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Paix du travail absolue et interdiction de communiquer ? Non!

La faîtière des entrepreneurs à Zurich a des exigences inacceptables pour la reprise des discussions sur la CN

La semaine dernière, Unia est intervenu lors de la foire de la construction, Swissbau, pour demander au conseiller fédéral présent d'intervenir auprès des patrons afin que les discussions pour l'amélioration de la Convention nationale puissent reprendre. Vendredi, ces derniers ont tenté de museler les syndicats et de leur interdire toute action. Les syndicats s'apprêtent à reprendre la lutte.

Le vide conventionnel s'installe dans la construction. Depuis le 1er janvier 2012, la Convention nationale (CN) n'est plus en vigueur. Si les travailleurs engagés avant cette échéance continuent à bénéficier de ses dispositions en vertu de leurs contrats de travail, ceux engagés dès maintenant pourraient l'être à des conditions bien moindres. Les manifestations et grèves des maçons l'année dernière n'ont pas permis de faire reculer la Société suisse des entrepreneurs (SSE), qui s'oppose à l'amélioration de la Convention. Or la réalité sur les chantiers, malgré la bonne santé de la branche, montre une nécessité de mieux protéger les travailleurs, tant au niveau de la maladie et des accidents que contre le dumping salarial et social en nette augmentation.
La semaine dernière, le syndicat Unia s'est invité à la plus grande foire de la construction du pays, Swissbau, qui s'est tenue à Bâle du 17 au 21 janvier, pour distribuer des tracts aux visiteurs. Lors de la journée d'ouverture, le syndicat a remis au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann un casque de chantier portant l'inscription «Plus de protection - Halte au dumping salarial!». Cela en présence du président de la SSE, Werner Messmer, impassible. Unia a demandé au conseiller fédéral d'intervenir auprès des entrepreneurs pour qu'ils acceptent de signer une convention avec de meilleures protections. Le syndicat veut aussi, outre le renforcement des mesures d'accompagnement, la mise en place du principe de responsabilité solidaire permettant, à l'instar de ce qui existe pour la qualité des travaux, d'imposer le respect des salaires et des conditions de travail aux sous-traitants.

Remettre de l'ordre dans l'écurie
Lors du discours du conseiller fédéral, des syndicalistes vêtus de pulls portant chacun une lettre, se sont hissés sur leur chaise, déployant sur la largeur de l'auditoire, une banderole humaine arborant: «La convention maintenant - Stop au dumping salarial». Johann Schneider-Ammann est dès lors intervenu sur la question et a appelé les partenaires sociaux à reprendre le chemin du dialogue pour trouver une solution. Car, a-t-il dit, il est nécessaire qu'il y ait «de l'ordre dans l'écurie», tant au niveau conventionnel que sur le plan de la libre circulation des personnes.

Laisse et muselière refusées
Vendredi dernier, lors d'un rendez-vous déjà convenu auparavant, une tentative de reprise des négociations a eu lieu entre les syndicats et la SSE. Mais Unia et Syna se sont à nouveau confrontés à l'intransigeance des entrepreneurs. Les syndicats ont proposé de prolonger la CN jusqu'à fin mars et de négocier rapidement une nouvelle convention avec plus de protections. Ce qui ne laisserait qu'une petite période de flottement entre l'application de l'ancienne et l'entrée en vigueur de la nouvelle. «Les patrons ont refusé et voulaient nous poser des conditions inacceptables pour la reprise des pourparlers», relève Pietro Carobbio, membre de la délégation de négociation d'Unia. Leurs conditions? «Ils exigeaient une paix absolue du travail, même pendant le vide conventionnel, et le silence durant toutes les négociations, avec interdiction d'informer sur l'état des discussions. Une véritable muselière», explique le syndicaliste. «Ils nous ont dit que soit on signait ces conditions, soit c'était la fin du partenariat social. C'est absolument irresponsable! Car s'il n'y a pas de solutions concrètes aux problèmes concrets, nous reprendrons la lutte.» 


Sylviane Herranz