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Echafaudages, la convention collective s'effondre

Les négociations entre les syndicats et la Société des entrepreneurs suisses en échafaudages se solde par un échec

Après cinq séances, les négociations entre les syndicats Unia et Syna et la Société des entrepreneurs suisses en échafaudages (SESE) se sont terminées le 25 mars sur un constat d'échec, qui met fin à l'existence de la convention collective de travail. Les syndicats demandaient une amélioration générale des conditions de travail, celles-ci ne correspondant plus aux standards actuels, alors que les patrons souhaitaient, de leur côté, modifier 79 points de la CCT... Eclairages.

La Convention collective de travail (CCT) nationale des échafaudages arrive à échéance le 31 mars 2011. A l'automne 2010, pour son renouvellement, les syndicats ont présenté les revendications indiquées dans l'encadré ci-dessous.
Ces revendications, dans un métier qui peut tuer, mais pour un salaire qui ne permet pas de vivre, visent surtout à une mise à jour de conditions de travail qui ne correspondent ni aux standards actuels, ni à la dureté et à l'importance de la tâche (sans le travail des échafaudeurs, pas de sécurité sur les chantiers).
De son côté, la Société des entrepreneurs suisses en échafaudages (SESE), a présenté 79 propositions de modification de la CCT! Quelques-unes ne sont que rédactionnelles, mais pour l'essentiel, très marquées par les dogmes ultralibéraux en vogue, elles visent à réduire les obligations des entreprises et à accroître celles qui pèsent sur les salariés et les syndicats. Du point de vue patronal, les conditions de travail ont atteint un niveau proche de la perfection, de sorte que toute amélioration concédée devrait impérativement être compensée par une dégradation assortie! Une telle inflation de revendications patronales a aussi eu pour effet de rendre les discussions longues et complexes, alors que la délégation patronale s'est en permanence plainte de la durée trop longue des négociations... (voir dans l'encadré ci-contre quelques-unes des exigences patronales).

Troc inacceptable
C'est ainsi que, pour la SESE, l'octroi d'une amélioration de salaire (58 francs par mois) doit s'accompagner d'une diminution de l'indemnité pour le repas de midi (de 15,50 à 14,50 francs, soit environ 20 francs par mois). L'acceptation de fournir des casques, des chaussures de sécurité et des gants de travail (refus sec pour les vêtements de travail...) doit ouvrir la possibilité aux patrons d'infliger des amendes aux ouvriers qui ne les portent pas. Les augmentations de salaire doivent aussi donner lieu à une augmentation de la durée du travail, et à la possibilité de faire des heures supplémentaires sans indemnité. Et l'attribution de trois jours d'absence pour mariage doit entraîner une diminution des absences en cas de décès dans la famille!
Les syndicats ont tenté de trouver des solutions, mais se sont heurtés aux préalables idéologiques et égoïstes des patrons, rendant leur tâche très difficile, surtout dans une branche où les exigences de rendements augmentent sans cesse, et avec elles, les risques pour la vie et la santé.

Appel à la lutte
La période de vide conventionnel qui s'ouvre doit être mise à profit par les salariés pour organiser la lutte, devenue indispensable. Chaque travailleur concerné doit dès aujourd'hui se préparer à y participer, pour améliorer ses conditions de travail et sauver la convention collective. Elle est en effet indispensable, bien sûr pour éviter le dumping social et salarial, mais aussi pour réguler une branche que les entreprises mettent en danger en faisant recours systématiquement à la sous-traitance.
Jusqu'ici, la commission paritaire a fait, en Suisse alémanique surtout, un très bon travail de contrôle du respect de la CCT. La SESE ne doit pas pouvoir provoquer la sauvagerie économique dans la branche.

Jacques Robert

 


Les revendications syndicales

- Réduction de la durée hebdomadaire du travail de 42 à 40 heures, sans perte de salaire
- Limitation de la durée maximale du travail à 45 heures par semaine (actuellement 48 heures)
- Le travail effectué le samedi doit être payé avec une indemnité de 25%
- Trois jours d'absences justifiées accordés en cas de mariage ou de naissance
- Augmentation des salaires réels et conventionnels de 200 francs par mois (aujourd'hui, le salaire minimum pour un monteur en échafaudages qualifié est de 4617 francs par mois...)
- Amélioration des salaires des apprentis, qui devraient être fixés en pourcentage des salaires minimums conventionnels
- Augmentation de l'indemnité de repas, de 15,50 à 18 francs
- Amélioration des dispositions régissant l'interruption du travail en cas d'intempéries (droit de décision des travailleurs et pas de perte de salaire)
- Couverture à 100% de la perte de salaire en cas d'accident
- Fourniture gratuite par les entreprises de vêtements de travail et des équipements de protection
- Indemnité de 5 francs de l'heure lors de l'utilisation du harnais de sécurité
- Mise à disposition, sur les chantiers et dans les dépôts, de WC et de vestiaires équipés de chauffage.



Quelques-unes des exigences patronales
- Renforcement de la paix du travail
- Possibilité d'infliger des amendes aux syndicats, jusqu'à 30'000 francs
- Amoindrissement de la protection contre les licenciements en cas de maladie ou d'accident
- Augmentation de la durée maximale du travail à 54 heures par semaine (au lieu de 48)
- Possibilité de faire jusqu'à 150 heures supplémentaires sans supplément, au prétexte que le temps de transport pour se rendre sur le chantier est payé (ce qui est considéré comme un cadeau par la SESE...)
- Suppression de l'obligation d'annoncer le travail du samedi
- Réduction du nombre de jours fériés payés
- Assouplissement de l'obligation de respecter les salaires minimums conventionnels, par l'invention de nombreuses exceptions
- Diminution du nombre de jours d'absence en cas de décès dans la famille
- Ouverture de possibilités pour les patrons d'infliger des amendes aux travailleurs
- Réduction de la liberté d'information syndicale, en cas de divergence.