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Prêts à la lutte !

Unia et Syna demandent aux entrepreneurs romands conscients de la nécessité d'une CCT d'intervenir auprès de leur centrale

La Société suisse des entrepreneurs ayant rejeté la nouvelle convention nationale de la construction, les maçons vont reprendre la lutte. Une action aura lieu le 3 mars sur les chantiers, premier jour de travail après l'expiration du délai accordé au patronat pour qu'il revienne sur sa décision. Des débrayages ponctuels régionaux et une grève nationale en avril ont d'ores et déjà été programmés. Si Unia et Syna veulent une solution nationale, ils n'écartent toutefois pas l'idée de conclure une CCT au niveau romand, mais à certaines conditions. Dans tous les cas, au Jura comme à Genève et ailleurs, les travailleurs ont manifesté leur détermination à se battre. Alors qu'au Tessin un accord cantonal transitoire a été conclu.

La politique de la terre brûlée menée par la direction centrale de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) n'est pas au goût de tous les patrons romands de la construction et des grandes entreprises. Certains se sont exprimés dans ce sens dans les médias et n'ont, dans ce contexte, pas écarté l'idée de conclure un accord romand. Rappelons que le secteur se trouve depuis près de cinq mois en situation de vide conventionnel, la SSE ayant résilié la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) et ayant refusé, en janvier dernier, de valider la nouvelle mouture issue de la médiation avec Jean-Luc Nordmann.

A la SSE directement...
Depuis, des voix se sont élevées pour critiquer cet état de fait. Saisissant la balle au bond, Unia et Syna ont invité la semaine dernière les employeurs mécontents des décisions prises par la SSE à intervenir directement auprès de leur organisation. «Les entrepreneurs conscients de la nécessité de conclure une convention doivent en premier lieu agir au sein de la SSE, pour l'amener à ratifier l'accord Nordman» déclare Jacques Robert, membre du comité directeur d'Unia. Pour le syndicat, la conclusion d'une CCT au niveau national reste en effet de loin la meilleure des solutions. Elle est à même de fournir aux maçons un socle de conditions de travail harmonisées et aux entreprises une régulation de la concurrence sur l'ensemble du territoire. A défaut d'un tel accord, dans un délai maximal de deux mois, les syndicats sont prêts à entrer en matière sur une convention romande, sous réserve que son contenu soit conforme avec l'accord Nordmann.

Pas des CCT de village
«Nous ne voulons pas de CCT de village mais, si la SSE ne change pas d'avis, nous pourrions imaginer conclure une convention sur une région élargie comme la Suisse romande», relève Jacques Robert précisant encore qu'une telle perspective serait transitoire et ne représenterait en aucun cas une alternative à une CN. Le représentant d'Unia note encore que, de même que dans l'optique d'un accord national, les CCT complémentaires cantonales devront alors être simultanément remises en vigueur, avec la totalité de leurs acquis. Enfin il souligne le fait que des arrangements locaux ne sauraient être signés seulement pour éviter des grèves. «Quelles que soient les velléités d'accord, la bataille syndicale continue. Tous les salariés de la branche doivent se tenir prêts aux mouvements de lutte en cours de préparation et qui, faute d'accord, conduiront à des grèves.» Pour Unia et Syna, la SSE n'est actuellement pas un partenaire jugé suffisamment fiable pour qu'ils puissent s'appuyer sur sa bonne foi.

Sonya Mermoud



A Genève, les maçons ne transigeront pas

Situation tendue à Genève où l'accord passé en novembre, sous la houlette du conseiller d'Etat François Longchamp juste après la grève massive du 15 octobre, arrive à échéance le 29 février. Cet accord, qui reconduisait sur les chantiers du canton les conditions de travail, de salaire et de sécurité en vigueur avant la résiliation de la Convention nationale, avait été accepté par les partenaires sociaux. Le 29 janvier, les maçons genevois, réunis en assemblée de lutte avec leurs syndicats Unia, Sit et Syna, exhortaient la Société suisse des entrepreneurs à revenir sur sa décision de ne pas accepter l'accord issu de la médiation et à le signer d'ici fin février. Date à laquelle ils demandaient également la reconduction de la convention cantonale.
Vendredi dernier, le comité de lutte des maçons s'est à nouveau réuni. Si la nécessité de conclure au plus vite une convention nationale est toujours au centre des revendications, ils ont abordé la question de la convention locale. Et là, les travailleurs ont posé clairement leurs exigences: d'abord, la totalité des acquis de la convention 2006, y compris les contributions professionnelles qui n'étaient pas incluses dans l'accord Longchamp, doivent être maintenus; ensuite, les augmentations salariales contenues dans l'accord national de médiation doivent être appliquées. «Les travailleurs sont toujours aussi déterminés. Ils se sentent menés en bateau et attendent une décision claire et nette, et des signatures, faute de quoi ils débrayeront deux jours en mars», indique Manuel Fazendeiro d'Unia Genève, ajoutant que ces deux journées de grève en cas d'absence de résultat avaient déjà été votées durant l'arrêt de travail du 15 octobre qui avait paralysé les chantiers genevois.

SH



Tessin: la preuve par l'exemple...

Trêve au Tessin dans le conflit de travail que traverse actuellement le secteur principal de la construction. Les partenaires sociaux ont, dans ce canton, trouvé une solution transitoire et signé une convention collective régionale en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Cette dernière reprend l'essentiel du compromis trouvé par Jean-Luc Nordman lors de la médiation. «C'est la preuve claire et nette que la solution négociée est acceptable», déclare Hansueli Scheidegger, directeur du secteur de la construction à Unia, précisant toutefois qu'il faut une convention nationale. Quoi qu'il en soit, les travailleurs de la branche obtiennent grâce à cet accord une augmentation de salaire de 100 francs. Les revenus minimaux sont majorés de 3 à 5%. La réglementation de la durée du travail se base quant à elle sur l'avenant tessinois qui était valable jusqu'au 30 septembre dernier. Différente de celle prévalant au niveau suisse, cette dernière prévoit la possibilité d'effectuer jusqu'à 75 heures supplémentaires par année, récupérables, en cas d'événements imprévisibles, en une seule fois. La flexibilité supplémentaire négociée dans le cadre de la médiation s'est traduite, dans la solution tessinoise, par une augmentation de 75 à 80 heures supplémentaires. Les fonds paritaires de formation et d'exécution sont pour leur part remis en vigueur, sans changement.

SM