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Unis nous sommes forts

Le 2ème congrès ordinaire d'Unia a été placé sous cette devise. L'union fait la force mot d'ordre décliné sur de nombreux thèmes

Place des militants, stratégie et priorités pour les quatre années à venir, lutte contre le dumping, la déréglementation et pour la protection contre les licenciements: les thèmes au cœur du 2e congrès ordinaire d'Unia étaient nombreux. Près de 340 délégués et 300 invités se sont réunis de jeudi à samedi derniers à Zurich pour en débattre. Et pour élire la nouvelle direction du syndicat.

Zurich. Au cœur du royaume de la finance. C'est l'endroit choisi par Unia pour tenir son 2e congrès ordinaire qui s'est déroulé de jeudi à samedi dernier. Sur la Bahnhofstrasse, rue conduisant les délégués à la maison des congrès, fleurissent les enseignes de l'UBS, du Credit Suisse et d'autres banques regorgeant de l'argent des spéculateurs et des milliardaires dominant la planète. Vendredi, sur le coup de midi, une action symbolique a réuni les participants au congrès d'Unia sur la Paradeplatz, action résumant la devise sous laquelle ont été placés les débats de ces trois jours: «Unis nous sommes forts!» Et unis, nous arriverons à contrer les requins de la finance.
Près de 340 délégués étaient présents, ainsi que 300 invités dont 60 hôtes étrangers. Avec au programme un menu copieux. Car il était question de définir la politique syndicale du plus grand syndicat de Suisse avec ses 200000 membres et de renouveler sa direction. En tout, 200 propositions ont été présentées sur les sujets soumis au débat: «Etoiles fixes» d'Unia, soit les buts du syndicat, stratégie pour y parvenir, et priorités pour les 4 ans à venir. Concernant ce troisième volet, seules quelques propositions ont pu être abordées, faute de temps. Les autres seront discutées par l'assemblée des délégués en mars 2013. Deux documents d'orientation et 11 résolutions ont également été adoptés.

«La force d'Unia, c'est vous»
«Unis, nous pourrons obtenir de grands succès. La force d'Unia, c'est vous. Vous représentez chaque jour le syndicat dans le monde du travail», a lancé en ouverture du congrès Renzo Ambrosetti, coprésident sortant, aux délégués venus de toute la Suisse. Peu après était annoncée l'arrivée d'Alain Berset, ministre socialiste en charge des affaires sociales. Une arrivée sous les sifflets de nombreuses militantes, fâchées par sa proposition d'augmenter l'âge de la retraite des femmes à 65 ans (voir en pages 6-7).
Après cet intermède, Andreas Rieger, coprésident sur le départ, a introduit la discussion sur le rapport d'activité en rappelant qu'en 2008, lors du 1er congrès d'Unia à Lugano, Lehmann Brothers venait de faire faillite et que la finance mondiale était au bord de l'effondrement. «Tous les pays ont dû sauver leurs banques. Nous espérions que l'économie deviendrait plus sociale mais notre espoir n'est pas encore réalisé. Le capitalisme de casino a passé ses dettes à d'autres, les spéculateurs en veulent encore plus. Le recul social dans le sud de l'Europe est le pire depuis les années 30», a-t-il déclaré. De son côté, Renzo Ambrosetti s'est réjoui de la hausse du nombre de membres en 2012, fruit du travail des militants.

Objectivité demandée
Le rapport d'activité a été adopté à la quasi-unanimité. Cependant, Jean-Michel Bruyat, président des maçons vaudois, a appelé à davantage d'objectivité: «Je suis allé sur la page "Construction: une convention nationale (CN) enfin améliorée". Or dans mon canton, nous avons été très déçus des résultats obtenus sur la CN. On ne peut pas dire qu'il y a eu des améliorations. Et cette convention n'est toujours pas étendue. Nous devons être objectifs. Si on met la tête dans le sable, cela n'invite pas à avancer.»
La question des élections a ensuite suscité une discussion nourrie (voir en pages 6-7). Au final, c'est un comité directeur composé de neuf membres qui a été élu. Et le congrès a porté à la coprésidence Renzo Ambrosetti, sortant, et Vania Alleva qui fait son entrée à la tête d'Unia. Fille de travailleurs immigrés italiens, Vania Alleva est la première femme issue de la migration à accéder à la tête de la plus grande organisation ouvrière du pays.

