Ouvertures dominicales: Unia monte au front
Unia Genève s’oppose à l’ouverture des magasins deux dimanches en plus de la date du 31 décembre, comme le souhaiteraient les milieux patronaux. Et annonce le lancement d’un référendum si le projet passe la rampe du Grand Conseil.
Pouvoir ouvrir les commerces deux dimanches supplémentaires en plus du 31 décembre, jour férié à Genève: voilà dans quel sens la droite au Grand Conseil genevois souhaite modifier la Loi sur les horaires d’ouverture des magasins (LHOM). Cette proposition, à l’ordre du jour de la session des 22 et 23 mai, fait bondir Unia, qui s’y oppose catégoriquement. Et pour cause. Cette possibilité est aujourd’hui conditionnée à la conclusion d’une convention collective de travail (CCT) de force obligatoire, actuellement inexistante. Mais les associations patronales souhaitent abroger cette obligation. «Après une longue bataille juridique, la droite, majoritaire au Parlement cantonal, veut passer en force», s’indigne Yves Defferrard, secrétaire régional d’Unia Genève. Dans ce contexte, le syndicat annonce déjà le lancement d’un référendum.
Sur le pied de guerre
«Nous sommes sur le pied de guerre et allons créer un comité unitaire englobant bien sûr la CGAS, mais aussi les partis de gauche et diverses associations refusant cet élargissement. Nous disposerons de quarante jours pour récolter quelque 5000 signatures valables», ajoute le syndicaliste, insistant sur l’absence de CCT et de facto de meilleures conditions pour le personnel. «L’accord pourrait par exemple prévoir un week-end entier de libre par mois pour les salariés. Pour beaucoup d’entre eux, cette possibilité n’existe pas.» Secrétaire syndical à Unia Genève responsable du tertiaire et de l’industrie, Yan Giroud insiste: «Il ne faut pas oublier que la population a voté sur la LHOM actuelle. Cette dernière spécifie clairement que l’introduction de deux dimanches supplémentaires travaillés est conditionnée à une CCT de force obligatoire et c’est sur cette base-là que le projet avait été accepté par le peuple. Retirer cette clause est une violation de la volonté populaire».
D’autres corps de métiers concernés
Dans tous les cas, affirment les représentants d’Unia, le personnel de la vente s’oppose fermement à cet élargissement des horaires qui nuit à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, particulièrement durant une période déjà éreintante de l’année. Et même en cas de compensation, ils estiment l’idée irrecevable, notamment au vu des conditions de travail délétères qui prévalent actuellement dans le milieu de la vente: pressions au chiffre et au rendement, diminution du personnel et pratiques antisyndicales agressives et décomplexées.
Yves Defferrard souligne encore qu’une telle option aurait aussi des incidences sur d’autres corps de métiers concernant notamment la logistique. Quoi qu’il en soit, si la récolte de signatures aboutit, ce sera au peuple de trancher. «Et Unia mettra les forces nécessaires pour faire capoter ce projet.»