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Femmes en marche pour conquérir l'égalité dans les faits

Plus de 100'000 femmes et de nombreux hommes ont participé à la journée nationale d'action et de grève du 14 juin

Partout en Suisse, des centaines d'actions et de manifestations ont émaillé la journée nationale du 14 juin en faveur de la concrétisation de l'égalité entre femmes et hommes. Outre des actions publiques et revendicatives et des manifestations culturelles, des tractages, distributions de chocolats et pauses prolongées ont également touché des entreprises - voir aussi en pages 3 et 5. Tour d'horizon en Suisse romande. (voir aussi notre galerie photos)


Vaud : mobilisation colorée et conviviale

Près de 2000 personnes ont défilé à Lausanne pour exiger l'égalité des salaires, la revalorisation des métiers féminins, le développement des structures d'accueil pour les enfants, ainsi que l'arrêt du sexisme et de la violence contre les femmes. Cette mobilisation a été un véritable succès, avec une fréquentation bien plus élevée que lors du cortège du 1er Mai. Le Collectif vaudois du 14 juin, regroupant notamment les syndicats et des groupes de femmes, avait auparavant mis sur pied un pique-nique sur la place de la Riponne. Entre 300 et 350 personnes s'y sont rassemblées. Sur le coup de 14h06, elles ont offert un concert de sifflets mémorable, qui a fait frémir les murs du Palais de Rumine et les députés au Grand Conseil réunis en son sein. C'est en fin d'après-midi que le cortège s'est ébranlé, coloré, convivial et revendicatif, les manifestants scandant des slogans contre les inégalités et les discriminations. Le cortège s'est dirigé vers Montbenon où s'est déroulée une soirée festive et culturelle. Durant la journée, des actions ont eu lieu dans plusieurs établissements publics, en particulier au CHUV, à l'Université et au Bâtiment administratif de la Pontaise. Le syndicat Unia a fait une tournée des magasins de la place, distribuant tracts et chocolats aux vendeuses. A Yverdon, une centaine de personnes se sont retrouvées sur la place Pestalozzi, à l'appel d'Unia et du Syndicat des services publics. A Nyon et dans diverses entreprises du canton (voir ci-dessous) des actions ont également eu lieu.
SH

 

Tournées des magasins à Nyon

«La théorie c'est bien joli, nous on veut des faits!» Armés de quelques slogans bien sentis et enveloppés de capes couleur fuchsia, les secrétaires syndicaux d'Unia et de la fédération internationale UNI ont parcouru l'ensemble de la ville de Nyon mardi après-midi. A commencer par la place Saint-Martin, où les syndicalistes ont fait retentir leurs sifflets et autres sirènes de mégaphones à 14h06 tapantes. Quelques militants s'étaient aussi joints au groupe, comme Célio Rodriguez, président de la commission du personnel de Novartis et président de la section Unia de La Côte: «Après nous être bien organisés syndicalement, je crois que nous avons fini par obtenir l'égalité salariale dans l'entreprise. Mais sur l'accès aux postes à responsabilité pour les femmes, il y a encore du chemin à faire.» La petite troupe est ensuite descendue au bas de la ville où elle a distribué des tracts et des chocolats dans tous les petits magasins et restaurants du bord de lac, et dans les bureaux de l'administration communale. Avant de revenir dans la principale artère commerciale pour une autre tournée des boutiques.
«Dans la vente, une femme gagne 20% de moins qu'un homme. Le saviez-vous?», indique une pancarte. Une vendeuse d'un grand magasin de la place confirme: «Nous travaillons autant voire plus que les hommes, mais nous sommes payées moins qu'eux; je l'observe dans mon travail.» Une autre employée explique les soucis qu'elle rencontre au quotidien: «Nous ne sommes pas beaucoup aidées lors de nos maternités. Il est difficile de trouver une place en crèche et les supérieurs ne sont pas toujours conciliants au niveau des horaires. On ne prend pas assez en considération que la femme est aussi une maman, pas seulement une travailleuse...»
CK

 

