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La pilule ne passe plus

«Baisser les primes, augmenter les salaires!» Voilà le mot de ralliement des syndicats pour ce 1er Mai. Un appel pour le moins justifié face à la difficulté croissante de la classe moyenne de maintenir son pouvoir d’achat. Et, pour les moins bien lotis, de garder tout simplement la tête hors de l’eau. Et pour cause. L’inflation et l’explosion des coûts de l’assurance maladie grèvent les budgets des ménages sans que les rémunérations aient été majorées en conséquence. Les bas revenus et les familles peinent de plus en plus à s’acquitter des montants exorbitants réclamés pour leur droit d’accès aux soins. Les primes ont vraiment de quoi les rendre malades. Elles ont plus que doublé en vingt ans. A titre d’exemple, note l’Union syndicale suisse, une famille de quatre personnes devra cette année débourser un montant moyen de 15200 francs, voire, à Genève, de 19700 francs. Et cela sans avoir recouru à des prestations, ni acheté le moindre médicament! Cet état de fait n’a pas empêché pour autant nombre de cantons de couper dans les subsides! Aux assurés de faire des efforts, appelés à changer annuellement de caisse pour rejoindre les moins onéreuses – un tourisme stérile, les primes suivant la courbe des coûts. Ils sont aussi invités à privilégier des modèles de couverture alternatifs plus avantageux. Comme s’ils n’y avaient pas déjà recouru – 80% d’entre eux ont opté pour cette solution. Et ce alors que l’annonce d’une nouvelle flambée des primes semble encore se profiler à l’automne. Cette situation n’est plus tolérable. Dans ce contexte, les syndicats préconisent de soutenir le remède imaginé par le Parti socialiste: le plafonnement des primes à 10% du salaire. Cette proposition sera soumise au verdict des urnes le 9 juin prochain. Pour qu’elle aboutisse, elle nécessitera l’engagement du plus grand nombre. Rien d’impossible, comme l’a prouvé l’adoption de la 13e rente AVS. Un succès historique sur lequel il s’agit de s’appuyer et qui doit servir d’aiguillon à la mobilisation.

Ce 1er Mai sera aussi consacré à la question des augmentations des rémunérations. Un autre impératif face à la stagnation des salaires réels depuis 2016. Et ce quand bien même différentes branches ont, à la suite de négociations entre les partenaires sociaux, accepté de couvrir l’entier ou une partie du renchérissement. Mais pas toutes. On pense notamment au secteur principal de la construction et à la pingrerie de la faîtière patronale qui a refusé d’entrer en matière sur la hausse syndicale réclamée, prétextant que les entreprises agiraient naturellement dans ce sens. Résultat: près de la moitié des maçons n’a pas reçu un kopek de plus. Une honte vu l’inflation et sachant que les carnets de commandes sont pleins. Un calcul aussi irresponsable dans un domaine confronté à une pénurie de main-d’œuvre aggravée, clairement liée à des conditions de travail peu engageantes.

Il est temps que les forces vives de ce pays touchent leur part du gâteau. Que la classe laborieuse, toujours plus productive, cesse de s’appauvrir alors que managers et actionnaires se paient grassement sur son dos. Il est aussi clairement l’heure de mettre un terme à la spirale ascendante des primes face à l’inertie des politiques, le renvoi de balle entre les différents acteurs de la santé, et les pharmas qui continuent à se frotter les mains, portées par un lobby tout-puissant. La pilule ne passe plus. 

Journée festive et de lutte des travailleuses et des travailleurs, ce 1er Mai sera ainsi non seulement l’occasion de vivre un moment privilégié de convivialité, mais aussi de porter haut et fort les revendications syndicales. Le muguet, symbole du renouveau et du partage associé traditionnellement à la fête, illustrera la nécessité de s’unir pour changer de paradigme en matière de primes, les poings levés montreront, eux, la direction que doivent prendre les salaires.