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Licenciements suspendus chez Stahl Gerlafingen

Vania Alleva d'Unia et des employés de l'aciérie poing levé.
© Manu Friederich

La mobilisation du personnel de l'aciérie Stahl Gerlafingen, soutenue par les syndicats, a fini par payer. Ici, des employés en compagnie de Vania Alleva, présidente d'Unia, lors de la manifestation du 9 novembre.

Après des manifestations, une pétition et des interventions parlementaires en faveur de l’aciérie soleuroise, celle-ci va avoir recours au chômage partiel.

La forte mobilisation des travailleurs et des travailleuses de Stahl Gerlafingen, soutenue par les syndicats, a fini par payer. Après deux manifestations pour exiger l’abandon des licenciements annoncés en octobre dans l’aciérie soleuroise, une pétition ainsi que des interventions parlementaires, la direction de l’entreprise a annoncé ce 20 novembre qu’elle renonçait pour l’instant aux 120 suppressions de postes prévues. Au lieu de cela, une partie des salariés sera mise au chômage partiel.

C’était une des revendications centrales des syndicats mobilisés sur ce dossier, dont Unia. Ceux-ci se félicitent du fait que «tous les emplois pourront être maintenus jusqu'à ce que les mesures politiques de soutien à l'aciérie entrent en vigueur». Pour eux, le maintien du savoir-faire et des capacités de production à Gerlafingen est fondamental afin de garantir durablement la production d'acier recyclé pour le secteur suisse de la construction. Et de saluer l'attitude constructive de la direction et des propriétaires tout au long de la phase de consultation. «Il est positif que l'entreprise ait compris qu'elle ne peut faire face à la situation actuelle qu’en s’appuyant sur son personnel», écrivent Unia, Syna, la Société suisse des employés de commerce et Employés Suisse dans un communiqué commun.

Le 21 octobre, près de 500 salariés de Stahl Gerlafingen se sont rassemblés devant le Palais fédéral. Le 9 novembre, une nouvelle manifestation, réunissant plus de mille personnes, a eu lieu devant le site de l’aciérie, dans la commune de Gerlafingen. A cette occasion, une pétition munie de plus de 15000 signatures a été remise à la direction de l’entreprise, après avoir déjà été envoyée au conseiller fédéral en charge de l’Economie, Guy Parmelin.

Les syndicats ont alors souligné qu’il n’y avait plus aucune raison de licencier des personnes à court terme, dès lors que le Conseil fédéral a explicitement prolongé la durée maximale d'indemnisation en cas de chômage partiel à 18 mois pour l'industrie à forte consommation d'énergie. Par ailleurs, de nouveaux instruments de promotion seront disponibles à partir du 1er janvier 2025 pour soutenir financièrement celle-ci dans sa décarbonisation.

Steeltec à son tour en difficulté

Le 14 novembre, l’entreprise lucernoise Steeltec, appartenant au groupe Swiss Steel, a annoncé à son tour vouloir supprimer 130 emplois. Avec Stahl Gerlafingen ce sont les deux dernières aciéries de Suisse.

Entre-temps, le Parlement s’est lui aussi saisi du sujet. Le 15 novembre, la Commission de l'économie et des redevances du Conseil des Etats s’est prononcée en faveur des motions «Des mesures d'urgence pour Stahl Gerlafingen» et «Accorder un financement transitoire à l'industrie sidérurgique afin de verdir la production et de conserver l'activité en Suisse». De son côté, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national a décidé le 19 novembre de soutenir la solution proposée par le Parti socialiste pour aider l’industrie de l’acier, qui consiste en un rabais temporaire sur les taxes d'utilisation du réseau électrique. En contrepartie, des garanties sont demandées aux entreprises pour le maintien des sites de production, et donc des emplois. Les discussions se poursuivront en plénum lors de la session d'hiver des Chambres.

L’argument climatique

Les syndicats attendent désormais du Conseil fédéral qu’il intervienne aussi, en édictant des directives contraignantes pour l'utilisation d'acier recyclé à faibles émissions dans les marchés publics et dans l'ensemble du secteur de la construction, ce qui permettrait aux aciéries suisses de proposer des offres compétitives face à la concurrence étrangère. La loi révisée sur la protection de l'environnement et la nouvelle loi sur la protection du climat offrent des bases légales à cet effet.

Un argument que met aussi en avant la Grève du climat, représentée à la manifestation du 9 novembre, en rappelant que l’acier joue un rôle important dans la transition écologique, pour le développement du réseau ferroviaire et la construction d’éoliennes ou de pompes à chaleur. Importer de l’acier à bas prix «génère des émissions de CO2 bien plus importantes que l’aciérie de Gerlafingen», qui propose une production locale et recycle de grandes quantités de métal.

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