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Pas de jours fériés sacrifiés !

Unia Vaud mène campagne auprès du personnel de vente et de la clientèle en vue des votations du 17 juin.

D'habitude ce sont les commerces qui proposent des bons d'échange à leurs clients. Pas cette fois-ci. Dans le cadre de sa campagne en faveur de l'inscription du 2 janvier et du lundi de Pentecôte sur la liste officielle des jours fériés du canton de Vaud, Unia distribue actuellement aux vendeurs et aux chalands des bons symboliques à troquer contre... deux jours de congé. Jeudi dernier ses représentants se sont rendus dans les magasins de Vögele Mode à Lausanne. Cette enseigne a été choisie suite à un courrier parvenu au syndicat: une employée s'est en effet plainte d'avoir été invitée à diffuser à la clientèle des tracts recommandant de rejeter l'initiative en faveur des jours fériés qui sera soumise au vote le 17 juin prochain.

Les vendeurs, premiers visés
«Cette méthode est scandaleuse!», s'indigne Grégoire Junod, secrétaire syndical. «Le personnel ne peut être utilisé comme un instrument de propagande politique. Cette tactique d'un autre âge viole le Code des obligations qui garantit le respect de la personnalité et la liberté d'opinion.» Seul petit couac: Unia s'est trompé de cible. Des feuillets appelant au rejet du texte prochainement soumis aux urnes ont été effectivement envoyés à Vögele, mais il s'agissait de Vögele Shoes et non de Vögele Mode, deux entreprises distinctes. Cette démarche a été effectuée par l'Association des commerçants lausannois qui aurait demandé que les papillons soient posés aux caisses... Quoi qu'il en soit, ce quiproquo ne remet pas en cause le fondement de la campagne menée par Unia dans l'ensemble du canton. Quant à ses actions spécifiques dans la vente, elles se justifient par le fait suivant: en l'absence d'une inscription claire dans la loi de ces jours traditionnellement chômés, c'est les travailleurs de ce secteur qui risquent, en première ligne, d'être privés de ces relâches. Des précédents ont d'ailleurs déjà eu lieu, des grandes surfaces ayant profité du vide juridique pour ouvrir leurs portes à ces dates.

Question d'égalité
«Un oui majoritaire dans les urnes permettrait d'assurer un traitement égalitaire de tous les salariés», relève Grégoire Junod précisant que si les vendeurs sont aujourd'hui les plus menacés, tous les travailleurs pourraient l'être à terme. La question de l'égalité est aussi abordée au niveau des communes, chacune agissant aujourd'hui à sa guise pour délivrer d'éventuelles autorisations d'ouverture. «C'est l'anarchie la plus totale», intervient à son tour Jean-Paul Rossier, responsable du secteur tertiaire à Unia Vaud. Et de citer quelques exemples de disparité des pratiques d'une localité à l'autre... Le fait que le canton de Vaud ne compte que six jours fériés officiels plaide également en faveur de l'initiative. «Tous les autres en comptent huit ou plus, à l'exception de Schaffhouse et de Neuchâtel qui en ont sept.» Quant à la palme de la générosité en la matière, elle revient au canton d'Argovie avec ses treize jours fériés officiels...

Sonya Mermoud



Témoignages: un oui de solidarité

«Je suis favorable à l'initiative pour les jours fériés», affirme sans hésitation Myriame, auxiliaire de vente chez Vögele Mode à Lausanne. Travaillant depuis 17 ans pour cette entreprise, l'employée glissera un oui dans les urnes plus pour ses collègues que pour elle-même. «Je fais partie des privilégiés. Ici, c'est correct. On ne m'a jamais refusé un pont. En revanche, je connais nombre de vendeurs d'autres magasins qui n'ont jamais droit à deux jours de congé d'affilée, comme mon fils. Ce n'est pourtant pas un luxe.» Avis partagé par une cliente, Marianne, infirmière. «Moi aussi je voterai oui. On peut se passer de faire ses courses ces deux jours. Etendre encore les horaires d'ouverture est excessif. Ou s'arrêtera-t-on donc? Evidemment, plus on élargit l'offre, plus la demande augmente.» Marianne votera elle aussi par solidarité avec les autres salariés. Employée dans les soins, elle a souvent travaillé les week-ends et les jours fériés. «Il y a suffisamment de professions où on ne peut pas prendre congé. Autant que celles qui ne couvrent pas de besoins urgents en soient dispensées. Et si l'on n'inscrit pas ces jours dans la loi, demain tous les salariés pourraient être contraints de travailler...»

SM