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Vers une CCT dans le commerce de détail neuchâtelois

En assemblée, le personnel demande une convention cantonale avec des améliorations des salaires et des conditions de travail

Les employés du commerce de détail neuchâtelois veulent la mise en place d'une convention collective cantonale garantissant des améliorations en matière de salaires et de conditions de travail. Réunis en assemblée la semaine dernière, ils ont adopté les propositions faites par les négociateurs.

Relayant la volonté majoritaire du personnel, Unia réclame depuis plusieurs années l'introduction d'une convention collective de travail cantonale dans le commerce de détail neuchâtelois. Cette volonté est en passe de se concrétiser. «Si tout va bien, nous devrions aboutir dans le courant de l'année prochaine», prévoit Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia Neuchâtel. Les négociations en cours entre le syndicat Unia et l'association patronale «enseigNE» viennent en tout cas de déboucher sur des propositions provisoires communes. Ces dernières ont fait l'objet d'un débat lors de deux assemblées du personnel de la vente de détail tenues parallèlement à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds, lundi 2 novembre dernier.

13e salaire généralisé
Ce projet de CCT sert avant tout à combler un vide. En effet, à côté des employés de Coop, Migros et de quelques grandes enseignes qui bénéficient déjà de conventions, les autres n'ont aucun avantage ni protection, sinon celle de la loi fédérale d'inspiration libérale et très minimaliste. Unia souhaite que la future convention collective soit obligatoire dans tout le canton, à l'exception des commerces dotés de CCT plus favorables au personnel, lesquelles continueront bien sûr à s'appliquer.
Pour l'essentiel, les propositions des négociateurs sont les suivantes: 42 heures de travail par semaine, plan de travail fixé 3 semaines à l'avance, 5 semaines de vacances, congé maternité de 14 semaines payées à 100% et assurance perte de gain prolongée à 720 jours. S'agissant des salaires minimaux des personnes au bénéfice d'un CFC, le montant est de 3650 francs la première année et il passe progressivement à 4050 francs en cinq ans. Le minimum pour les employés sans CFC est de 3350 francs en 2010 et va jusqu'à 3750 francs en 2014. A cela s'ajoute un 13e salaire plein et généralisé. «Ce n'est de loin pas assez, mais il faut vivre cela comme un début, comme un seuil pour aller plus loin», commente Catherine Laubscher. «Nous allons d'ailleurs nous battre pour que ces sommes soient indexées au coût de la vie.» Dans l'assemblée, un caissier fait écho à ce constat: «C'est vrai que ce n'est pas terrible, mais j'en connais qui gagnent encore bien moins et avec cette convention, on aura enfin une garantie écrite noir sur blanc qui contraindra les employeurs à la respecter.» Un avis que partage une collègue, vendeuse dans un magasin de confection: «Je sais que dans une négociation, on doit faire des compromis, c'est donnant-donnant et mieux vaut ça que de tout perdre.» La secrétaire syndicale Laura Porpora Emma abonde dans ce sens. «Si on ne fait rien, ce sera pire. Il s'agit avant tout de mettre fin aux conditions de travail les pires et aux salaires les plus scandaleux.» Scandaleux? «Nous connaissons le cas d'une vendeuse payée 2900 francs à plein temps», précise son homologue David Taillard.

Vote unanime
Les propositions principales portant sur les heures d'ouverture des magasins sont les suivantes: du lundi au vendredi de 6h à 19h (20h le jeudi), le samedi de 6h à 18h avec la garantie de deux samedis de congé par mois. Une ou deux ouvertures dominicales et deux ou quatre nocturnes sont négociables. «Cela paraît raisonnable, mais je crains qu'ensuite, on passe de 19h à 19h30, puis 20h et ainsi de suite» redoute une vendeuse. «Au contraire, cette convention permettra d'éviter une telle dérive: les employeurs devront obligatoirement la respecter», la rassure Laura Porpora Emma.
Un certain nombre d'employées de shops, (magasins autorisés par la loi à ouvrir 7 jours sur 7 et jusqu'à minuit) ont fait état des conditions de travail qu'elles vivent. «On ne peut pas prendre de vacances en fin d'année et si on n'est pas d'accord de venir travailler pendant les fêtes de Noël et Nouvel An, on me dit qu'il y a des étudiantes qui n'attendent que de prendre ma place», déplore une vendeuse. «Et après la fermeture, on nous oblige encore à faire la caisse, sans être payée», dit sa collègue.
L'assemblée a pris connaissance d'une lettre envoyée par 7 signataires occupés dans la vente et exigeant des salaires minimaux de 4500 francs, 40 heures de travail hebdomadaire et aucune dérogation aux heures d'ouverture normales. «C'est bien sûr ce que nous voudrions tous mais en l'état, une telle revendication reviendrait à porter un coup fatal aux négociations, la fin du projet de convention, donc une régression», plaide le syndicaliste David Taillard.
Au final, après une discussion nourrie, l'assemblée dédoublée a adopté à l'unanimité les propositions des négociateurs. La balle est désormais dans le camp de l'association patronale. Ses membres devront se prononcer à leur tour sur ce projet avant la fin de l'année. Affaire à suivre...

Pierre Noverraz