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Un canard aux plumes éclectiques

"Le Colvert du peuple", journal fribourgeois, a pris son envol à la fin du mois dernier. Un titre engagé, miroir de luttes plurielles

Un drôle d’oiseau vient enrichir le paysage médiatique fribourgeois. Un canard d’opinions mais pas seulement, aux plumes anticapitalistes, écologistes, féministes, antiracistes et anarchistes. Un volatile de l’espèce des cols verts – par distinction vis-à-vis des cols blancs – prêt à présenter, développer et soutenir bec et ongles ses idées. Lancé à la fin du mois dernier, Le Colvert du peuple, que l’on pourra lire uniquement en ligne, entend combler une lacune dans le paysage médiatique cantonal. Pour ses auteurs, l’offre actuelle n’apporte pas suffisamment de points de vue alternatifs. «Nos buts sont d’amener une autre information, une information qui va consciemment à l’encontre du statu quo, et qui est donc positionnée. Nous ne revendiquons pas la “neutralité” journalistique parce que nous pensons qu’elle n’existe pas. Nous défendons plutôt une position explicite, ne souffrant pas d’un manque d’objectivité pour autant», précise le comité éditorial, qui s’appuie sur un groupe de rédacteurs plus ou moins réguliers. Et qui se montre ouvert à la diffusion d’articles provenant de l’extérieur, sous réserve qu’ils entrent dans la ligne promue.

Perte de confiance

«Nous encourageons tous les individus, collectifs ou associations à nous contacter pour être publiés sur la plateforme.» Actualité locale ou contributions plus structurelles relatives aux thématiques susmentionnées et tactiques de lutte alimenteront le site. Le public cible du journal? Les lecteurs déjà intéressés par ces questions mais pas seulement. «Nous espérons également toucher d’autres personnes à travers certains sujets plus informatifs qu’idéologiques. Notre objectif n’est pas de faire de la propagande, mais de permettre une meilleure information et discussion entre les individus qui partagent plus ou moins les mêmes constats et les mêmes questionnements.» Pas d’entre-soi, précise le comité, qui juge le terme assez péjoratif. «Il s’agit plutôt de faire vivre certaines idées, de leur donner un aspect plus tangible en créant un espace pour des sensibilités politiques partagées.» Faut-il en déduire que celles-ci ne seraient pas reflétées dans les médias traditionnels? Le Colvert du peuple illustre-t-il une perte de confiance dans ces derniers? «Oui, on peut le dire comme ça. Il y a un manque de sens critique en général dans les médias traditionnels. La manière dont l’information est transmise passe parfois à côté de la réalité. Et surtout, pour revenir à cette “neutralité journalistique”, on peut dire que les médias traditionnels se positionnent plutôt dans une perspective bourgeoise-libérale.»

Calendrier des luttes

Le Colvert du peuple présente aussi la caractéristique de n’accueillir aucune publicité. La fréquence de sa parution n’a, pour le moment, pas encore été décidée. Sans budget, le titre se base sur les contributions rédactionnelles de bénévoles.

La publication virtuelle servira aussi de vitrine aux rendez-vous et aux actions de différents mouvements de lutte. «La partie agenda a pour but de rassembler les renseignements sur l’activité militante à Fribourg et dans les environs en un seul endroit où tous ou presque peuvent y accéder. L’idée vise ainsi aussi à créer du lien entre les collectifs engagés», note en substance le comité éditorial, soulignant encore qu’il n’y a pas de locomotive du journal. «Nous travaillons de manière horizontale.» Avec la folle ambition, peut-on aussi lire dans le communiqué de presse du Colvert, «de renouer avec le réel, ce pays que certains de ses congénères, qui semblent avoir du plomb (ou de l’or) dans l’aile et dont les cris aigus s’accordent trop souvent, traversent trop rarement». De quoi donner le ton du titre. Un journal qui promet en tout cas d’alimenter le débat et qui contribuera à une diversité bienvenue des opinions...

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