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Construction : fin du vide conventionnel annoncée

Quelque 100'000 travailleurs du gros oeuvre devraient bénéficier d'une nouvelle CCT nationale. Les travailleurs sont mitigés

Dès le 1er avril prochain, les maçons devraient bénéficier d'une nouvelle Convention nationale. Après des mois de négociations infructueuses et leur rupture, en novembre dernier, une solution vient en effet d'être trouvée, susceptible de mettre un terme au vide conventionnel qui règne depuis le début de l'année. A l'issue d'un débat nourri, le Parlement des travailleurs de la construction d'Unia a approuvé, samedi dernier à Olten, cet accord. Ce dernier sera encore soumis, le 28 mars, aux représentants de Syna et de la Société suisse des entrepreneurs. A Genève, la convention transitoire signée devient caduque mais les acquis locaux supérieurs au texte national sont conservés.

Par 46 voix pour, 31 contre et 11 abstentions, le Parlement des travailleurs de la construction d'Unia a adopté, lors de sa conférence professionnelle samedi dernier à Olten, la nouvelle Convention nationale (CN) conclue la veille par les partenaires sociaux. Sous réserve de son approbation par les délégués de Syna et de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), le 28 mars prochain, cet accord entrera en vigueur le 1er avril et sera valable jusqu'en 2015. Si la solution trouvée amène quelques améliorations, elle ne répond pas aux attentes syndicales initiales. La question relative à l'introduction de la responsabilité solidaire, rempart au dumping salarial, et celle sur la perte de gain en cas d'intempéries demeurent en suspens et feront l'objet de nouvelles rondes de négociations. «Ces points seront discutés d'ici à la fin de l'année. Nous avons en revanche obtenu une meilleure protection contre les licenciements des travailleurs âgés et ceux exerçant un mandat syndical. Le salaire en cas de maladie sera aussi intégralement payé», précise Alessandro Pelizzari, responsable Unia pour la construction en Suisse romande.

Augmentation minable
La hausse minime des salaires envisagée dans la nouvelle CN pour 2012 a par contre suscité le mécontentement des travailleurs et poussé nombre d'entre eux à voter contre l'accord. Ce dernier ne prévoit en effet qu'une augmentation collective de 0,5% et, au mérite, de 0,5% supplémentaire. «25 francs de plus pour tous, alors que le secteur de la construction tourne à plein régime, c'est minable», concède le syndicaliste notant tout de même que les salaires minimaux se verront majorés de 1%. Les autres concessions faites aux patrons n'ont créé dans l'assemblée que peu de remous, comme l'octroi du salaire minimum après trois ans, au lieu de deux ans, aux jeunes ayant terminé leur apprentissage. Ou la réduction du champ d'application de la CN, celle-ci ne couvrant plus désormais les ouvriers des industries du sable et du gravier. A noter encore que le score serré du Parlement des maçons d'Unia reflète clairement les situations prévalant de part et d'autre de la Sarine où les rapports de force sont pour le moins différents. Si les maçons romands étaient particulièrement énervés, la majorité de leurs collègues alémaniques a préféré le nouvel accord à l'absence de CN. Un vide également menaçant pour la SSE, estime Alessandro Pelizzari, qui ne doute pas que cette dernière aura aussi été sensible, au lendemain du ralentissement hivernal, à la pression engendrée par les risques de grèves et aux accords cantonaux signés par ailleurs dans l'intervalle.

Mieux lotis à Genève
A ce titre, il faut signaler la Convention collective de travail transitoire genevoise conclue le 9 mars dernier. Si l'adoption de la CN rend ce texte caduc, les dispositions supérieures à celles figurant dans l'accord national demeureront en vigueur. Et notamment l'augmentation générale de salaire de 1% avec effet rétroactif au 1er janvier dernier, pour les travailleurs employés au moins depuis six mois dans l'entreprise. Les partenaires sociaux genevois se sont aussi entendus sur la reconnaissance de la responsabilité solidaire en cas de sous-traitance. «Les sous-traitants en infraction mais aussi l'entreprise mandataire risque une sanction. L'amende peut s'élever jusqu'à 50000 francs», déclare Alessandro Pelizzari qui est aussi secrétaire régional d'Unia Genève. Un premier pas qui pourrait en amener d'autres, des discussions étant actuellement en cours au Conseil d'Etat dans le but de proposer des changements au niveau législatif, permettant d'élargir la lutte contre la sous-enchère salariale. «Nous cherchons aussi une solution cantonale pour régler la question du versement des salaires en cas d'intempéries. Peut-être par le biais d'une assurance complémentaire. Nous avons aussi thématisé la question des temporaires», relève encore le syndicaliste jugeant l'accord genevois meilleur que le national. Et de conclure: «La lutte a payé pour les travailleurs genevois...» Rappelons que les maçons de la ville du bout du lac étaient descendus en force dans les rues, le 25 novembre dernier, pour réclamer une Convention améliorée. La leur désormais.


Sonya Mermoud