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A Saint-Prex, l’orage était dans l’air et dans les cœurs

assemblée
© Olivier Vogelsang

Réunis en assemblée générale, les travailleurs de Vetropack ont donné mandat à Unia pour qu’il exige qu’aucun licenciement ne soit signifié avant la négociation et la signature d’un plan social.

Les ouvriers de l’ultime verrerie de Suisse n’ont pas dit leur dernier mot. Réunis en assemblée mercredi après-midi, ils posent un ultimatum à leur direction

Le 15 mai, peu avant que le tonnerre ne gronde dans le ciel de St-Prex, les travailleurs de Vetropack se sont réunis dans la Salle de la Paix de la verrerie. Deux assemblées générales ont été organisées par la commission du personnel (Cope), Unia et Syna, afin que tous les ouvriers puissent être au courant du dernier épisode lié au sort de leur entreprise et décider de la suite de la lutte. 

La veille, de manière brutale, la direction de Vetropack a annoncé à la presse sa décision définitive de fermer l’usine, avant même d’en informer ses employés et les syndicats. 

Le président de la commission du personnel explique avoir été averti de la décision de la direction de Vetropack par une journaliste. Cette manière méprisante de communiquer a choqué les employés et la secrétaire syndicale d’Unia Nicole Vassalli. Celle-ci ajoute: «Ce matin, nous avons rencontré la direction. Elle a balayé les propositions des travailleurs et des travailleuses qui démontrent pourtant la viabilité de l’usine vaudoise. Dans leur réponse à notre rapport, de nombreuses erreurs et approximations prouvent que les responsables n’ont pas étudié sérieusement notre projet et que sa décision était prise bien avant la procédure de consultation.» Pour le groupe de travail réunissant les syndicats et des travailleurs, il s’agit donc d’une décision stratégique du groupe qui a pris le parti d’investir ailleurs en Europe, sans fondement ni économique ni technologique concret. 

Rappelons également que lors de la période de consultation, la Confédération, le canton et les communes sont intervenus pour le maintien du site, offrant même des aides financières en vertu de la loi sur le climat et l’innovation.

Des négociations pour un vrai plan social

En cet après-midi pluvieux, devant les travailleurs oscillant entre tristesse, déception et colère, Nicole Vassalli mentionne: «La direction nous a expliqué qu’elle n’était pas obligée de négocier un plan social et que des lettres de licenciements allaient être envoyées dès la semaine prochaine!» Cinq renvois sont déjà prévus en juillet, puis 89 en août, puis 87 autres jusqu’en décembre 2025, comme l’indique un courrier de Vetropack à l’attention de la Direction générale de l’emploi et du marché de l’emploi. Par ailleurs, cette lettre annonce 181 licenciements au lieu des 175 préalablement prévus en mars. Selon Unia, cela ouvre, de fait, une nouvelle procédure de consultation puisque le nombre est plus élevé. 

Questions, commentaires, propositions de lutte suivies d’applaudissements nourris, fusent dans la grande salle. A l’unanimité, le personnel donne ensuite mandat à Unia pour qu’il exige qu’aucun licenciement ne soit signifié avant la négociation et la signature d’un plan social. Une requête conforme à la convention collective de travail de l’entreprise. Sans réponse de la direction d’ici jeudi soir, d’autres moyens de lutte seront envisagés. 

Par ailleurs, la direction présentera ses mesures d’accompagnement jeudi après-midi aux partenaires sociaux et à la Cope. Parallèlement, Unia ne perd pas espoir qu’un repreneur dépose une offre de rachat, afin de maintenir des emplois industriels sur le site. Mais, si c’était le cas, Vetropack serait-il prêt à vendre?

 

Indignés, des travailleurs témoignent

«Nous sommes déçus. C’est inacceptable que, dans le pays des grandes organisations des droits de l’homme, on nous traite comme ça. Nous, nous avons toujours respecté notre patron. Nous ne sommes pas des numéros. Nous sortons un million de bouteilles par jour et on nous jette comme une chiclette.»

«Nous sommes fâchés. Nous nous sentons trahis. Nous travaillons énormément, à Noël, à Nouvel An, aux anniversaires de nos enfants…  Nous avons un seul week-end complet de libre par mois. Nous ne voulons pas partir avec des cacahuètes. Nous voulons du respect.»

«On pensait que Monsieur Cornaz, le directeur, était exemplaire. Et aujourd’hui on apprend que non. C’est une fierté de travailler ici, sinon on ne serait pas là depuis si longtemps. Pour ma part, je suis trop vieux pour trouver un travail et trop jeune pour être à la retraite. On nous a usés, et maintenant on nous jette comme une vieille chaussette.»

«La motivation est au point zéro. Notre projet était très bon, mais dans leur tête c’était déjà décidé. On a déjà un pied dehors. Nous sommes là depuis 20, 30 ou 40 ans. Ici, c’est toute une vie. Nous sommes traités comme… je ne sais même pas quel mot choisir.»

 

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