Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La loi du silence

banderole Unia
@ Virginie Zimmerli

La plaignante bénéficie du soutien d'Unia.

Malgré un témoignage saisissant qui corrobore les propos de Jessica*, certains anciens collègues accusés de harcèlement continuent de tout nier en bloc.

Le 14 mai a eu lieu la troisième audience du procès qui oppose Jessica* à Pastem SA, entreprise genevoise exploitant le fast-food Five Guys, accusée de ne pas avoir protégé son ancienne employée lorsqu’elle dénonçait du harcèlement moral et sexuel.

De nombreux témoins ont été entendus, notamment une ex-collaboratrice qui a rapporté que plus de la moitié des collègues hommes, soit une dizaine de personnes, avaient des comportements déplacés, de l’employé polyvalent au manager. Les attouchements, le contact physique forcé, le harcèlement, les remarques sur le physique, c’était quotidien, dit-elle. 

Si l’un des hommes appelés à la barre admet avoir été témoin d’une agression subie par Jessica, les autres ont nié toutes les accusations, et se sont dits choqués tellement ils n’avaient rien à se reprocher… L’un d’eux, qui avait été promu, évoque même la probable jalousie de Jessica, laquelle travaillait depuis plusieurs années au restaurant et n’avait pas changé de poste.

Aude Spang, secrétaire à l’égalité à Unia, était présente à l’audience. «C’est assez remarquable le fossé entre la perception des femmes et celle des hommes sur l’ambiance de travail. Alors que les premières rapportent un climat désagréable, malsain, sexiste et machiste, les hommes ne semblent pas être dérangés et mentionnent un environnement plutôt sympa où l’on blague mais sans voir le problème. Ils nient tout en bloc, ils n’ont rien vu, rien entendu. Il s’agit de normaliser une situation qui n’a rien de normale, puisque les faits sont assez graves pour que plusieurs personnes poussent la porte du syndicat afin de les dénoncer.» La responsable syndicale pointe du doigt cette loi du silence. «Dans ces situations il y a toujours cette omerta qui règne: tout le monde sait ce qu’il se passe mais personne ne dit rien...»

La prochaine audience aura lieu le 4 juin, et une nouvelle date a été ajoutée: le 16 septembre. 

*prénom d'emprunt

Pour aller plus loin

Télétravail: le droit à la déconnexion au cœur d’un accord

Espace de télétravail.

Syndicats et employeurs européens ont signé un programme de travail visant notamment à réglementer le droit à la déconnexion. Un accord qualifié d’historique

Temporaires: le déplacement jusqu’au chantier doit être payé!

Le 26 mars 2021, la Cour d’appel civile du Tribunal cantonal vaudois a rendu un arrêt – confirmé ensuite par notre Haute Cour – entérinant une bonne fois pour toutes les droits du...

Le télétravail sous la loupe des spécialistes

Espace de télétravail.

Travailler partout et à toute heure? Alors que la pandémie a fait exploser les formes de travail mobiles et flexibles, cette problématique pose de très nombreuses questions au...

Où en est-on sur le front de la protection des délégués syndicaux?

En 2019, la Suisse se retrouvait sur une liste noire de l’OIT des pays violant les droits des travailleurs. Une médiation lui a permis de sortir de l’ornière. Les résultats sont attendus pour fin septembre