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Novartis foison d'alternatives à la fermeture

Vendredi dernier, les experts, les délégués du personnel de Novartis et Unia ont remis leurs propositions à la direction

Le maintien du site Novartis de Nyon est possible. C'est la teneur du rapport des experts, tous issus des rangs des salariés de l'entreprise, remis vendredi passé aux dirigeants de Novartis. Une panoplie de mesures, allant de la hausse de la rentabilité à la mise en valeur des terrains, ont été répertoriées. La direction de la multinationale devrait se prononcer sur ce rapport en janvier.


C'est avec optimisme et espoir que Yves Defferrard, secrétaire syndical d'Unia, Celio Rodrigues et Jakob Zijlstra, présidents des deux commissions d'entreprise, ont relaté aux médias la remise du rapport des experts aux directions suisse et internationale de Novartis vendredi dernier à Nyon. «Les dirigeants ont été attentifs et ont posé beaucoup de questions pointues auxquelles les experts ont pu répondre sans peine. Ces derniers ont travaillé jour et nuit. De nombreuses heures leur ont été accordées sur leur temps de travail pour construire ce dossier. J'ai été personnellement épaté par leur travail et je crois que la direction aussi», relève Yves Defferrard. Le syndicaliste a également salué la transparence qui a prévalu ces deux dernières semaines de la part de la direction.
La trentaine d'experts, tous salariés de Novartis à Nyon-Prangins et donc connaissant parfaitement le fonctionnement de leur usine, ont rendu un rapport d'une centaine de pages riche d'alternatives à la fermeture du site. Une fermeture synonyme de 320 licenciements et d'environ autant de personnes déplacées.

Augmentation de la productivité
Beaucoup de chiffres et de mesures restent confidentiels en attendant la réponse de Novartis qui devrait tomber courant janvier, mais certains éléments ont toutefois été dévoilés. Le rapport relève que des économies sont possibles, à court et à long terme, tout comme l'augmentation de la productivité. Celio Rodrigues mentionne notamment l'uniformisation des tubes qui permettrait de réduire les coûts des contenants, ou encore des modifications dans la planification. «Actuellement, nous faisons, par exemple 10000 unités - entre 60 et 300 par minute, ce qui représente environ deux heures de travail - puis nous changeons de produit. Ce qui nécessite un changement de format, le nettoyage des lignes, etc. Ce n'est pas rentable. Alors que nous pourrions prendre exemple de l'usine de Wehr (ndlr: où Novartis prévoit de transférer la production de Prangins) qui, durant 28 jours, fait un même produit», explique Celio Rodrigues.
Celui-ci rappelle aussi que jusqu'à présent l'usine de Prangins tourne cinq jours sur sept, alors qu'il serait possible de travailler le week-end (ce que prévoit la convention collective). La productivité des machines d'environ 50% actuellement pourrait ainsi s'élever à 80%. Une augmentation qui nécessiterait, par conséquent, davantage de production. Pour les experts, le travail effectué par des sous-traitants, extérieurs à Novartis, essentiellement en Europe, devrait ainsi être rapatrié. «Ces transferts ne signifient pas pour les sous-traitants la fermeture d'une usine, mais une réorganisation. Car nous ne voulons pas imposer ce que vivent les salariés de Nyon aujourd'hui à d'autres», explique Yves Defferrard, pour qui la Suisse reste compétitive. « Il n'y a pas que les facteurs financiers, mais aussi la stabilité politique et économique, ainsi que la qualité du travail. Si c'est une période actuellement difficile pour l'exportation, la Suisse garde de nombreux atouts.»

Réaménagement des terrains
Hormis des économies d'énergie (notamment avec une meilleure isolation des bâtiments) et de gestion des déchets et des transports, le rapatriement du personnel administratif de Genève permettrait aussi de réduire les charges locatives. Parallèlement le site de Prangins peut être densifié de 27 à 40% environ avec l'extension des bâtiments de production et la création de bâtiments administratifs qui permettrait une meilleure organisation. Ces investissements pourraient être financés en partie par la vente d'une surface de 28000 m2 (sur un total de 88000 m2) actuellement inutilisé par Novartis. Ce terrain, en zone prés et champs, devrait être déclassé afin de rendre le terrain constructible et ainsi renchérir son prix. Pour ce faire, les défenseurs du site de Novartis attendent des autorités locales qu'elles facilitent cette modification du plan de quartier.
Le rapport propose donc des économies, sans aucune concession salariale ou de postes, mais aussi des investissements qui pourraient rendre le site encore plus attractif. Reste que de nombreuses inconnues demeurent. Jakob Zijlstra: «Nous n'avons que les chiffres de Prangins. Nous n'avons donc pas pu faire des comparaisons avec Wehr ou d'autres sites de Novartis...»
Aux dirigeants de la multinationale maintenant de plancher sur ce rapport. Mais prendront-ils réellement en compte les propositions des salariés? Ainsi que celles du groupe de travail du Conseil d'Etat vaudois (qui, pour l'heure, ne souhaite pas communiquer sur ses démarches)?
Et qu'adviendra-t-il du site bâlois, où des propositions pour sauver les 760 emplois menacés ont aussi été remises à la direction la semaine dernière? Autant d'interrogations qui devraient trouver réponses début 2012...


Aline Andrey



Dépôt de la pétition
Enième et dernière action du personnel de Novartis et d'Unia avant la fin de l'année: aujourd'hui, mercredi 21 décembre, une pétition réunissant plus de 15000 signatures contre les licenciements collectifs chez Novartis sera remise à la direction de l'entreprise à Bâle.

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