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La libre circulation: oui, mais pas à n'importe quel prix

En assises samedi à Berne, les délégués d'Unia ont appelé les autorités et le patronat à davantage de fermeté contre le dumping

Les 128 participants à l'assemblée des délégués d'Unia ont débattu des enjeux de la libre circulation des personnes et de son extension. Ils ont souhaité que les mesures d'accompagnement soient renforcées à travers des contrôles plus poussés, des sanctions plus fermes et la garantie de salaires minimaux. Les délégués se sont également penchés sur les priorités de la politique conventionnelle, les finances d'Unia, le réseau militant et les modalités du prochain congrès.

Au cœur de l'ordre du jour de l'assemblée des délégués d'Unia, la question des accords bilatéraux sur la libre circulation et de son extension à la Roumanie et la Bulgarie n'a pas suscité le débat nourri auquel d'aucuns s'attendaient. Ouvrant les feux, Renzo Ambrosetti, coprésident d'Unia, a rappelé que «le syndicat a toujours été favorable à la libre circulation des personnes, moyennant des mesures d'accompagnement pour protéger les salaires et les conditions de travail». Une position reposant sur plusieurs critères. Primo, cela contribue à la prospérité de l'économie suisse dont plus de deux tiers des exportations sont dirigées vers l'Europe. Secundo, les conditions de séjour des migrants de l'Union européenne (UE) qui habitaient déjà en Suisse avant la libre circulation se sont améliorées. Tertio, les Suisses, plus particulièrement les jeunes, bénéficient de facilités pour acquérir des expériences professionnelles à l'étranger. Quatrièmement, les mesures prises contre la sous-enchère salariale s'avèrent également utiles pour sanctionner un certain nombre d'employeurs qui sous-payent leurs employés suisses. Enfin, cela facilite le recrutement à l'étranger de spécialistes qui nous font défaut.

Le «oui» a son prix
Le oui syndical à la libre circulation n'est pas sans réserve. «Nous appelons les autorités et les employeurs à faire preuve de fermeté dans la lutte contre le dumping salarial et social» a annoncé Renzo Ambrosetti. Concrètement, il s'agit de promouvoir les conventions collectives, garantir des salaires minimaux, renforcer les contrôles et les améliorer là où ils sont lacunaires ainsi que sanctionner plus durement les employeurs en infraction. En outre, le syndicat «n'acceptera jamais» que l'on assouplisse les mesures d'accompagnement ni les critères d'adjudication dans les marchés publics impliquant aujourd'hui le respect des CCT.
Aldo Ferrari, secrétaire de la région vaudoise d'Unia, a pour sa part souligné que «les travailleurs de ce pays ne sont pas tous convaincus que leur salaire soit suffisamment protégé par les mesures d'accompagnement». Il a souhaité que l'on fixe des minimums salariaux qui permettent de déterminer clairement les cas de sous-enchère. «Gardons donc notre soutien à la libre circulation mais vendons-le le plus cher possible!»
Unia n'a pas encore lancé de mot d'ordre définitif pour la probable votation sur la libre circulation des personnes et son extension à la Roumanie et à la Bulgarie en février ou mai 2009. Le syndicat le fera lors d'un débat final à l'occasion de la prochaine assemblée des délégués le 13 décembre.



Les femmes montent au créneau
Les femmes se sont montrées particulièrement actives à la tribune de cette assemblée. Elles ont notamment plaidé un renforcement de la présence féminine dans les organes dirigeants du syndicat. La conférence des femmes d'Unia a proposé une modification du règlement des débats pour le congrès de cet automne, demandant qu'à la fin d'une discussion, l'auteur d'une proposition soit habilité à refaire une intervention finale. Le comité directeur y a opposé une contre-proposition. Prêt à valider cette idée, il a néanmoins demandé de pouvoir reprendre la parole pour d'éventuelles précisions, clarifications ou rectifications. Au vote, la proposition des femmes, portée par leur présidente Ursula Mattmann, l'a emporté à une très forte majorité.



Avancées sur le front des conventions
Le bilan du mouvement conventionnel d'Unia durant le 1er semestre s'avère positif. La longue et éprouvante bataille pour la convention nationale du bâtiment a finalement porté ses fruits. Parmi les autres succès, on notera le renouvellement pour la première fois en 12 ans, avec de nettes améliorations, de la CCT de l'industrie chimique du Nord-ouest; le retrait du plan de restructuration des ateliers CFF de Bellinzone ainsi que le coup d'arrêt donné au démantèlement de la CCT de Lonza à Viège.
Les priorités pour les six prochains mois ont été commentées par le coprésident d'Unia, Andreas Rieger. Pour l'ensemble des branches, l'objectif est la compensation du renchérissement accompagnée d'augmentations de salaire substantielles pour tous. Il s'agira aussi de relancer la campagne pour des salaires minimums. Dans l'hôtellerie et la restauration, le but est de renouveler la CCT et de la consolider avec une 13e mois pour tous. «Nous avons bon espoir d'y parvenir dans une année.» S'agissant du travail intérimaire, Unia espère que la CCT conclue entrera en vigueur d'ici le début de l'année prochaine. Enfin, le syndicat s'attachera à promouvoir les retraites anticipées dans diverses branches comme par exemple la toiture et la charpente.



Pour une retraite flexible
Parmi les autres points traités par l'assemblée, on notera l'adoption des comptes 2007 qui bouclent avec une amélioration de près de 2,5 millions de francs par rapport au budget. Une performance unanimement saluée. La question des adhésions et de la mise en place d'un réseau de militants a également fait l'objet d'un débat nourri.
En clôture de ces assises, Rita Schiavi, du comité directeur, a incité les délégués à se mobiliser pour la campagne en faveur de la flexibilité de l'âge de la retraite en matière d'AVS. Cette initiative de l'Union syndicale suisse, dont le but est de permettre une retraite entre 62 et 65 ans sans déduction de rente, sera soumise au vote du peuple, probablement le 30 novembre prochain.


Pierre Noverraz