlementaire pour aboutir à un projet ficelé», a-t-elle déclaré, évoquant celui de PV2020. Et la militante de fustiger également l’accord sur le 2e pilier passé entre les partenaires sociaux «sans mandat et sans la moindre discussion dans les syndicats! A peine cet accord annoncé, Berset présentait son projet AVS 21 comprenant la hausse de l’âge de la retraite des femmes, et cela quinze jours après la grève du 14 juin. C’est insultant!» Concernant l’accord sur le 2e pilier, Aldo Ferrari a informé qu’après l’échec en votation de la réforme de la prévoyance, «le Conseil fédéral nous a demandé, aux partenaires sociaux, de présenter une solution face aux difficultés de la LPP, ce que nous avons fait».

Non à l’initiative de résiliation

Autre sujet majeur de 2020, la campagne contre l’initiative de l’UDC «pour une immigration modérée» qui devrait être soumise au vote le 17 mai et aboutirait, en cas d’acceptation, à la résiliation de l’accord de libre circulation. «Face aux arguments de l’UDC contre les migrants, nous mettrons au cœur de notre campagne les droits des travailleurs. Elle se basera sur la solidarité au lieu de la concurrence, sur une libre circulation avec des mesures d’accompagnement impliquant les mêmes droits et les mêmes protections pour toutes et tous», a résumé Vania Alleva, ajoutant qu’un retour aux contingents ne ferait qu’affaiblir les droits des salariés. «Notre campagne est fondamentale, a-t-elle poursuivi. Nous ne voulons pas seulement gagner contre cette initiative, mais juste après, le débat continuera sur l’accord-cadre avec l’Union européenne (UE) où, là aussi, nous nous positionnerons sur les droits des travailleurs.»

Les délégués genevois ont regretté que cette campagne n’ait pas été complétée, comme cela a été fait dans leur canton en 2014, par une initiative syndicale visant à protéger les salaires et non les frontières. Ils proposent par exemple une initiative pour la protection des délégués syndicaux, nombreux à avoir été licenciés ou menacés de licenciement ces derniers temps. «Sans la protection de nos délégués, nous ne sommes que des leurres.» Autre réclamation: celle de Mickaël Béday de la vallée de Joux qui, face à la dégradation des conditions de travail et à la baisse des salaires malgré les richesses produites, aurait souhaité qu’un Non à l’accord-cadre soit couplé au Non d’Unia à l’initiative de l’UDC. «L’USS est en train de négocier l’accord-cadre sans aucun mandat, alors qu’il n’y a aucun point à améliorer. Cet accord-cadre sera un tsunami social», a lancé le militant. Une déléguée du groupe migration a, pour sa part, dénoncé l’accord honteux passé entre l’UE et la Turquie pour empêcher les migrants d’arriver en Europe, et proposé d’intégrer à la campagne un «Non aux inégalités».

Outre le mot d’ordre contre l’initiative de l’UDC, les délégués se sont prononcés sur les objets en votation le 9 février. Ce sera Oui à l’initiative «Davantage de logements abordables» et Oui à la modification du Code pénal visant à réprimer la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Une résolution de soutien aux personnes LGBTIQ* a été adoptée en lien avec cette votation.

Vers la grève du climat

«Que faisons-nous contre le scandale de l’urgence climatique? Pourquoi n’utilise-t-on pas des ciments produisant un tiers de moins de CO2? Depuis des mois, les jeunes se mobilisent. Ils ont un grand mérite. Nous, notre tâche, c’est que la transformation écologique se réalise de manière sociale», a lancé Nico Lutz, du comité directeur, en introduisant le débat sur une résolution de soutien à la grève du climat du 15 mai. Deux jeunes représentants du mouvement ont rappelé ses trois revendications centrales: déclaration par le gouvernement de l’urgence climatique; réduction immédiate et drastique des émissions de CO2 pour un bilan carbone neutre d’ici à 2030; justice climatique, c’est-à-dire une transition socialement juste, sur le principe du pollueur-payeur. «Il faut arrêter cette danse macabre et créer une économie respectueuse. Sans justice climatique, pas de justice sociale, et vice-versa», ont-ils déclaré sous des applaudissements nourris. Implication quotidienne sur les places de travail, combat contre le capitalisme propriétaire des moyens de production à l’origine de la crise du climat, pour une vraie grève générale et climatique: les arguments des délégués en faveur de l’engagement d’Unia pour la grève du 15 mai ont fleuri. C’est avec enthousiasme qu’ils ont approuvé la résolution appelant non seulement à soutenir le mouvement mais aussi à y participer, sur son poste de travail et lors des mobilisations publiques, tout en faisant preuve de responsabilité sur la question de la grève.

4e Congrès d’Unia

Le Congrès 2020 d’Unia se tiendra du 12 au 14 novembre à Bienne. L’assemblée des délégués a passé en revue les objectifs fixés par le précédent plénum et lancé les préparatifs de ce 4e Congrès ordinaire depuis la fondation d’Unia fin 2004. Des textes d’orientation et la stratégie de l’organisation sont en cours d’élaboration par un groupe de rédaction auquel participent des militants. Les documents seront mis en consultation auprès des sections et des régions au printemps prochain.

En parallèle, un débat plus large sera mené, de manière séparée, dans le cadre d’Unia Forte et de sa journée prévue le 14 mars. Il s’agit d’une discussion autour du projet «Unia 2.0» qui devrait permettre de se questionner sur les quinze premières années du syndicat pour mieux se projeter et se développer. «C’est un débat nécessaire sur l’état de nos travaux, l’état du monde, de notre planète. Un bilan et une analyse sur le monde du travail, la place occupée par Unia et les perspectives d’avenir», a indiqué Vania Alleva. De cette discussion sortira une motion pour le congrès sur la mise en œuvre d’«Unia 2.0».

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