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Libérons-nous de la pub!

La Ville de Genève pourrait être débarrassée de la publicité commerciale dès le 1er janvier 2025. Une décision qui appartient aux électeurs, appelés à se prononcer lors de la votation du 12 mars. En effet, en cas de victoire, l’affichage commercial dit papier sur le domaine public de la Cité de Calvin sera interdit. L’affichage culturel, politique, associatif, caritatif ou encore à portée éducative ou sportive ne sera pas concerné. Mais alors qu’adviendra-t-il des plus de 700 panneaux recensés dans la ville? Ils seront réorganisés afin, d’abord, de faciliter la circulation sur les trottoirs. Une bonne nouvelle pour tous les utilisateurs de fauteuils roulants et autres poussettes qui galèrent. Mais aussi d’un point de vue esthétique, pour protéger les sites et le paysage urbain de cette pollution visuelle. L’initiative prévoit également que des affichages vierges soient mis à la disposition de la population pour laisser libre cours à son expression artistique et citoyenne, mais aussi pour que des associations ou des institutions locales sans but lucratif puissent communiquer.

Les associations à l’origine de cette initiative en 2017 se battent contre un système publicitaire agressif, qui pousse à la surconsommation et donc à la surproduction d’objets et de déchets. Un cercle vicieux qui n’épargne pas l’environnement et qui affecte, par la force des choses, le climat. Par ailleurs, en poussant sans cesse les gens à consommer, en créant de nouveaux besoins qui ne le sont pas, la pub entraîne certains, plus vulnérables ou plus précaires, vers l’endettement. Il n’est pas rare, à l’heure actuelle, de passer devant une affiche prônant le dernier SUV à la mode et, la rue d’après, d’en croiser une autre incitant aux achats à crédit ou aux jeux d’argent. C’est ce cercle vicieux et nocif de la publicité que dénoncent les initiants. Sans oublier les stéréotypes véhiculés dans ce domaine. Même si d’énormes efforts ont été faits ces dernières années, les affiches ne mettent encore pas suffisamment en avant la diversité des corps, des genres, des âges ou des couleurs, et l’hypersexualisation des femmes est encore clairement un problème à thématiser.

Pour les opposants, grosso modo la droite et les patrons, prohiber la pub nuirait à l’économie locale. L’enquête menée par le comité unitaire Zéro Pub prouve exactement le contraire. Sur les 708 panneaux commerciaux répertoriés, 76% servent la sauce de seulement 17 entreprises. Parmi elles, Coop, Migros, Swiss, 20 Minutes, la Loterie Romande ou encore Coca-Cola, Sunrise et Nissan. En même temps, quand on sait qu’un panneau publicitaire coûte entre 2100 francs et 22500 francs la semaine, est-ce que les petits commerçants et artisans du coin peuvent se permettre ce luxe? Clairement, non. Ce sont les grandes entreprises nationales et internationales qui dominent. Quelle ville veut-on? En s’affranchissant de cette pub, symbole du capitalisme destructeur, on donne l’opportunité aux citoyens de reprendre possession de l’espace public, d’être créatifs, de donner à voir du beau. En votant Oui dimanche prochain, Genève serait pionnière en Suisse, une fois de plus…