Barrage à AVS 21
Vendredi dernier l’alliance «Pas touche à nos rentes!» a remis à la Chancellerie fédérale le référendum contre AVS 21 soutenu par 151782 personnes. De quoi ériger un imposant mur de cartons remplis des signatures des opposants à la réforme
Le chiffre est impressionnant. Il est à la mesure de l’opposition massive au projet de «stabilisation» de l’AVS: 151782 personnes ont signé le référendum contre AVS 21 qui prévoit de rehausser l’âge de départ à la retraite des femmes à 65 ans. Un nombre qui bat tous les records. C’est avec un mur de cartons, d’une hauteur jamais vue jusque-là, que les signatures ont symboliquement été rassemblées par l’alliance «Pas touche à nos rentes!», avant d’être remises à la Chancellerie fédérale vendredi dernier. Il exprimait le barrage à ne pas franchir, faute de quoi l’âge de la retraite de tous les salariés sera tiré vers le haut.
Plusieurs représentants de l’alliance ont pris la parole face aux nombreuses personnes réunies pour l’occasion. Après avoir rappelé que la réforme était un affront fait aux femmes, Vania Alleva, présidente d’Unia, a souligné qu’AVS 21 «est aussi le début d’un véritable démantèlement de la prévoyance vieillesse», la droite préparant un «nouveau vol des rentes dans le 2e pilier». Il est dès lors d’autant plus important de repousser AVS 21, «afin de pouvoir aborder le véritable problème de l’AVS, à savoir que les rentes doivent suffire pour vivre». «Il faut des rentes plus élevées, pas un âge de la retraite plus élevé», a-t-elle conclu, évoquant l’initiative syndicale pour une 13e rente.
Présidente du Syndicat des services publics, Katharina Prelicz-Huber a expliqué que «si l’égalité des salaires ancrée dans la Constitution était enfin appliquée», il y aurait 825 millions de francs en plus dans les caisses AVS, soit autant que ce qu’AVS 21 compte gagner sur le dos des femmes en les faisant travailler un an de plus. Elle a également appelé à un rattrapage du niveau des rentes des bas salaires et de nombreuses femmes: «La rente AVS moyenne est tout juste de 1787 francs et celle de la caisse de pension de 1692 francs. Quant à la rente médiane résultant des deux rentes réunies, elle se monte à 3459 francs. Ce n’est pas une rente de luxe!» Et d’ajouter que les rentes des femmes sont inférieures d’un tiers à celle des hommes et qu’un quart des retraitées ne vivent qu’avec l’AVS, «c’est-à-dire au-dessous du minimum vital». Une situation dénoncée par les collectifs de la Grève féministe engagés aux côtés des syndicats et du Parti socialiste suisse dans l’alliance. Marie Jolliet a fait remarquer que la réforme pénalisait toutes les femmes actives en première ligne, celles qui soignent, qui ont des conditions de travail pénibles, qui assurent le travail de care, et qui bien souvent sont des migrantes.
Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse, est revenu sur la place cruciale de l’AVS, la solidarité entre générations qu’elle permet, ainsi que sur les possibilités de financement existantes (voir aussi ci-dessous). Il a annoncé que la bataille qui débute «sera rude», face à des puissances économiques déterminées, telles que les banques et les assurances voulant placer leurs lucratifs 3e piliers.
La lutte se tranchera dans les urnes, probablement le 25 septembre. Et, comme le résument les collectifs de la Grève féministe: «On ne lâchera rien pendant les semaines à venir et jusqu'à la votation, nous allons continuer d'informer, de former et de nous mobiliser.»
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