Droguiste valaisan, Dominique Garrone a récemment publié un livre pour apprendre à se soigner naturellement. A l’écoute du Grand Druide
Pousser la porte de la droguerie Garrone, à Monthey, c’est pénétrer dans une ruche bourdonnante. En ce jeudi après-midi, le vaste et chaleureux espace abritant foule de potions en tous genres ne désemplit pas. Le maître des lieux, Dominique Garrone, interrompt régulièrement la discussion pour répondre aux sollicitations de chalands avides de conseils personnalisés. Ou désireux d’échanger quelques mots avec le sympathique et charismatique Valaisan. Epaulé par une équipe compétente réunissant ses trois enfants, son épouse et sa belle-sœur, celui que l’on surnomme le Grand Druide, a noué avec ses clients une relation particulière. Et son savoir étendu comme sa gentillesse lui valent une popularité dépassant largement le seul cercle de la ville valaisanne. Depuis plus de 40 ans, l’homme de 68 ans soulage, soigne et fortifie ainsi grands et petits grâce aux plantes qui ne recèlent plus de secrets pour lui. Des connaissances qu’il a partagées dans un récent ouvrage*, publié avec la complicité de la journaliste Véronique Desarzens. Dans ce grimoire contemporain, le sexagénaire dévoile ses solutions naturelles pour traiter près de 200 indications. Un manuel qui couronne une pratique et un intérêt pour un métier aux racines profondes. «Gamin, mes parents m’envoyaient faire des achats à la droguerie. J’étais déjà fasciné par ce monde d’odeurs. Et à chaque fois, on me donnait un bout de bois doux», se remémore l’actif retraité, qui confie aussi avoir toujours été intéressé par le savoir ancestral de certains peuples. Et n’a eu de cesse d’affiner sa science tout au long de son parcours.
Poisons remboursés par l’assurance
«J’avais toutes ces recettes dans ma tête. On m’a demandé d’en faire un livre», explique Dominique Garrone avec un fort accent du coin. D’une nature généreuse, ouvert, le truculent droguiste a toujours privilégié l’usage de produits sans chimie à «l’artillerie lourde médicale». «Attention, nuance-t-il toutefois, je ne suis pas contre la médecine conventionnelle. Si vous avez par exemple une tension de 200/140, mon mélange ne va pas suffire, mais nombre de maux peuvent être soignés différemment. Les docteurs devraient marcher main dans la main avec les artisans du naturel. Mais, hélas!, ils agissent rarement dans ce sens», regrette le droguiste fustigeant la prescription systématique de médicaments. Tout en attirant l’attention sur leurs effets secondaires et les affections qui y sont liées. «Des patients ne lisent pas les notices et s’empoisonnent, car c’est remboursé par la caisse maladie», ironise Dominique Garrone, soulignant également les «interactions impossibles à contrôler», dès qu’on mélange plus de cinq médicaments. «En discutant avec les clients, on parvient à identifier des problèmes et souvent à les résoudre. Mon credo est de chercher à soigner d’abord avec des remèdes naturels. Il suffit parfois de peu pour rééquilibrer la santé», affirme Dominique Garrone, citant plusieurs cas où ses «ordonnances» ont fait des miracles. «Je draine des émonctoires – foie, intestins, reins, poumons et peau. Je soutiens des forces morales et d’autoguérison avec de merveilleuses petites plantes.» Et le Valaisan d’insister sur la générosité de la Nature qui «nous donne tout et qu’on détruit» et dont on tire 80% des médicaments.
Garder un esprit critique
«Les fleurs de la reine-des-prés, par exemple, contiennent de l’acide salicylique, le principe actif de l’aspirine», rappelle le droguiste qui, questionné sur son produit phare, mentionne l’Elixir du Suédois. «Dégueulasse à boire, mais redoutablement efficace. Un cocktail renfermant quarante plantes. A prendre tous les jours, à titre préventif et curatif», préconise le droguiste qui, en cette période de crise sanitaire, a aussi développé sa propre solution homéopathique pour faire barrage au coronavirus. Des gouttes visant à booster le système immunitaire. «Une préparation qui rencontre un large succès.» Avec le franc-parler qui le caractérise, Dominique Garrone confie encore sa méfiance par rapport aux vaccins anti-Covid. «Nous ignorons tout de leurs conséquences potentielles à long terme. Nous n’avons aucun recul», s’inquiète le droguiste qui, bien qu’ayant subi quatre pontages, ne se fera pas piquer. «Je ne remets pas en question l’ensemble des vaccins. Mais il ne faut pas non plus se départir de son sens critique et perdre de vue les intérêts financiers en jeu», note le droguiste, également sceptique sur le port des masques hors milieu hospitalier. «Ils sont responsables d’un accroissement des mycoses œsophagiennes. On est fait pour respirer de l’oxygène, pas du gaz carbonique.» Les masques, Dominique Garrone les apprécie seulement... en temps de carnaval. Un événement qu’il a toujours fêté sauf cette année, Covid oblige.
L’amitié en prime
«Je suis tombé gamin dans la marmite. Avec une équipe d’amis, nous réalisons à chaque édition, depuis 50 ans, un char», indique ce bon vivant qui, en 1997, a été prince du carnaval. «Entouré de mes gardes, je m’étais déguisé en pape puis en maharadja.» Des étoiles dans les yeux, Dominique Garrone évoque ces moments de franche rigolade et d’amitié. Un dernier mot qui reviendra souvent sur les lèvres de ce sportif qui, ancien joueur de football, a aussi entraîné deux décennies durant des équipes locales. Par amour du ballon rond autant que par esprit de camaraderie et plaisir des liens tissés. «Le terrain quitté, on ne rentrait pas tout de suite...» sourit le sexagénaire, aussi féru de course à pied et de balades en montagne. De quoi ressourcer cet hyperactif qui, bien qu’à la retraite, n’est pas près de rendre sa blouse de droguiste. «Soigner les gens, c’est ma vie. On n’arrête pas une passion», lance Dominique Garrone qui, heureux de son existence, n’en changerait pas une virgule. «Je vais continuer à travailler à temps partiel. Les champignons me verront juste un peu moins...»
*Dominique Garrone, Véronique Desarzens, Soignez-vous naturellement. Suivez le Grand Druide!, Editions Attinger, 2020.