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Merck Serono: détermination sans faille

Après un débrayage, une 7ème assemblée et un voyage à Darmstadt, le personnel attend que la direction analyse les alternatives

Afin de renforcer leurs revendications, les employés de Merck Serono ont, le 5 juin dernier, débrayé durant une heure. La veille, ils ont tenu une assemblée générale durant laquelle ils ont adopté des propositions alternatives à la fermeture du site. Ces dernières ont été soumises à la direction. Les collaborateurs de l'entreprise attendent que celle-ci se détermine d'ici la fin de la semaine. Sinon, ils n'excluent pas de faire grève... Le 30 mai, une délégation du personnel, formée de 150 employés, avait par ailleurs fait le voyage à Darmstadt, en Allemagne, au siège du groupe pour protester contre les milliers de postes qu'il entend supprimer. Retour en images sur cet épisode et derniers événements.

Pour donner davantage de poids à ses revendications et manifester sa détermination à la lutte, le personnel de Merck Serono a, le 5 juin dernier, débrayé une heure durant. Cet arrêt de travail est intervenu au lendemain de la septième assemblée générale du personnel qui a rassemblé quelque 650 collaborateurs. A cette occasion, les participants ont adopté les propositions visant à sauver une partie des postes à Genève. Ces projets ont été remis ce même jour à la direction. Les employés attendent que cette dernière se prononce d'ici la fin de la semaine sur leur contenu. Dans le cas contraire, ils pourraient bien faire grève le 12 juin prochain - un préavis a été voté dans ce sens et sera validé ou non lors de la nouvelle réunion du personnel le 11 juin. Les alternatives à la fermeture du site s'appuient sur trois scénarios.

Des alternatives à la fermeture du site
Le premier scénario vise au maintien d'un «Merck Serono Hub» à Genève, intégré dans le tissu de recherche biotechnologique dans la région lémanique. «L'idée est de conserver les compétences clefs de l'entreprise», précise Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève. Le second et le troisième se fondent sur la création d'un «Merck Serono Swiss Biotech Center of Expertise» ou sur l'implantation d'un «Geneva Biotech Cluster», en coopération avec des acteurs privés et publics, notamment les centres universitaires et hospitaliers de la région. Pour mener à bien ces projets, les employés demandent notamment l'augmentation du fonds prévu à la création de spin-off et start-up et son extension à toute activité prévue. Ils réclament également la cession des infrastructures et misent aussi sur le soutien de la task-force récemment créée. Formée par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l'économie, des autorités genevoises et les Hôpitaux universitaires de Genève et Lausanne, cette dernière devrait se réunir prochainement. Pour l'inciter à agir dans les plus brefs délais - la passivité des autorités a fait l'objet de vives critiques - l'assemblée du personnel a décidé de manifester, ce samedi 9 juin à 14 heures devant l'entrée principale de Merck Serono) et invite la population à se joindre au mouvement.

Manifestation helvético-allemande
«Les propositions faites tiennent la route. Représentants du personnel et syndicaux ont travaillé d'arrache-pied à la recherche de ces solutions. Nous entendons bien être pris au sérieux», commente encore Alessandro Pelizzari, relevant la colère des employés vis-à-vis de l'attitude de la direction allemande de Merck Serono, rencontrée à Darmstadt le 30 mai dernier. «Cette dernière, représentée par Dietmar Eidens, Kai Beckmann et le président du conseil d'administration François Naef, a campé sur ses positions. Nerveuse, elle a néanmoins renoncé à annoncer ce jour-là de nouvelles restructurations en Allemagne et en France.» Et pour cause. Une délégation forte de 150 personnes avait fait le voyage jusqu'au siège du groupe, rejointe à midi par un millier de collègues allemands. Ensemble, ils ont manifesté contre la suppression massive d'emplois prévue, avant pour un certain nombre d'entre eux, de défiler dans la ville afin de sensibiliser la population à ces licenciements. «Il n'y avait plus eu de protestation sur le site de l'entreprise depuis 1971», relève encore le syndicaliste, ravi par cet élan de solidarité.
Lors de l'assemblée générale du personnel tenue le lendemain, la délégation rentrée de Darmstadt, en blouse blanche, mégaphone et drapeaux à la main, a été chaleureusement accueillie par ses collègues, plus déterminés que jamais à poursuivre la lutte et réclamant de vraies négociations sur les alternatives présentées à la fermeture de la filiale genevoise.


Sonya Mermoud