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La vingt-cinquième heure

L’urgence climatique, puis la pandémie nous ont fait quelque peu oublier le danger permanent et bien réel que font peser sur l’humanité les armes nucléaires. Il y a actuellement 14500 ogives entreposées dans les arsenaux de neuf Etats. Leur utilisation, même à une échelle restreinte, est susceptible de faire disparaître une grande partie de la vie sur Terre durant des milliers d’années. Et la menace est croissante, comme nous le rappelle chaque année l'ONG Bulletin of the Atomic Scientists. Ce panel de scientifiques fixera dans quelques semaines l’heure de «l’horloge de la fin du monde» pour 2022. Créée en 1947, cette horloge symbolisant notre vulnérabilité face à l’apocalypse nucléaire indiquait à l’origine minuit moins 7. A la fin de la guerre froide, elle avait reculé jusqu’à 17 minutes avant minuit, puis elle s’est progressivement avancée vers l’heure fatidique. En janvier 2021, elle n’en était plus éloignée que de 100 secondes. Les derniers événements nous rapprochent malheureusement de la vingt-cinquième heure.

La nouvelle administration démocrate entrée en fonction en janvier a maintenu les grandes lignes de la politique étasunienne. L'abandon des grands traités de réduction et d'élimination des armes nucléaires, du partenariat pour la paix avec l’adversaire d’hier ne date d’ailleurs pas de Trump. Le sommet Biden-Poutine de juin à Genève avait pu donner de l’espoir, il a fallu vite déchanter. Les désaccords persistent et l’élargissement de l’OTAN poursuivi à l’Est pousse la Russie dans ses retranchements. L’Ours russe pourrait sortir ses griffes en Ukraine et ailleurs. Mais les Etats-Unis semblent plus préoccupés par la zone indo-pacifique où ils se préparent à une confrontation avec la Chine. Cette réorientation du dispositif militaire US a été marquée par l’abandon du peuple afghan cet été. Il est vrai que la Chine s’arme à toute vitesse, accumulant missiles, bombes atomiques, avions et navires de combat. Et ne cesse de provoquer Taïwan et plusieurs pays voisins. Les menaces de guerre sont très concrètes. Soulignons encore que l'Empire du Milieu a mis au pas Hong Kong et que le Gouvernement chinois a aussi bloqué des informations et refusé des enquêtes indépendantes sur l’origine du Covid, offrant du crédit à l’hypothèse d’une fuite de laboratoire. Pas de quoi pour autant rallier la bannière étoilée. En Asie, comme en Europe, l’Oncle Sam ne défend la démocratie et les droits humains que lorsque son hégémonie en sort confortée.

Soyons non alignés. Nous devons toujours défendre la paix et exiger le désarmement. Il n’y a pas d’autre solution que d’éliminer ces armes. Et de cesser de les fabriquer. La lutte pour la justice climatique va de pair avec la démilitarisation si l’on songe que l’armée US émet plus de gaz à effet de serre que la Suisse. En 2022, face aux marchands de canons et aux fauteurs de guerre, faisons vivre l’internationalisme, la solidarité et la fraternité des salariés et des salariées du monde entier.