Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Charte de la sécurité

Une alliance unique entre différents acteurs de la construction a abouti à la signature de la Charte de la sécurité

En cas de danger, tous les intervenants sur les chantiers, y compris les ouvriers, pourront décider de suspendre le travail en cours. Une charte pour la sécurité vient d'être signée par une quinzaine d'associations patronales et d'architectes, et les syndicats. Une victoire pour Unia.

Un pas important a été franchi pour les travailleurs du bâtiment. Une «Charte de la sécurité» a été signée jeudi passé à Zurich par onze associations patronales - dont la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et la Fédération romande des maîtres plâtriers-peintres -, des associations de mandataires comme la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) et les syndicats Unia et Syna, avec le soutien de la Suva. L'occasion pour l'assurance de rappeler qu'un tiers des accidents professionnels, mortels ou provoquant une invalidité grave, survient sur les chantiers. Et qu'au cours des dix dernières années, plus de 280 personnes y ont perdu la vie. Cette charte s'inscrit dans la campagne «Vision 250 vies» de la Suva qui a pour but d'éviter 250 accidents professionnels mortels et autant de cas d'invalidité graves en dix ans. Grâce à cette charte, chaque intervenant, sur un chantier, a le droit d'arrêter de travailler s'il estime encourir un risque. Le point avec Dario Mordasini, responsable d'Unia pour la santé et la sécurité au travail.

QUESTIONS/REPONSES

Comment se sont passées les négociations pour la création de cette charte? Y a-t-il eu des difficultés, des appréhensions de la part de l'une ou l'autre des parties?
Unia a eu un rôle très actif dans ces discussions, dans le développement de la charte et dans les contacts avec les associations qui l'ont signée. Il n'y a pas eu d'opposition. Par contre, il est vrai qu'une information très détaillée et un nombre important de séances et de contacts ont été nécessaires pour expliquer le concept et faire comprendre l'importance de la charte. Le nombre des signataires montre que l'idée a passé. C'est un succès important. Celle-ci reste ouverte à tous ceux qui voudraient la signer, telles que les petites associations régionales, voire les entreprises elles-mêmes.

Comment mettre cette charte en œuvre?
La signature de la charte n'est que le premier pas. Le vrai défi est, en effet, celui de faire vivre le contenu de la charte, dont les mots clés sont: «Stop en cas de danger - sécuriser - reprendre le travail». Je pense que les activités à développer sont les suivantes: diffuser la charte, la faire connaître et l'expliquer à tous les acteurs sur les chantiers; informer et instruire les cadres et les travailleurs sur les risques qui nécessitent une interruption immédiate du travail; convaincre tous les acteurs qu'ils ont le droit, en cas de danger, de suspendre leur travail et qu'ils doivent respecter une telle décision qu'importe celui qui l'a prise; intervenir dans les cas où ce droit ne serait pas respecté. La tâche n'est certainement pas facile et la réalité ne va pas se transformer d'un jour à l'autre sur les chantiers. Mais, avec la signature de la charte, on a fait un pas fondamental pour réaliser ce changement de culture.

Y aura-t-il plus de contrôles sur les chantiers?
La campagne «250 vies» prévoit d'intensifier les contrôles. Mais l'objectif principal est avant tout préventif, afin d'éviter les situations à risques.

Les différents acteurs, et surtout les ouvriers, sont-ils assez formés pour se rendre compte des risques?
Ces dernières années, il y a eu des progrès dans la formation des travailleurs. Mais il faut sans doute encore intensifier les efforts. Pour cette raison, on a créé des outils d'instruction, faciles à appliquer directement sur les chantiers afin que les règles vitales - celles qui permettent d'éviter la majorité des risques à la base d'accidents graves - soient respectées. Ces documents ont été élaborés avec la participation des syndicats et sont maintenant diffusés par la Suva.

La charte parle de «manquement grave» à la sécurité... Comment évaluer la gravité?
Dans le cadre de la campagne, on définit, pour les différentes branches, une dizaine de risques à la base de la grande majorité des accidents mortels et des cas d'invalidité. Bien entendu, on ne se fait pas d'illusions, l'interprétation de la gravité varie toujours un peu d'un individu à l'autre. La frontière ne sera jamais nette.

L'employé pourra-t-il refuser de travailler sans risquer de subir des pressions?
L'objectif est bien sûr celui d'éviter des pressions pour les travailleurs qui disent «Stop!». Avec la signature de la charte par la grande majorité des associations patronales des branches présentes sur les chantiers, on a créé une base importante pour garantir ce droit aux travailleurs.

Les ouvriers d'entreprises sous-traitantes seront-ils aussi protégés par cette charte?
Oui, les principes de la charte garantissent la sécurité pour toutes les personnes présentes sur les chantiers, y compris les salariés des entreprises sous-traitantes ou les temporaires. C'est vrai qu'une attention particulière doit être portée à ces catégories de travailleurs qui ont besoin d'informations, de formation et de soutien.

Propos recueillis par Aline Andrey


Pour plus d'informations et pour commander le matériel de prévention et d'information gratuitement: www.charte-securite.ch