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Quand on veut, on peut!

Le 12 octobre, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a publié sur Twitter ses derniers chiffres sur l’accueil des réfugiés ukrainiens en Suisse. Et il y a de quoi être fier. En effet, depuis le mois de mars, 67794 Ukrainiens ont demandé un statut de protection S, et ils sont à ce jour 65512 à l’avoir obtenu. Magnifique! Comme quoi, quand on veut, on peut. Pour rappel, ce statut S permet d’éviter la procédure d’asile ordinaire et d’obtenir rapidement un permis de séjour, de travailler en Suisse, de voyager et de demander le regroupement familial. Les autorités se flattent de la bonne intégration des Ukrainiens dans notre pays, et ils ont de quoi, mais pourquoi se sont-ils aussi bien intégrés? En partie parce qu’ils ont été bien reçus et qu’on leur a facilité toutes les démarches pour vivre une vie normale. Avoir de l’empathie pour ces réfugiés, leur montrer qu’ils sont les bienvenus et leur faire une petite place a fait toute la différence.

Hélas, pour la Confédération, il y a les bons réfugiés, et les autres... Les Syriens, les Afghans ou encore les Iraniens (et tous les autres peuples en guerre ou en souffrance), pour qui le monde s’est tellement ému, ne méritent apparemment pas le statut S. Ils rentrent pourtant dans les cases juridiques de ce statut, car eux aussi vivent une menace grave, eux aussi sont touchés par la guerre et eux aussi risquent leur vie. Malgré tout, la lutte acharnée des associations pour étendre le statut S à tous les réfugiés reste à ce jour un échec. D’un côté, on tend les bras, de l’autre, on renforce la protection des frontières afin d’éviter l’immigration dite illégale depuis l’est. Les exilés ukrainiens comme les autres empruntent pourtant la même route... Triste scénario d’une politique migratoire à deux vitesses, dont nos dirigeants sont les seuls responsables.

Dans les faits, l’impact de cette politique, ce sont les renvois forcés de personnes en détresse. En témoigne, très récemment, l’arrestation violente par la police vaudoise d’Allwaddin Nezami, un réfugié afghan de 20 ans souffrant de graves problèmes psychiatriques. Arrêté au foyer EVAM, il a été transféré à la prison de Favra à Genève dans l’attente d’un renvoi en Italie, en application des Accords de Dublin. Pour la coordination vaudoise contre les renvois, le cas d’Allwaddin Nezami n’est pas isolé. Elle constate en effet une répression d’ampleur sur des personnes extrêmement fragiles venues d’Afghanistan et cherchant protection. Manifestement, l’Etat se cache derrière les lois pour renvoyer des personnes psychologiquement instables. Plus qu’une honte, on parle d’une violation des droits humains. Et cela doit cesser! Lors d’un rassemblement solidaire à Lausanne la semaine dernière, la coordination a réclamé la libération du jeune Afghan et exigé du canton de Vaud qu’il renonce à exécuter les renvois des réfugiés afghans à titre d’exemple humanitaire. Nos dirigeants nous ont montré qu’une autre politique d’asile, humaine, digne et fructueuse, est possible. Qu’est-ce qu’on attend?