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Lonza: la menace de grève a payé

Soutenus par Unia et Syna, les travailleurs de Lonza ont jusqu'au 31 décembre pour élaborer des propositions alternatives

Suite au préavis de grève voté par les travailleurs, Lonza a accepté de prolonger le délai de consultation au 31 décembre prochain. Cette période doit permettre au personnel, soutenu par les syndicats Unia et Syna, de plancher sur des alternatives aux 400 licenciements prévus. Les partenaires sociaux participeront en outre à la task force qu'a promis de créer au plus vite le gouvernement valaisan pour éviter la suppression des postes annoncée.

Préavis de grève payant! Réunis lundi 12 novembre dernier en assemblée du personnel, quelque 150 ouvriers ont pris connaissance avec satisfaction des premières suites données à leurs revendications. Ces derniers avaient menacé de débrayer, si Lonza refusait de prolonger le délai de la procédure de consultation. Requête entendue. La direction a accepté de repousser l'échéance au 31 décembre prochain. «Ce laps de temps devrait suffire», estime German Eyer, secrétaire de la section Haut-Valais d'Unia. Et de préciser que 21 travailleurs et représentants syndicaux vont plancher, au sein de différents groupes de travail, sur des alternatives aux licenciements. Pour mener à bien cette tâche, ils ont réclamé au groupe chimique bâlois toutes informations économiques pertinentes. Avec succès.

Actionnaires toujours plus gourmands
«Nous allons les examiner dans le détail», poursuit le syndicaliste non sans relever que l'usine de Viège est florissante. «On s'attend cette année à un bénéfice de 10%, avant le paiement des impôts et les amortissements. Mais les actionnaires font pression. Ils veulent le double d'ici à 2015. C'est du capitalisme pur», déplore le syndicaliste qui demeure néanmoins persuadé qu'il sera possible de sauver les postes menacés. «Nous devrons nous battre, mais si la volonté est là, nous y arriverons. Nous trouverons des solutions.» Parmi les 400 personnes menacées de licenciement, 130 se trouvent sous le régime d'une Convention collective de travail (CCT) signée par Unia, Syna et la direction, une centaine sont des temporaires, les autres ayant des contrats individuels. «Nous avons déjà trouvé des alternatives pour plus de la moitié des 130 ouvriers sous CCT, entre des possibilités de préretraites et de reclassement interne. Notre but: zéro licenciement pour ces derniers.» A noter que la direction s'est aussi engagée à ne procéder à aucun licenciement d'ici mars 2013. Pour mémoire, elle avait déjà monnayé avec les partenaires sociaux cette garantie en juillet 2011 exigeant en échange qu'une partie de ses collaborateurs travaillent davantage, soit 1,5 heure de plus par semaine, sans compensation financière. Une disposition entrée en vigueur le 1er septembre 2011 et qui se termine en mars 2013. «Bien sûr, les travailleurs concernés par cette mesure sont très fâchés. Les efforts ne sont pas récompensés...»

Rabais octroyés
La task force, sous l'égide de Jean-Michel Cina, chef du Département valaisan de l'économie, aura aussi sa part de travail. Avec la collaboration promise de Lonza et des partenaires sociaux, elle devra mettre en place des mesures d'accompagnement pour l'amélioration des conditions-cadres de la politique industrielle. «Cette dernière durera au-delà du 31 décembre. Elle aura pour thème central le dossier de l'énergie. La Lonza a bénéficié cette année d'un rabais sur sa facture énergétique de 1,5 à 2 millions de francs. On ne peut faire davantage de réduction. Il faut se tourner vers d'autres solutions. Il y a notamment un projet de turbine à gaz à l'étude», explique encore German Eyer, relevant que la consommation d'électricité de la Lonza est à elle seule assimilable à celle de tout le Haut-Valais. Alors que le groupe a aussi déjà profité de rabais fiscaux.
Plusieurs séances de travail sont d'ores et déjà programmées avec les ouvriers qui, relève German Eyer, restent mobilisés. «Ils veilleront à ce que les promesses de Lonza soient tenues et leurs propositions sérieusement analysées. Si tous ne jouent pas le jeu, un nouveau préavis de grève pourrait être lancé.»


Sonya Mermoud