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Une tribune pour défendre le journal du syndicat

La section genevoise de Syndicom se bat contre la décision de supprimer le journal fédératif

Syndicom, le syndicat des médias et de la communication, a décidé de supprimer son journal, envoyé en trois langues à ses membres, pour le remplacer par un magazine paraissant six fois par année et des newsletters. La section genevoise du syndicat a contesté cette décision. Et publié une «Tribune de substitution» parue récemment.

Vent de fronde au bout du Léman: des syndicalistes se mobilisent pour la survie du journal de leur fédération! Le 9 août dernier, les lecteurs du Courrier découvraient dans leur publication un encartage particulier: la «Tribune de substitution de la section de Genève de Syndicom, le syndicat des médias et de la communication». Un numéro zéro de 4 pages, réalisé par les militants du syndicat, en collaboration avec le quotidien genevois. Une tribune «pour assurer un contact essentiel avec les membres et leur garantir autrement un espace d'expression» indique le sous-titre du 4 pages. Une tribune en réaction à la décision, apprise en juin, de la disparition de Syndicom, le journal, décidée par le comité central du syndicat.
La section genevoise a été informée une quinzaine de jours avant les membres. Ces derniers ont appris la nouvelle par la dernière édition du journal: Syndicom le journal sera remplacé par un magazine paraissant tous les deux mois, par des news électroniques et des courriers postaux. Les ressources ainsi dégagées étant affectées au renforcement de la communication sur Internet et au travail médiatique et de campagne. Considérant, entre autres, que la suppression du journal était «une grave entrave aux capacités de mobilisation et de résistance dans le secteur», l'assemblée extraordinaire de la section genevoise du 24 juin a décidé de s'adresser au Courrier pour envisager une collaboration. Dans le même temps, un recours a été déposé auprès du Tribunal arbitral du syndicat. Et la discussion sur le journal devrait avoir lieu lors du congrès national, les 10 et 11 novembre prochains.
Le point avec Michel Guillot, facteur et président de la section Syndicom Genève.


Questions/Réponses

Vous avez édité une «Tribune de substitution» pour réagir à la suppression de votre journal fédératif. Pourquoi un journal est-il important pour le syndicat?
Très concrètement, c'est ce qui fait du lien avec les membres, c'est pour cela que c'est tellement important. Un journal permet d'aborder des thèmes régionaux, d'alimenter les débats dans les assemblées, ce qui ne sera plus le cas avec Internet. La publication de notre tribune est aussi une manière de montrer qu'il existe d'autres alternatives que l'arrêt du journal. Et que financièrement, c'est possible.

Un journal coûte. C'est généralement ce qui est évoqué quand il s'agit de restructurer ou de le supprimer...
Oui, il y a la question économique, mais ensuite c'est une question de choix. Une des branches de Syndicom, ce sont les médias. Ce sont nos collègues journalistes qui se font couper la tête comme on le voit actuellement, ce sont les typos, les correcteurs, les imprimeurs, les graphistes, tous les gens liés à l'édition des journaux et que l'on défend. J'estime qu'il faut maintenir un journal avant de tourner la page.

La direction dit aussi que le syndicat doit se moderniser, développer Internet. Cette tendance n'est-elle pas inéluctable?
La section de Genève, comme d'autres sections, s'est déjà mise à l'ère d'Internet, avec un site et une newsletter. On ne peut pas nous accuser d'être rétrogrades. Mais le journal et les nouvelles technologies sont deux aspects complémentaires et on n'a pas à faire le choix entre l'un ou l'autre. C'est là que l'on fait une erreur. Choisir implique de sacrifier l'un des deux. Et de sacrifier une partie de nos membres.
A Genève, nous ne sommes pas des Gaulois. Il y a aussi beaucoup d'insatisfaction en Suisse alémanique et ailleurs en Suisse romande. En tant que syndicalistes, nous devons envisager d'autres alternatives que celles des entreprises qu'on dénonce. Des fois, nous ne sommes pas logiques...

Vous avez recouru contre la décision de supprimer le journal. Votre section souhaite que la discussion se mène au congrès de novembre. Avez-vous déjà une réponse?
Nous avons recouru parce que le Comité central n'a pas la prérogative de prendre une telle décision. Pour l'instant nous n'avons pas de réponse. Mais nous avons anticipé. Plusieurs sections qui ne sont pas satisfaites de cette suppression ont fait des propositions pour le congrès. Le débat aura lieu. Et il sera animé!

Quelles ont été les réactions à la sortie de votre tribune?
Nous avons eu pas mal de réactions positives, notamment de ceux étant abonnés au Courrier, qui connaissent sa situation financière toujours précaire. Les collègues des médias ont bien apprécié aussi. Les deux seuls téléphones que j'ai reçus de la centrale de Berne étaient pour me dire: «Bravo pour l'initiative!» Cela montre qu'il y a une marge de manœuvre.

L'appel à la collaboration avec les autres régions francophones de Syndicom a-t-il été entendu?
Nous sommes en pleine discussion avec d'autres sections pour une prochaine publication.

Seriez-vous favorable à la création d'un journal syndical romand avec toutes les fédérations?
Concrètement, la section de Genève n'a pas abordé ce sujet. Personnellement, je pense qu'il faut déjà débuter avec d'autres sections de Syndicom, commencer à une petite échelle pour prendre de l'ampleur. Je pense néanmoins qu'il serait intéressant de discuter avec d'autres fédérations. Mais il ne faut pas aller plus vite que la musique!

Un mot sur la restructuration annoncée cette semaine par Tamedia?
Je suis très inquiet pour notre fameuse diversité de la presse. Elle se réduit comme peau de chagrin. Et pour les emplois. Pour Tamedia et Ringier, il n'y a que le profit, les dividendes, le pognon... Bientôt, nous aurons différents titres, avec un contenu unique. Comment la population va-t-elle se faire une opinion? Concernant les emplois, Tamedia n'a aucune fibre sociale. Ils disent qu'il n'y aura pas de licenciement, mais ça fait longtemps qu'on a arrêté de leur faire confiance. Je pense qu'il y aura de nouveau une saignée. En Suisse alémanique, ils s'attendent à une annonce imminente. D'après les échos des collègues là-bas, Tamedia n'a pas encore tout dévoilé. Et ça risque d'être beaucoup plus sévère que ce qui a été annoncé.


Propos recueillis par Sylviane Herranz