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Quand c’est non, c’est non!

Cela vire à l'obsession. Comme si le monde allait s'effondrer faute d’offrir aux accros du shopping la possibilité d’assouvir leur boulimie consumériste sept jours sur sept. La volonté populaire s’est pourtant déjà opposée à maintes reprises, lors de votes cantonaux et communaux, à l’extension des ouvertures dominicales des commerces. Mais cela n’empêche pas la droite et les milieux patronaux de revenir sans cesse à la charge. Au niveau fédéral, le Parlement discute d’une initiative du canton de Zurich visant à permettre aux magasins d’ouvrir un dimanche par mois. Une idée que les Chambres avaient rejetée en 2021, dans le cadre de la Loi sur le Covid, mais qui revient par la fenêtre. Cependant, c’est la droite genevoise qui remporte la palme de l'entêtement. Estimant que sa majorité au Grand Conseil lui donne tous les droits, elle a décidé de passer outre le principe approuvé à deux reprises par le peuple souverain, en 2016 et 2021: deux ouvertures dominicales supplémentaires seront autorisées chaque année, à condition qu’il y ait une convention collective de force obligatoire dans la vente. 

Puisque ce n’est toujours pas le cas, les partenaires sociaux n’ayant pas trouvé de terrain d’entente, les élus ont donc foulé aux pieds un double verdict démocratique, en supprimant purement et simplement cette clause. Certes, les syndicats ont pris un risque en dénonçant la précédente CCT. Mais c'était dans le but légitime d’améliorer les conditions de travail dans un secteur qui cumule bas salaires, horaires à rallonge et pénibilité. Une revendication apparemment intolérable pour les associations patronales, qui considèrent que le personnel de vente est corvéable à merci et peut bien, en plus des samedis et du 31 décembre (jour férié à Genève), travailler deux dimanches supplémentaires, sans contrepartie. Il est de mauvaise foi d’imputer – comme le fait la conseillère d’Etat centriste Delphine Bachmann – la responsabilité de ce blocage aux syndicats, sachant que les patrons ont voulu court-circuiter ces derniers il y a quelques années, en signant une CCT au rabais avec une organisation hors-sol et absolument pas représentative des vendeuses et des vendeurs genevois. Les associations patronales sont même allées jusqu'au Tribunal fédéral pour pouvoir ouvrir les commerces le dimanche 22 décembre 2024, ouverture qui est loin d'avoir rencontré le succès escompté auprès des chalands. 

Ce n’est pas la première fois que la droite genevoise bafoue ainsi la volonté populaire. En 2023, elle a attaqué le compromis négocié par le Canton, et approuvé dans les urnes en 2018, sur la proportion de logements d’utilité publique et de PPE (propriété par étage) dans le futur quartier Praille-Acacias-Vernets. Mais début 2024, elle s’est pris une claque en référendum, la population confirmant à 57% son choix de 2018. Etant donné que les syndicats et la gauche ont lancé un référendum sur les ouvertures dominicales des commerces à Genève, il va falloir une fois de plus se mobiliser pour répéter que quand c’est non, c’est non! A force de le marteler, le message finira peut-être par être compris. Il ne faudra pas non plus oublier, lors des prochaines élections cantonales, dans trois ans, de se rendre massivement aux urnes, histoire de remettre à sa place cette droite plus arrogante que jamais.