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Parcs et jardins partenariat social mis à mal

A genève le ton monte entre les patrons et les syndicats du secteur. Revendications salariales

Ils exigent 135 francs d'augmentation par mois. Les employés des parcs et jardins, dont la dernière modeste hausse de salaire remonte à 2015, ne plieront pas. Préoccupés par le risque de vide conventionnel, travailleurs et syndicats appellent la partie patronale à se rasseoir à la table des négociations pour trouver une sortie à ce conflit.

A Genève, le ton monte entre les patrons et les syndicats du secteur. Alors que les premiers ont dénoncé la CCT, les seconds ne lâcheront pas sur leurs revendications salariales

Les travailleurs genevois des parcs et jardins sont déterminés: ils veulent une convention collective de travail (CCT) plus moderne et mieux adaptée aux réalités auxquelles ils sont confrontés, sur les chantiers mais aussi économiques (hausse des loyers et des primes maladie). Leur revendication phare est salariale, à savoir l'augmentation de 135 francs des salaires mensuels, ou de 75 centimes pour les salaires horaires. Mais les patrons du secteur refusant d'entrer en matière sur ce point, ils ont préféré dénoncer la CCT en août dernier. Les syndicats Unia, SIT et Syna leur ont laissé jusqu'à fin septembre pour revenir à la table des négociations et trouver un terrain d'entente afin d'éviter le vide conventionnel au 1er janvier 2018, mais les patrons jouent la montre et ont refusé de se prononcer avant le 23 octobre, date de mise sous presse de ce journal.

Historique
Quoi qu'il en soit, rappelons tout d'abord que la CCT du secteur des parcs et jardins, datant de 2007, couvre près de 800 travailleurs dans le canton. «Jusqu'ici, elle a toujours été reconduite sans aucune hausse de salaire, à part en 2015», précise Yves Mugny, responsable de la construction à Unia. Les salaires sont alors augmentés de 0,5%. Fin 2016, les travailleurs décident de fixer leur revendication salariale à 135 francs par mois. «Cette proposition a immédiatement été balayée par les patrons, continue Camille Layat, du SIT. Toutefois, ces derniers ont promis d'entrer en matière pour 2018.» C'est ainsi que les négociations reprennent en janvier 2017. «A ce moment-là, les patrons nous disent qu'ils souhaitent renouveler la CCT actuelle pour se donner plus de temps en vue d'en négocier une nouvelle», poursuit la syndicaliste. Les syndicats, qui partagent ce point de vue et acceptent de se donner du temps, conditionnent toutefois cette prolongation à l'augmentation de 135 francs demandée. C'est à ce moment-là que les associations patronales dénoncent la CCT. «Même si on était loin de conclure un accord, les négociations se passaient dans de bonnes conditions, relate Yves Mugny, qui déplore cette attitude. En dénonçant la CCT, un acte fort, les patrons ont cassé la paix qui nous liait.»

Etape décisive
Si le personnel ne se montre pas très rassuré face au vide conventionnel qui le guette au 1er janvier, pour autant, il n'est pas prêt à lâcher sur la question des salaires. Actuellement, un aide-jardinier touche entre 4438 et 4731 francs par mois, un jardinier diplômé d'un CFC gagne entre 4640 et 5146 francs. Des revenus «modestes» selon les syndicats. «Le patronat a proposé une baisse de l'horaire annuel revenant à augmenter les salaires de 1,2% et permettant de couvrir les cas d'intempéries, explique Yves Mugny. Nous lui avons demandé des précisions à ce sujet et proposé de se remettre à la table des négociations pour en discuter. Mais il nous a renvoyé au 23 octobre, car il se réunissait le 20. D'ici là, il nous a demandé d'attendre sagement et considérerait comme illicite toute mobilisation du personnel, sachant pertinemment que le gros œuvre avait prévu de se mobiliser en masse le 21. Nous avons le sentiment qu'il joue la montre dans l'espoir qu'on accepte de renouveler la CCT actuelle en l'état...»
Le 23 octobre, les travailleurs se sont aussi réunis en assemblée générale pour décider des suites à donner: aller de l'avant dans les négociations, ou organiser des actions syndicales pour obtenir les augmentations demandées.

Manon Todesco