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La Géorgie, entre deux eaux

Portrait de Clément Girardot.
© DR

Le journaliste Clément Girardot voue un intérêt particulier aux thématiques sociales, environnementales et culturelles.

Le journaliste Clément Girardot vient de publier un livre sur la Géorgie où il a vécu plusieurs années avant d’en être refoulé. Un ouvrage propre à approcher l’âme de ce peuple du Caucase.

Ni un guide de voyage, ni un ouvrage réservé à des spécialistes: le petit livre Géorgie, l’étreinte du Caucase* dépeint un pays d’un point de vue journalistique et à travers le regard personnel de Clément Girardot. Une approche originale et poétique pour raconter cette ancienne République soviétique en convoquant ses récents événements politiques, sa culture, son histoire, sa gastronomie. Avec l’évocation de faits qui s’enrichissent d’impressions et d’expériences de l’auteur de 38 ans, expert du Caucase et de la Turquie. «Je me suis senti légitime à le faire», précise Clément Girardot qui, marié à une Géorgienne et père d’un enfant de 3 ans, a vécu à Tbilissi de 2018 à 2024. Et, avant de s’y installer, a effectué depuis 2012 nombre de reportages dans cette «seconde patrie». Questionné sur les traits qui caractérisent l’âme du peuple géorgien – en écho au titre de la Collection éditrice de son opuscule – Clément Girardot, soucieux d’éviter les clichés réducteurs, rechigne à l’exercice. Il souligne tout de même la «spontanéité, l’ouverture et l’hospitalité de la population». Et évoque aussi «son désir de liberté, parfois un peu naïf, ses grands idéaux et sa difficulté à s’organiser collectivement et à agir de manière disciplinée». 

Un pays qui rime avec espoir
Etoffée par des entretiens avec un historien, une réalisatrice et un poète de trois générations différentes, la publication dit une «Géorgie qui rime avec espoir. Et envie d’avenir.» Elle met en lumière le tiraillement de cet Etat pris en tenaille entre l’aspiration d’une grande partie des habitants à rejoindre l’Union européenne face aux tentatives d’imposer le modèle russe. «Cette étreinte du Caucase est celle que la vaillante et hospitalière Géorgie s’est toujours efforcée de desserrer. Un regard tourné vers la mer Noire et l’Occident et l’autre vers Moscou», note le journaliste français, évoquant les tensions géopolitiques et les importantes manifestations et mouvements sociaux qui ont secoué à la fin de l’année dernière le pays, en résistance à la politique proche du Kremlin de Rêve géorgien, le parti dominant au pouvoir. «Il y a eu beaucoup de mobilisations mais sans grand impact. Six mois plus tard, l’opposition reste divisée et ne compte pas vraiment de leader.» Sa participation comme observateur à ces événements et leur couverture pour différents médias et réseaux sociaux lui aura probablement valu d’être interdit de territoire. Et cela alors que le pays connaît une dérive autoritaire qui se traduit, précise le journaliste, par des intimidations et des arrestations arbitraires, des perquisitions, des amendes. 

Sur liste noire
«Le 12 février dernier, rentrant d’un séjour en France, j’ai été stoppé à la frontière et renvoyé sans explication sur un vol en retour. J’ignore les motifs officiels, mais il semblerait que je figure sur une liste noire, considéré comme une menace importante.» Le trentenaire a depuis fait recours, sans succès, et attend l’audience en appel prévue à la fin du mois. «Ce qui me manque le plus? Les liens tissés avec le voisinage, une certaine douceur de vivre et la langue, la musique, la culture de manière générale», précise l’homme, qui continuera néanmoins à couvrir les événements en Géorgie, en étant bien conscient de la difficulté de la tâche à distance. 

La passion des grands reportages
Pigiste ponctuel de notre journal, Clément Girardot a collaboré avec nombre de titres comme Le Monde Magazine, Le Temps, la Tribune de Genève, Mediapart, TV5 Monde, Eurasianet, Al Jazeera... Le Français se passionne pour les grands reportages à l’étranger. Et voue un intérêt particulier aux thématiques sociales, culturelles et environnementales. Après l’obtention de son master en journalisme en 2009 à Grenoble, il effectue un stage d’un an à Istanbul, dans le cadre d’Erasmus. «Je souhaitais apprendre une nouvelle langue», explique le polyglotte, qui parle et écrit aussi en anglais, et prolongera son séjour d’une année supplémentaire. Séduit par la bouillonnante et dynamique capitale, le journaliste élargit aussi sa zone d’intérêt aux pays alentours, dont la Géorgie. A 25 ans, il y effectue un premier séjour de longue durée, employé comme professeur de français pour des universitaires de Tbilissi. Il rencontre alors sa future femme, apprend le géorgien, qualifié de difficile, et partagera sa vie entre la Géorgie et des allers-retours à Saint-Etienne, en France, où il réside désormais avec sa famille. 

Géorgie - L’étreinte du Caucase, Ed. Nevicata, Collection L’âme des peuples, 89 p., 2025, disponible en librairie, au prix de 16,50 francs. 

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