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Agroalimentaire: les salaires doivent augmenter

Unia veut que les travailleurs touchent aussi leur part de croissance

L'industrie agroalimentaire et des boissons est en plein développement. La productivité a bondi ces dernières années alors que les salaires des employés et des employées, nombreuses dans la production, ne suivent pas. Les délégués d'Unia ont défini leurs revendications pour les prochaines négociations salariales.

L'économie est en plein boom en Suisse. Et la branche de l'industrie agroalimentaire et des boissons n'est pas en reste. Une branche qui comprend des entreprises comme Nestlé, Emmi, Hero, Knorr, Unilever, ainsi que les chocolatiers, les brasseurs, les eaux minérales et les boucheries industrielles qui ne sont pas rattachées à un groupe du commerce de détail. La croissance de la branche est dopée par la consommation privée et par l'exportation. Ses effectifs sont à la hausse avec un millier d'employés de plus que l'année dernière, portant leur nombre à 58800 personnes. Depuis 2000, la productivité a bondi de 25%. Pourtant, les salaires stagnent.
Face à ce constat, les délégués d'Unia à la Conférence de la branche agroalimentaire qui s'est tenue le 26 octobre dernier à Berne, ont décidé qu'il était temps d'augmenter de manière substantielle les salaires et d'obtenir plus d'égalité dans une branche où les femmes gagnent, pour un travail égal, encore 14,6% de moins que les hommes, soit quelque 750 francs de moins par mois.
Les délégués d'Unia ont donc défini leurs revendications salariales pour les négociations qui vont s'ouvrir dans les différentes entreprises de l'agroalimentaire et des boissons. Ils exigent :
- la pleine compensation du renchérissement pour tous (qui devrait se situer autour de 1%)
- une augmentation générale des salaires effectifs d'au moins 2 à 3% en plus du renchérissement, ainsi qu'un montant fixe pour relever les bas salaires.
- que 1% de la masse salariale soit consacré à l'adaptation des salaires des femmes.
Les délégués veulent également un contrôle de la structure des salaires au sein des entreprises et la mise en place de plans pluriannuels contraignants, mis en œuvre paritairement, pour parvenir à l'égalité salariale.

Nestlé montre le mauvais exemple en Allemagne
Lors de la Conférence, le président du comité d'entreprise européen de Nestlé, Wolfang Endling, du syndicat allemand NGG qui s'occupe de l'alimentaire et de la restauration, a parlé des fortes pressions exercées ces dernières années en Allemagne contre les salaires et les conditions de travail dans la branche. Et plus particulièrement de la stratégie du leader du marché, Nestlé, une stratégie qui se retrouve ailleurs en Europe. Afin de casser les conditions de travail, Nestlé n'a pas hésité à quitter les associations patronales pour ne plus avoir à respecter les conventions collectives régionales. La direction de Nestlé voulait augmenter la durée du travail de 38 à 40 heures et forcer les employés à signer des contrats individuels avec des conditions à la baisse. Les grèves, qui ont éclaté chez Maggi, puis ce printemps dans les entreprises de production d'eau minérale, ont obligé Nestlé à retourner à la table des négociations et à respecter les conventions tarifaires régionales. Grâce à leur mobilisation, a souligné Wolfang Endling, les travailleurs et les syndicats ont réussi à bloquer une tentative de sous-enchère salariale et sociale de large ampleur.

Sylviane Herranz