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Syngenta est racheté par ChemChina

Si le groupe chinois assure vouloir conserver les emplois en Suisse, Unia exige des garanties

La nouvelle est tombée: le géant suisse de l'agrochimie Syngenta sera racheté par un groupe étatique chinois, ChemChina, pour 43,8 milliards de francs. Unia attend du nouvel acquéreur qu'il s'engage rapidement afin de maintenir les emplois en Suisse ainsi que le site de production stratégique de Monthey en Valais. Les autorités fédérales sont quant à elles sommées, une nouvelle fois, de tout mettre en œuvre pour éviter une désindustrialisation du pays.

Après plusieurs mois d'incertitudes, de tergiversations et de négociations, le rachat de Syngenta devrait être finalisé fin 2016. Actif dans la chimie et l'agrochimie, l'acquéreur, ChemChina, est un groupe contrôlé par l'Etat chinois. En pleine conquête européenne, il a récemment racheté Pirelli en Italie, l'allemand KraussMaffei et une partie du capital de l'entreprise genevoise de négoce pétrolier Mercuria. L'opération de rachat de Syngenta se chiffre à quelque 43,8 milliards de francs. Si ChemChina a annoncé que cette reprise n'aurait aucun impact sur l'emploi, Unia exige de sa part qu'il définisse rapidement et clairement sa stratégie et qu'il garantisse le maintien des activités, des emplois et des conditions de travail en Suisse, notamment la place stratégique du site de Monthey en Valais. «Nous avons adressé un courrier à la direction pour lui demander une rencontre avec le syndicat et la représentation du personnel, explique Blaise Carron, secrétaire syndical en charge de l'Industrie. Nous voulons des garanties sur le moyen et le long terme, notre peur étant de subir un transfert de technologies. Nous voulons également que Monthey, principal site de production de Syngenta, conserve son importance stratégique dans la nouvelle organisation.»

L'Etat doit agir!
Le syndicat en appelle aux pouvoirs publics locaux et nationaux. «Le canton du Valais et la commune de Monthey vont dans notre sens, commente Blaise Carron. Elles nous ont assuré de leur soutien mais aucune autre démarche n'a été entamée.»
Unia somme également le Conseil fédéral de réunir autour d'une table les partenaires sociaux, les cantons, les communes d'implantation ainsi que le Secrétariat d'Etat à l'économie et de s'engager fermement pour obtenir une garantie du maintien des emplois de Syngenta en Suisse. «Des leçons doivent être tirées de la pagaille due au rachat d'Alstom par General Electric.» Plus globalement, le syndicat réitère l'urgence de mener une politique industrielle active et forte afin d'empêcher une désindustrialisation de la Suisse.

Pour une meilleure protection des travailleurs
Aujourd'hui, Syngenta c'est plus de 28000 travailleurs dans le monde dont 3300 en Suisse. Monthey et Kaisten (AG) représentent les deux principaux sites de production du groupe d'agrochimie, et Stein (AG) est un site de recherche et de développement majeur.
Pour le syndicat Unia, ce rachat est aussi l'occasion de revendiquer une meilleure protection du personnel dans toute la Suisse. En effet, à l'heure actuelle, seulement un peu moins de 500 employés sont couverts par une Convention collective de travail (CCT), soit un sixième des effectifs. «Il est important que toute la main-d'œuvre bénéficie enfin d'un tel régime», peut-on lire dans un communiqué d'Unia. Celui-ci espère pouvoir mener des négociations avec ChemChina pour changer la donne. «Dans des cas d'ultramondialisation comme celui-ci, les motivations des propriétaires sont toujours les mêmes, à savoir faire du profit, conclut Blaise Carron. C'est juste l'étiquette qui change. En tant que syndicat, ce qui nous importe c'est que ce ne soient pas les travailleurs qui trinquent...»

Manon Todesco