Investir le cœur des entreprises
Dans toute la Suisse romande, Unia et les commissions du personnel ont mis en place des actions dans différentes entreprises. Dans le canton de Vaud, ce sont les représentants des employés de Tesa à Renens, fabricant d'instruments de mesure, qui ont pris l'initiative d'organiser une pause prolongée à 14h06 d'une durée de trois quarts d'heure pour réclamer davantage de mesures pour l'égalité. L'événement a été soutenu par Unia Vaud. «Entre 60 et 70 employés y ont participé, dont autant d'hommes que de femmes, et la direction a joué le jeu en participant également», explique Sophie Noirat, présidente de la commission du personnel. «Dans l'entreprise, les salaires les plus bas sont ceux des femmes. Chaque année la question des salaires féminins revient dans la discussion.» Autre préoccupation majeure: le manque de places d'accueil dans la région pour les enfants des travailleuses. «Unia avait lancé depuis quelques années l'idée de créer des crèches interentreprises, mais on ne voit rien venir...», constate l'employée.
A Genève, une centaine de travailleuses et de travailleurs de l'entreprise électronique LEM, à Plan-les-Ouates, ont organisé un repas canadien entre 12h et 13h30. La main-d'œuvre féminine est largement majoritaire dans l'usine. «C'est un grand succès pour une firme qui n'est pas habituée aux actions collectives», explique Luis Blanco, secrétaire syndical à Unia Genève. «Chez LEM, on peut dire que l'égalité va être le prochain cheval de bataille», confie-t-il. Chez Caran d'Ache, le célèbre fabricant de crayons, la commission du personnel a aussi organisé un repas à l'extérieur auquel une quarantaine de personnes a participé.
Enfin, un tractage très matinal, à 6h30, a eu lieu sur deux sites du plus grand employeur industriel du canton: Rolex. Un millier de tracts accompagnés de chocolat ont été distribués aux employés lors de leur arrivée sur leur lieu de travail à Plan-les-Ouates et aux Acacias. Cette action est aussi liée à l'une des revendications du syndicat dans l'horlogerie au niveau national: la mise en place d'un contrôle de l'égalité des salaires par les entreprises, en collaboration avec les représentants des travailleurs.
CK

Neuchâtel: la jeunesse au rendez-vous

Dans le canton de Neuchâtel, la journée du 14 juin a connu «un succès total marqué aussi par une forte participation des jeunes», se félicite Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia, laquelle salue en particulier «l'énorme travail de préparation du groupe tertiaire» du syndicat. Et pour cause, un grand nombre de vendeuses se sont mobilisées dans le canton. A Neuchâtel, avant de se joindre au concert de sifflets dans les rues piétonnières, elles ont bénéficié de concerts donnés à l'intérieur des magasins par le groupe de féministes universitaires «Agrafe». A Peseux, les vendeuses de Coop ont également participé activement au vacarme assourdissant de 14h06, avec l'accord de la direction régionale du groupe qui les a autorisées à quitter leur poste à condition que les hommes les remplacent à la caisse. Des enfants de la crèche voisine se sont joints à l'action. Une façon sympathique de relayer la revendication pour davantage de places de crèche.
A La Chaux-de-Fonds, dès 6h le matin, un «déjeuner de l'égalité» a été servi sur les deux sites de l'entreprise horlogère Universo, où les ouvrières avaient pour la plupart décidé de ne travailler que pendant les horaires bloqués, histoire de se joindre au mouvement. A Neuchâtel, des commissions d'entreprise ont mobilisé le personnel. Celle de Metalor a pour sa part également servi des déjeuners.
Le cortège central, à Neuchâtel, a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans une ambiance très colorée. Regroupant des vendeuses, des ouvrières, des femmes de tous horizons ainsi qu'un bon nombre d'hommes, il était animé par des chorégraphies du groupe Flash Mob et par une «danse de l'égalité» corrosive consistant à faire deux pas en avant et trois en arrière. A noter qu'une trentaine de grandes figurines artistiques baptisées «nanas de l'égalité» décoraient les quatre coins de la ville.
PN