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Fin de la grève chez Gate Gourmet

Un accord a été trouvé entre la direction, le Conseil d'Etat genevois et la centrale du SSP. Unia dénonce l'issue du conflit

Le 31 mai, un accord tripartite a mis un terme à la grève chez Gate Gourmet, entamée en juin 2013. Le rétablissement de l'ancienne CCT ainsi que l'annulation du licenciement de six des grévistes n'en font pas partie, au contraire, sept des grévistes restants ont signé des conventions de fin des rapports de travail. La section genevoise du SSP dénonce les clauses de cet accord, duquel elle prétend avoir été évincée. Yves Mugny, secrétaire central, présente sa démission. Retour sur les faits.

Près d'un an après le début de la grève chez Gate Gourmet à Genève, le conflit a pris fin le 31 mai dernier. En effet, un accord a été trouvé entre la direction de la société de catering, le département de la Sécurité et de l'Economie et la centrale du Syndicat suisse des services publics (SSP). L'accord tripartite prévoit que les conditions octroyées par les contrats de travail entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2014 restent telles quelles au moins jusqu'au 31 décembre 2015. Par ailleurs, Gate Gourmet s'engage à ouvrir des négociations en vue de la création d'une Convention collective de travail (CCT) de branche à laquelle seront associées les autres entités au bénéfice d'une concession de l'aéroport et actives dans le domaine du catering. Aucune échéance n'a toutefois été fixée pour entamer les pourparlers.

Démissions à prévoir
Pour rappel, la grève a débuté en juin 2013 après que Gate Gourmet ait dénoncé la CCT en vigueur pour revoir les conditions de travail à la baisse. L'accord ne prévoit donc pas le rétablissement de l'ancienne CCT, pourtant revendiqué par le SSP, ni la réintégration des six grévistes licenciés, ni la protection contre de nouveaux licenciements. Au contraire, sur les huit grévistes restants, sept ont signé des conventions de fin des rapports de travail confidentielles, et un seul a été réintégré dansl'entreprise, l'âge de départ à la retraite approchant. Bien loin donc, des causes pour lesquelles se battait la section genevoise du SSP. D'ailleurs, celle-ci dénonce sa mise à l'écart lors des négociations mais surtout le fond de l'accord, jugé «en totale contradiction avec les principes syndicaux sur les droits des travailleurs de faire la grève sans souffrir de représailles». «C'est la première fois qu'on signe pour licencier des grévistes, s'indigne David Andenmatten, président de la région Genève. C'est scandaleux. Nos militants n'en reviennent pas.» Plusieurs d'entre eux, actifs sur le site de l'aéroport, auraient quitté le syndicat, tout comme Yves Mugny, secrétaire central emblématique de cette lutte, qui a présenté sa démission suite à la tournure des événements. Ce dernier n'a toutefois pas souhaité s'exprimer. «Les grévistes ont été mis sous pression et ont fini par céder», continue David Andenmatten. Selon lui, le secrétaire général les aurait menacés d'arrêter les indemnités de grève pour qu'ils acceptent de signer l'accord.

«Impossible d'exiger plus»
De son côté, Stefan Giger dément. «Il n'y avait plus de contact entre la section genevoise, l'employeur et l'Etat, j'ai donc été mandaté par le comité national pour trouver une solution», se défend le secrétaire général. Pour lui, l'accord signé est mauvais, mais il n'était pas possible d'exiger plus. «On ne pouvait plus rien obtenir. On a perdu le conflit, c'est difficile, mais il fallait sauver les grévistes. Seul un quart des membres ont fait grève, la majorité n'a jamais été concernée, d'où la faiblesse du mouvement.» Quant aux accusations de chantage exercées sur les grévistes, Stefan Giger donne sa version. «La compétence pour octroyer les indemnités de grève appartient à l'assemblée des délégués, qui se réunit ce mois-ci. J'ai simplement dit, car on m'a posé la question, que je pensais qu'une majorité demanderait la fin de la grève car aucune pression n'était faite sur l'employeur.»
Helena de Freitas, présidente du comité de soutien des grévistes de Gate Gourmet, refuse de commenter la bisbille interne du syndicat. «Si les grévistes ont signé cet accord, c'est qu'il doit leur convenir, donc je n'ai rien à redire là-dessus. Concernant la fin de la grève, je pense que c'est une bonne chose mais il est clair que l'issue du conflit n'est pas une victoire pour le mouvement syndical.»


Manon Todesco