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L'industrie vaudoise menacée par la hausse du temps de travail

Cinq entreprises dont Tesa envisagent ou réclament une augmentation des heures travaillées sans compensation

Vaud est le canton romand le plus touché par la volonté patronale, dans l'industrie, de faire travailler ses employés gratuitement au-delà des horaires conventionnels. Les patrons justifient cette pratique en raison du renchérissement du franc suisse. Unia dénonce la tentative des employeurs de mettre à l'écart le syndicat de ces discussions et exige de la transparence et des garanties pour entrer en matière sur une éventuelle augmentation du temps travaillé.

Faire payer aux employés la cherté du franc par une augmentation du temps de travail sans compensation. C'est l'option choisie par une quinzaine de firmes de l'industrie en Suisse, dont cinq pour le seul canton de Vaud. Unia prend la menace très au sérieux: «Nous sommes extrêmement préoccupés par la tournure des événements dans la région ces dernières semaines. Nous faisons face à des entreprises qui souhaitent imposer des prolongations de la semaine de travail jusqu'à 45 heures au lieu de 40 pour une durée allant jusqu'à 24 mois», déplore Yves Defferrard, responsable du secteur à Unia Vaud. Certaines entreprises, signataires de la convention des machines (Swissmem), déposent une demande auprès de la commission du personnel de l'entreprise comme le prévoit la procédure conventionnelle. D'autres, non-signataires, décident arbitrairement d'un congé-modification du contrat de leurs employés, avec deux à trois jours de délai de réflexion. Si les salariés refusent, ils prennent le risque d'être licenciés: «C'est complètement illégal. Les sociétés qui procèdent de la sorte s'exposent à des mesures de lutte», indique le syndicaliste.

Tesa inflexible?
Tesa Technology à Renens, l'un des leaders des instruments de précision, est une entreprise conventionnée. La direction de la firme, qui compte près de 400 collaborateurs, a déposé une demande maximaliste à sa commission du personnel: 45 heures, soit 5 heures de travail hebdomadaire bénévole en plus, pendant 24 mois. Et a exigé une réponse rapide en tentant d'écarter le syndicat et en refusant pendant plusieurs jours la tenue d'une assemblée générale. «La direction exerce de cette manière une pression invraisemblable sur la commission», constate Yves Defferrard. Le secrétaire syndical s'étonne de cette fermeture de la part de Tesa, alors que le partenariat social, depuis plusieurs années, s'est avéré excellent dans l'industrie vaudoise et dans cette entreprise pour faire face à la crise. «De plus, Unia est l'un des principaux contractants de la Convention collective nationale des machines. Il est absurde de refuser de s'asseoir à la même table que le syndicat pour discuter d'un enjeu d'une telle importance.» Unia déplore ne disposer d'aucune information chiffrée sur les difficultés économiques de l'entreprise pour donner son expertise sur la pertinence de l'augmentation du temps de travail. «Nous n'avons obtenu ni les comptes d'exploitation, ni le montant des réserves, ni la proportion des produits achetés et vendus en euros et en francs suisses.» Aucune garantie n'a non plus été donnée quant au fait qu'aucun bénéfice supplémentaire ne serait versé aux actionnaires pendant la période concernée par l'augmentation des horaires. A l'heure où nous mettions sous presse, Unia espérait que la direction de Tesa accepte enfin des négociations sérieuses dans l'intérêt de tous les salariés.

Litige à Genève
A Genève, seul GF AgieCharmilles a pour l'instant réclamé une hausse du temps de travail selon les informations reçues par Unia. Mise sous pression, la commission du personnel a accepté d'entrer en matière sur une augmentation du temps de travail à 43 heures par semaine. Mais Unia Genève conteste la légalité du procédé utilisé par la direction: «L'entreprise ne peut se contenter de consulter la commission du personnel. L'article 57.1 de la CCT des machines précise bien qu'une telle décision doit être prise en collaboration avec les parties contractantes impliquées. Des discussions avec le syndicat sont donc indispensables», explique Luis Blanco, secrétaire syndical à Unia Genève.

Christophe Koessler