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Les patrons ont déterré la hache de guerre

Après la dénonciation de la CCT des parcs et jardins à Genève les travailleurs vont devoir se déterminer sur la suite à donner

A la fin de l'année, les jardiniers genevois risquent de se retrouver sans couverture conventionnelle. Les associations patronales ont en effet dénoncé cet accord, les syndicats refusant de le prolonger sans augmentation des salaires. Les travailleurs seront réunis prochainement en assemblée pour décider de la suite des événements. Des mesures de lutte ne sont pas à exclure.

Sans reprise des négociations, 2018 pourrait marquer un tournant dans les conditions de travail des jardiniers du bout du lac. Le Groupement genevois d'entreprises du bâtiment et du génie civil et JardinSuisse-Genève ont en effet dénoncé le 7 août dernier la Convention collective de travail (CCT) des parcs et jardins cantonale. La raison? Un désaccord avec les syndicats Unia, Sit et Syna qui réclamaient, dans le cadre des discussions en vue du renouvellement de la CCT qui arrivera à échéance à la fin 2017, une augmentation des salaires. Les pourparlers n'aboutissant pas, les associations patronales ont demandé aux syndicats, précisent-elles dans un communiqué, de prolonger l'actuelle CCT de deux ans. «Les employeurs voulaient un blanc-seing pour les deux années à venir, sans aucune modification. Ils souhaitaient disposer de davantage de temps. Nous nous sommes opposés à la prorogation de l'accord en l'état, la hausse de salaire revendiquée n'ayant pas été prise en considération», explique Yves Mugny, secrétaire syndical à Unia. Un refus qui s'est alors soldé par la résiliation de la CCT.

Augmentation légitime
«Cette attitude nous a pour le moins étonné. Les patrons cassent l'outil et déterrent la hache de guerre. Il y a rupture du partenariat social.» Pour le syndicaliste, la requête des travailleurs était pourtant d'autant plus légitime que les salaires n'ont quasi pas été majorés au cours de ces dernières années. A l'exception, en 2015, d'une augmentation très modeste de 0,04% à 0,7% selon les catégories de travailleurs. Une hausse prévue alors dans le cadre d'une Convention romande - projet qui n'a pas abouti - mais conservée dans l'accord genevois. «A la fin de l'année dernière, nous avons réclamé 135 francs de plus par mois ou 75 centimes supplémentaires par heure, selon le mode de rémunération des employés. Les patrons ont estimé que la question était prématurée, qu'elle devait être abordée quand la CCT arriverait à échéance. Et au final, pour 2018, c'est niet», poursuit Yves Mugny. Les patrons ont proposé de leur côté une baisse de l'horaire annuel de travail de 2210 à 2184 heures, sans réduction de la paye, ce qui aurait induit une augmentation des salaires de 1,2%. Une formule qui ne convainc pas le syndicaliste, estimant qu'elle permet seulement de régler le sujet épineux de la prise en charge financière des journées lors d'intempéries...
A noter que les rémunérations des travailleurs genevois du domaine s'élèvent actuellement, pour les aides-jardiniers, entre 4438 et 4731 francs, et pour les professionnels avec CFC, entre 4640 et 5146 francs.

Mesures de lutte potentielles
En l'absence de réouverture des discussions et partant en situation de vide conventionnel, les patrons ont, via leur communiqué, averti les employés du secteur des risques encourus, eux qui «n'auront plus la garantie d'un 13e salaire, d'une retraite anticipée ou d'une 5e et 6e semaine de vacances». «C'est une hypothèse. Les employeurs devraient alors procéder à des congés-modifications et réengager les personnes à des conditions moindres.» Comment vont alors désormais se positionner les syndicats? «C'est aux travailleurs d'en décider. Nous allons organiser prochainement une assemblée. Des mesures de lutte, telles que la grève, pourraient être prises. Il y a clairement violation de la paix du travail» prévient Yves Mugny.
La CCT genevoise concerne près de 250 entreprises réunissant quelque 800 travailleurs du domaine.

Sonya Mermoud