Protection contre les licenciements
Après des échanges soutenus, les «Etoiles fixes» du syndicat ont été adoptées (voir en pages 6-7) ainsi que la stratégie d'Unia pour 2013-2016, sur laquelle nous reviendrons dans une édition prochaine. Quant aux priorités, seules quatre des nombreuses propositions ont été discutées. Elles portent sur la nécessité d'avancer vers des solutions en vue d'une protection contre les licenciements abusifs. Il a été décidé d'étudier le lancement d'une initiative visant à renforcer la protection des délégués syndicaux. De nombreux délégués, rappelant les graves cas survenus ces dernières années, sont intervenus pour réclamer d'urgence une telle protection faute de quoi «nous sommes en train de construire un colosse aux pieds d'argile», a résumé Carlos de Oliveira de la région Vaud. L'étude d'une initiative pour rendre obligatoire un plan social lors de licenciements collectifs a également été acceptée. «Nous sommes en faveur de l'égalité des droits et non pour des privilèges. Le travail est un droit fondamental et nous devons aussi exiger la réintégration en cas de licenciement abusif», a revendiqué un délégué tessinois, évoquant le cas de 16 personnes licenciées par une entreprise de Mendrisio et remplacées par des travailleurs intérimaires.
Line Gross et Hubert Godinot, représentants du personnel de Merck Serono, ont témoigné de la lutte contre la fermeture du site genevois. «Le combat pour sauver les emplois est terminé, mais les Merck sont décidés à combattre pour changer la loi» a relevé Hubert Godinot face à la faiblesse du droit suisse en la matière.
Celio Rodrigues, président de la commission du personnel de Novartis Nyon, a aussi rappelé le combat victorieux des travailleurs de Nyon, ayant permis le maintien du site et de tous les emplois.

Soutien à l'initiative «AVS plus»
Le congrès a encore adopté les prises de position sur l'immigration et la prévoyance vieillesse, sur lesquelles nous reviendrons. Et décidé d'apporter un soutien actif à l'initiative «AVS plus» que lancera prochainement l'Union syndicale suisse (USS) en vue d'une hausse des rentes AVS de 10%.
Autre moment fort du congrès, l'intervention du syndicaliste portugais Carlos Trindade de la CGTP-IN. Il a témoigné des attaques de la troïka à l'encontre du Portugal, attaques amplifiées par le gouvernement de droite, et les conséquences dramatiques pour les travailleurs portugais. Pour sa part, la nouvelle directrice de Solidar Suisse, Esther Maurer, a présenté le travail de cette organisation liée aux syndicats. Le congrès s'est engagé à participer à la campagne de solidarité internationale pour le «travail décent en Chine». Une collecte de soutien à cette action a permis de récolter 3775 francs parmi les congressistes.
A l'issue des travaux, les trois membres quittant le comité directeur, Andreas Rieger, Fabienne Kühn et Hansueli Scheidegger, ont été chaleureusement remerciés et ovationnés. Avant de laisser la voix à l'assemblée pour entonner l'Internationale, Vania Alleva a conclu le congrès sur des paroles enthousiastes: «Notre grande force, ce sont nos militants engagés et nos collaborateurs permanents. Nous nous battons tous pour un monde plus juste et plus social. Vous êtes Unia, nous sommes tous Unia, nous avons besoin de tous pour construire la liberté, l'égalité et la solidarité. L'union fait la force, vive Unia!»


Sylviane Herranz


Tous ensemble contre les requins de la finance!

Vendredi, en fin de matinée, les congressistes ont participé à une action symbolique éclair.
Depuis le Palais des Congrès, ils ont défilé jusqu'à la Paradeplatz, cœur de la finance zurichoise et suisse, où trônent l'UBS, le Credit Suisse ou encore HSBC. Munies de parapluies rouges, plus de cinq cents personnes ont formé un poisson géant, représentant la masse des travailleurs, prêts à manger un requin noir, symbolisant les financiers. Les militants ont crié l'urgence de la solidarité contre la toute-puissance de la spéculation. «Les banquiers se sont autoproclamés les rois du monde et s'attellent à détruire notre modèle social», a scandé Alessandro Pelizzari, secrétaire régional de Genève. «Le vendredi, il est de tradition de manger du poisson, et bien Unia va bouffer du requin!»


MT