«Nos primes financent-elles un label trompeur?»
Le 20 décembre, peu après les actions des travailleurs d’Hilcona, le socialiste vaudois Samuel Bendahan a déposé une interpellation au Conseil national. Rappelant les conditions de travail au sein de l’entreprise, la sous-enchère ou encore le refus de la direction de discuter avec les salariés, il interroge le Conseil fédéral: «Friendly Work Space à Hilcona: nos primes financent-elles un label trompeur attribué à une entreprise en peine avec le respect des lois?»
En tant que parlementaires, les élus ont un devoir de surveillance sur des institutions liées à l’Etat. Promotion Santé Suisse est une fondation créée par la Loi sur l’assurance maladie. Son conseil de fondation est composé de représentants de la Confédération, des cantons, des assureurs, des milieux scientifiques et médicaux, des pharmaciens et des consommateurs. Chaque année, un supplément de prime maladie de 4,80 francs est payé par chaque assuré pour financer cette fondation. Un montant correspondant à plus de 40 millions de francs. Promotion Santé Suisse est donc redevable à la population dans son ensemble. Et c’est là que les choses clochent.
Dans son interpellation, Samuel Bendahan décline sa question globale en demandant plus précisément au Conseil fédéral s’il estime pertinent qu’un tel label «puisse être attribué sans aucun contact préalable avec les principaux concernés que sont les salariés», s’il estime pertinent qu’un organisme financé par les assurés et dirigé par des représentants des pouvoirs publics «puisse octroyer un prix à une entreprise qui a été récemment condamnée, sanctionnée ou remise à l'ordre par des autorités judiciaires ou administratives», s’il estime pertinent qu’un tel label «puisse être utilisé par une entreprise qui cherche à redorer son blason tout en refusant tout partenariat social pour la résolution des problèmes concrets qui lui sont soumis». Il demande encore au gouvernement s’il considère comme «normal que des problèmes rendus publics ne soient pas examinés avant l'attribution d'un tel label afin de prendre de la distance par rapport aux informations données par la direction», et enfin quelles sont les mesures que le Conseil fédéral pourrait mettre en place pour que de tels renseignements puissent peser dans l’attribution ou non du label.
«Décerner un tel prix à une entreprise décriée, où le personnel souffre, est une insulte aux travailleurs. L’objectif de cette interpellation est de dénoncer une telle pratique et de savoir s’il s’agit d’une erreur. Selon la réponse du Conseil fédéral, il est possible que cela débouche sur une autre démarche», explique Samuel Bendahan. Il informe que la réponse du gouvernement devrait être connue durant la session de printemps qui se déroulera du 2 au 20 mars, le délai imparti étant de trois mois après le dépôt de l’interpellation.