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La lumière du jour, c'est la santé

Un postulat a été adopté par le Parlement vaudois pour résoudre à la source le problème du travail sans lumière naturelle

La loi sur le travail est claire. Les locaux professionnels doivent être éclairés par de la lumière naturelle et des conditions strictes sont posées pour les endroits où ce n'est techniquement pas possible. Plutôt que de se battre pour obtenir des mesures compensatoires, un député vaudois a proposé que le canton n'autorise plus de constructions et de rénovations de locaux professionnels sans éclairage naturel.

«Je suis surpris car si nous avions voulu installer dans le quartier du Flon à Lausanne un élevage de volailles, nous n'aurions pas pu le faire, la loi sur la protection des animaux est extrêmement stricte et il n'est pas possible d'élever des volailles sans lumière du jour. Par contre, il a été possible de construire des commerces en sous-sol, comme Migros ou Athleticum, où n'entre aucun rayon de lumière naturelle», s'est étonné le député Grégoire Junod le 11 janvier dernier devant le Grand Conseil vaudois. Surpris, mais aussi scandalisé par le fait que ces constructions aient été autorisées, sans égard pour les employés y travaillant. L'élu socialiste, syndicaliste à Unia, avait auparavant relevé le paradoxe existant entre une loi fédérale sur le travail très contraignante, proscrivant toute place de travail sans lumière naturelle, et les autorisations accordées encore aujourd'hui à des constructions ou rénovations de locaux sans fenêtres. Grégoire Junod intervenait pour défendre sa motion, transformée en postulat, demandant au Conseil d'Etat de traiter le problème du travail sans lumière naturelle à la source, c'est-à-dire en éditant des règles strictes dans la loi cantonale sur les constructions.

Santé en cause
Cette demande découle notamment d'un conflit survenu il y a un peu plus d'un an entre le syndicat Unia et le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Ce dernier avait rédigé, avec des représentants patronaux du commerce de détail, un aide-mémoire concernant les compensations pour les personnes travaillant sans lumière du jour. Jusque-là, le Seco préconisait que les employés travaillant par exemple dans les sous-sols des grandes surfaces avaient droit à 20 minutes de pause payées par demi-journée de travail. Or le nouvel aide-mémoire supprimait de facto ce droit. Pourtant, c'est le Seco lui-même, dans un commentaire de l'ordonnance sur la loi sur le travail, auquel le postulat fait référence, qui décrit pourquoi la lumière du jour et la vue sur l'extérieur sont des éléments essentiels à la santé des travailleurs, à leur bien-être, à leur sommeil, et à leur équilibre psychique et psychologique. Le Seco signale même qu'une simple baisse de la luminosité ambiante «a un impact direct sur le comportement (troubles de la concentration, nervosité, dépression, etc.)».

Appui d'un médecin libéral
Après un court débat, le postulat de Grégoire Junod a été adopté par le Parlement. Le Conseil d'Etat est dès lors chargé d'étudier l'opportunité de légiférer. L'ensemble des élus de gauche et du centre ont voté en sa faveur alors qu'à droite, seul un élu libéral, le médecin Philippe Vuillemin a appuyé sur la touche verte de son pupitre. Il avait auparavant parlé d'un EMS du canton dans lequel il a découvert des services de stérilisation et de lingerie installés à l'étage, «avec de belles baies vitrées donnant sur la campagne alors que d'habitude ces gens doivent travailler dans les sous-sols». S'il a soutenu ce postulat, a-t-il dit, c'est pour «qu'à l'avenir on tienne compte de ce qui est un réel confort au travail». Une volonté manifestement pas à l'ordre du jour des autres élus radicaux-libéraux, ni de ceux de l'UDC... 


Sylviane Herranz