Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Renforcer la place industrielle suisse et gagner avec Unia

Les délégués de l'industrie des machines veulent aussi se prémunir du dumping avec des salaires minimaux et une meilleure CCT

Les délégués de la conférence de l'industrie des machines (MEM) ont réclamé une véritable politique industrielle. Ils ont plaidé pour une convention collective contenant des salaires minimums obligatoires, une limitation stricte de l'article de crise portant sur l'extension des horaires de travail ainsi que pour une meilleure protection des militants syndicaux et représentants du personnel dans les entreprises.


Réunis vendredi à Berne, les délégués et déléguées de la conférence Unia de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) ont exhorté le Conseil fédéral à mener une véritable politique visant à préserver et développer activement la place industrielle suisse (voir la résolution ci-dessous). Responsable du secteur industrie d'Unia, Corrado Pardini a souligné qu'il faut agir contre la spéculation qui «fragilise et casse l'économie» du pays. «Mais Unia ne se borne pas à protester; nous faisons des propositions réalistes et constructives, comme le montre notre pacte pour une Suisse productive.»

Salaire minimum
S'agissant des objectifs, le comité de branche a insisté sur les enjeux du renouvellement de la CCT qui interviendra en 2013. Tois priorités ont été adoptées: l'introduction de salaires minimums obligatoires, principalement pour contrer le dumping salarial; une meilleure protection contre les licenciements de militants syndicaux et membres des commissions du personnel ainsi qu'une refonte restrictive de l'article 57 de la CCT. Initialement prévu pour répondre à des situations de crise exceptionnelles, cet article qui prévoit que l'employeur peut recourir dans des cas extrêmes à des prolongations d'horaires de travail non payés a été trop souvent dévoyé. «Des entreprises ont profité de détourner cette disposition en leur faveur. Certaines l'ont imposée alors qu'elles faisaient du bénéfice», tonne Corrado Pardini. «C'est totalement inadmissible! Il faut reformuler cet article, le rendre beaucoup plus restrictif et faire en sorte que le syndicat ait un droit de veto.»

Article de crise en question
Au cours du débat, le secrétaire syndical vaudois Abdou Landry s'est à son tour insurgé contre cet article 57. «Les patrons de l'entreprise Tesa l'ont utilisé abusivement pour justifier une augmentation des horaires de travail. Ils ont tout fait pour écarter le syndicat. Nous sommes finalement parvenu à les faire reculer. Mais ils ont licencié deux représentants de la commission du personnel. Cet abus montre qu'il est urgent de combler les failles de notre CCT. Il faut empêcher de telles situations.»
Le délégué Peter Huonker de Winterthur a souhaité que d'autres points viennent compléter ces priorités, notamment l'ancrage dans la CCT d'un congé paternité et l'interdiction de contrats de travail intérimaire en série.
Corrado Pardini a précisé que le cahier de revendications n'est pas exhaustif et qu'il sera complété par plusieurs points. «Mais il faut mettre le poids sur nos trois priorités pour atteindre un maximum d'efficacité et gagner en visibilité. Nous tenons également à négocier sur un pied d'égalité.»
La campagne pour ces objectifs se fera sous le slogan «Gagner avec Unia!». Elle franchira une étape majeure le 22 septembre prochain à Berne, avec une grande manifestation nationale.


Pierre Noverraz


La base au gouvernail

Les délégués ont élu Daniel Heizmann à la présidence du comité Unia pour la branche MEM. Ferblantier puis tourneur, ce syndicaliste préside depuis 15 ans la commission d'entreprise de Tornos à Moutier, dont il est membre depuis 35 ans. Il possède une solide expérience du travail syndical, de la négociation et de la gestion des crises puisqu'il a dû affronter 13 restructurations dans lesquelles il s'est employé à sauver un maximum d'emplois. Il a également été appelé il y a quelques années , à faire bénéficier de son expérience les syndicats roumains et bulgares. «C'est un homme de cœur qui a une grande connaissance du terrain», a souligné Pierluigi Fedele, secrétaire régional d'Unia Transjurane, en plaidant pour sa candidature
Daniel Heizmann a été élu par 53 voix contre 38 destinées à son concurrent et ami Mike Nista, un militant syndical vaudois infatigable qui s'est notamment illustré par une lutte victorieuse contre la fermeture de SIG Sapal et par sa grande capacité de mobilisation et de négociation. «Ce qui compte, ce n'est pas la place qu'on occupe dans le syndicat mais ce qu'on y fait. Le but, c'est de défendre notre cause. Et Daniel le fera très bien, j'en suis sûr. Je pense que nous nous compléterons très bien au comité». Mike Nista occupera en effet la vice-présidence, patageant cette fonction avec Heidi Frei, d'Oberweningen (ZU), cheffe de projet de gestion des pièces détachées chez ABB Suisse et déléguée syndicale.
Daniel Heizmann a souligné que son but n'était pas «de rechercher la gloire mais de me mettre à disposition du syndicat, tout comme mon ami Mike». Corrado Pardini a salué la désignation de ce trio, notant que cette élection, «qui s'est déroulée dans le respect», contribue à établir «un bon équilibre entre la base et les permanents».

