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Syndicats et patrons se fâchent contre le laxisme de l’Etat

Les représentants patronaux et syndicaux.
© Neil Labrador

Non loin du chantier de démolition incriminé, les représentants patronaux et syndicaux ont dénoncé l’inaction de l’Etat alors que de nombreuses infractions ont été constatées.

A Fribourg, les partenaires sociaux du bâtiment exigent, exemple à l’appui, que la Loi sur l’emploi et contre le travail au noir soit renforcée pour permettre une suspension facilitée des chantiers

Des ouvriers sont contrôlés le 21 mai sur un chantier de démolition d’une ancienne ferme. Deux sur trois sont au chômage et au service social. Certains travaillent sur le toit sans harnais et sans casque. Plus tard, des fuites d’huile provenant des machines sont signalées au Service de l’environnement. La police refuse d’aller faire un constat, le chantier n’étant pas sur une route. Des filtres à particules manquent sur des engins. Un camion roule avec les plaques d’un véhicule léger. La liste des infractions est longue sur ce chantier de démolition de Fétigny, dans la Broye fribourgeoise. Un mois plus tard, alors que les travaux sont bientôt terminés, l’Etat n’a toujours pas jugé utile de faire cesser les activités. Un exemple parmi d’autres de l’inefficacité de la lutte contre le travail au noir et des contrôles de chantiers fribourgeois, qui a suscité la colère des partenaires sociaux.

Le 21 juin, patrons et syndicats ont alerté la presse pour dénoncer cette situation. Aux abords du chantier de Fétigny, Jean-Daniel Wicht, directeur de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs (FFE), Jacques Vial de l’Union patronale cantonale (UPCF), Armand Jaquier d’Unia et Thierry Jaquet de Syna ont égrené les différentes infractions constatées et les procédures entreprises pour suspendre les activités du chantier. «Malgré les rapports effectués par l’Inspectorat des chantiers Fribourg (ICF), les services de l’Etat n’ont à ce jour pris aucune mesure pour fermer le chantier ou tout au moins pour interdire son accès dans l’attente du règlement des problèmes relevés», indiquent-ils. Ils craignent aussi que l’entreprise en cause, Deni-Bat SA, domiciliée à Crissier, ne disparaisse dans la nature avant que des sanctions ne soient prises. Son propriétaire ayant déjà deux faillites à son actif… D’une seule voix, patrons et syndicats ont dénoncé «un laxisme récurrent des autorités de ce canton».

Plus de pouvoir pour les inspecteurs

«Avec cette action, nous avons voulu rappeler que l’on a besoin d’une loi cantonale qui permette d’agir quand des abus sont constatés, tant en matière de protection de la santé des travailleurs que du respect de la loi ou des conventions collectives», remarque Armand Jaquier, secrétaire régional d’Unia Fribourg. De son côté, le chef du Service cantonal de l’emploi, Charles de Reyff, s’est dédouané en répondant, par presse interposée, que dans le cas du chantier de Fétigny, il n’était pas possible de suspendre l’activité, l’entreprise n’ayant pas refusé de collaborer. Une réponse insatisfaisante pour le syndicaliste: «Nous voulons justement que ça change. La loi actuelle permet une suspension mais à des conditions très strictes. Nous souhaitons que la révision en cours de la Loi sur l’emploi et le marché du travail, qui sera examinée par le Grand Conseil cet automne, contienne des améliorations et que les règlements facilitent une réelle application de cette loi et des sanctions renforcées.»

Il est inacceptable, ajoute Armand Jaquier, que pendant l’attente d’une éventuelle décision, les salariés soient exposés à la pollution de machines sans filtres à particules ou à des sols pollués. Ensuite que les machines soient déplacées sur d’autres chantiers. «Ce que l’on veut, c’est que de telles situations puissent être bloquées par les acteurs de l’inspectorat du travail. Ces employeurs mettent en danger les salariés, les usagers de la route, l’environnement, et on peut bien imaginer qu’ils ne sont pas plus respectueux des CCT et des lois!»

Question timing, syndicats et patrons vont agir au niveau des commissions parlementaires et de l’administration pour démontrer la nécessité que les inspecteurs de chantier aient plus d’autorité en matière d’arrêt de chantiers.

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