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Pour une économie socialement responsable

L'économiste Roby Tschopp se bat pour une économie axée sur le respect de l'éthique sociale et de l'environnement

Il porte plusieurs casquettes, mais toutes sont orientées vers l'idéal d'une économie basée sur le développement durable et l'équité sociale. Roby Tschopp, 44 ans, est directeur d'Actares. Cette association d'actionnaires roulant pour un actionnariat responsable, transparent et contrôlé est connue notamment pour son opposition déterminée à l'ancien dirigeant de l'UBS Marcel Ospel dont elle fut l'une des premières à exiger la démission. «Notre rôle n'est pas de défendre les intérêts particuliers et égoïstes des actionnaires mais de promouvoir des investissements utiles à la société et respectueux de l'humanité.» Député suppléant des Verts au Grand Conseil neuchâtelois, ce citoyen de Savagnier est également président de la caisse de pension éthique et écologique Nest et vice-président de l'Arpip, l'Association des représentants du personnel dans les institutions de prévoyance professionnelle.
Ingénieur EPFL et titulaire d'un Master en business et administration (MBA) à l'Université de Lausanne, Roby Tschopp porte un regard prudent sur l'évolution actuelle de la crise. «Les marchés financiers sont en train de regagner du terrain. Est-ce un phénomène durable qui annonce une sortie de crise ou n'est-ce qu'un feu de paille? Il est trop tôt pour répondre à cette question. Mais on constate une baisse de tension et un retour progressif de la confiance. En revanche, l'économie réelle continue de subir la crise de plein fouet, particulièrement dans ma région qui est orientée vers l'industrie d'exportation. Il s'agit de tout faire pour soutenir l'emploi et aider les chômeurs.» S'agissant des naufrages financiers qui ont conduit les Etats à devoir combler massivement les pertes, Roby Tschopp déplore qu'on n'en ait pas tiré les leçons qui s'imposaient. «Les véritables mesures de contrôle des marchés financiers n'ont pas été prises. On repart comme avant, y compris pour les bonus et ceci à l'échelle planétaire. En Suisse, UBS a déjà enterré le système de bonus-malus qu'elle disait vouloir mettre en place. Rien n'a non plus été entrepris pour réduire la taille disproportionnée des deux grandes banques du pays qui continuent ainsi à faire peser un risque vital important pour la Suisse.»

Comportement prédateur
Au-delà de ces considérations, c'est le fonctionnement même du système financier qui interpelle Roby Tschopp. «Pour les banquiers, à tous les niveaux de la hiérarchie, le bénéfice est le seul moteur, le seul objectif, la seule motivation. Tout le reste ne les intéresse pas. Cela conduit à la déresponsabilisation sociale. Bien sûr, la rentabilité est importante mais elle ne doit pas être l'unique préoccupation, au mépris de toutes les considérations éthiques, sociales et environnementales.» Les rétributions pharaoniques d'un certain nombre de grands managers sont également dans le collimateur de Roby Tschopp. «Les 40 millions annuels que touche Daniel Vasella, patron de Novartis, ne sont pourtant qu'une goutte d'eau. Si on divisait cette somme par deux, cela représenterait moins d'un centime de dividende supplémentaire pour chaque action.» Le vrai problème est ailleurs: c'est l'absence de légitimité d'une telle somme. «Ces rémunérations indécentes fonctionnent en vase clos et ne correspondent nullement au marché, comme certains le prétendent. Elles sont décidées par le conseil d'administration qui se les attribue hors de tout contrôle. Elles véhiculent un modèle négatif du type: "Si tu n'es pas capable de gagner beaucoup d'argent, c'est que tu es nul." Cela encourage et justifie un comportement prédateur dangereux pour toute l'économie et dont on est en train de mesurer les ravages.»

Contre la baisse des rentes
S'agissant du 2e pilier, Roby Tschopp estime que le plus gros problème réside dans la coexistence de deux entités, celle des assureurs et celle des caisses autonomes. Ces dernières «n'agissent que pour elles-mêmes, ce qui les incite à une vision prudente à long terme tandis que les assureurs sont soumis à des objectifs de rentabilité à plus court terme. Ils sont également tenus, en cas de problème, de renflouer la caisse dont ils ont la responsabilité.» De quoi les conduire à réclamer la baisse des taux. «Les dernières baisses n'étaient techniquement pas nécessaires. Elles relèvent d'un coup de poing politique visant à déstabiliser les assurances sociales pour ensuite vendre des assurances privées, pousser les gens à investir dans le 3e pilier. Je ne vois pas d'autres explications.» Un réquisitoire qui ajoute un supplément de légitimité au combat que mène le syndicat Unia contre la baisse des rentes.

Pierre Noverraz