PN

 


Résolution pour l'emploi et contre la spéculation

Les délégués et déléguées de la conférence de l'industrie MEM ont voté à l'unanimité cette résolution:

Le syndicat Unia demande au Conseil fédéral de prendre des engagements clairs vis-à-vis de la place industrielle suisse en mettant en œuvre une politique active sous la forme, par exemple, d'investissements dans la recherche et le développement ou de l'augmentation massive des crédits CTI (Commission pour la technologie et l'innovation, ndr) au profit des projets innovants dans l'industrie.
La conférence de branche attend du Conseil fédéral qu'il mette enfin à profit la reconversion écologique de l'économie qui s'impose dans le monde entier et le retrait du nucléaire décidé par le Conseil fédéral et le Parlement comme une chance énorme pour l'industrie et l'artisanat de créer des dizaines de milliers d'emplois grâce à l'innovation, aux nouvelles technologies et aux nouveaux marchés.

Halte aux primes et aux dividendes exorbitants réalisés sur le dos des travailleuses et travailleurs
La conférence de branche est indignée par l'attitude d'un grand nombre d'entreprises qui ont fait porter le fardeau de la crise du franc et de l'euro à leur personnel et octroient maintenant des primes généreuses aux managers et aux actionnaires. Les exemples ne manquent pas: citons celui du groupe Georg Fischer qui a augmenté ses dividendes de 50%.
Voir des entreprises de l'industrie MEM augmenter leurs dividendes après avoir imposé à leurs salariés des réductions de leurs salaires ou le chômage partiel, un allongement du temps de travail, des heures de travail gratuites et des salaires en euros pour les frontaliers est scandaleux.
De nombreuses entreprises ont abusé de l'article 57 de la CCT de l'industrie MEM, dit «article de crise», qui ne permet que dans des situations absolument exceptionnelles le relèvement de la durée du travail sans compensation salariale pour une durée déterminée. Cet article ne devrait pourtant être appliqué qu'après un examen approfondi et la mise à disposition en toute transparence des chiffres de l'entreprise au personnel et aux syndicats.

Revendications claires pour le renouvellement de la CCT de l'industrie MEM
Unia rejette par principe les augmentations de la durée de travail au même titre que la dégradation des salaires des frontalières et frontaliers avec l'introduction de salaires en euros. Loin de résoudre le problème du franc fort, les allongements de la durée du travail et les heures de travail gratuites imposées dans certaines entreprises ne sont qu'une punition injuste pour les travailleuses et travailleurs concernés. Le droit du travail interdit d'ailleurs de reporter les risques d'exploitation d'une entreprise sur les employés.
Dans la perspective du renouvellement général de la CCT de l'industrie MEM en 2013, la conférence de branche exige par conséquent:
• Une restriction rigoureuse de l'application de l'article 57 CCT. Cette disposition ne doit être appliquée que dans de rares cas isolés, selon des conditions clairement définies et en faisant appel au syndicat.
• L'introduction de salaires minimums obligatoires comme c'est déjà le cas dans la plupart des autres branches. Les salaires minimums sont le moyen de contrer efficacement la pression actuelle sur les salaires.
• Une meilleure protection contre le licenciement des militantes et militants syndicaux et membres des commissions du personnel.
La conférence de branche appelle à une large mobilisation de tous les membres du syndicat afin d'appuyer les revendications pour la CCT dans les entreprises MEM. Ce n'est qu'ainsi que nous parviendrons à négocier une bonne CCT avec les employeurs.