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Monthey, aux couleurs de Michel Piotta

Fresque de Michel Piotta ornant les murs du site chimique de Monthey.
©LDD

Une des fresques ornant les murs du site chimique de Monthey, celle réalisée à l’époque pour le centre informatique de l’entreprise Huntsman.

Le Château de Monthey abrite jusqu’au 14 avril une exposition commémorative des œuvres de Michel Piotta. Un peintre disparu il y a dix ans qui a marqué la vie de la région

Dans l’enceinte de l’usine de Ciba-Geigy, aujourd’hui Syngenta, sur des murs de la ville, dans nombre de foyers, les créations de Michel Piotta (1946-2008) ont coloré la vie de Monthey et, plus généralement, du Valais. Peintre prolixe disparu il y a dix ans, l’artiste a réalisé pas moins de 5000 œuvres dont des fresques murales encore visibles sur des bâtiments publics et privés de la région chablaisienne. A l’image de celle effectuée à l’époque pour le nouveau centre informatique de la société Huntsman, aujourd’hui destiné à des activités administratives. Ou encore une autre, ornant la caserne des pompiers du site chimique. Peinture toutefois appelée aujourd’hui à disparaître, cette construction étant vouée à la démolition. Reste que des centaines et des centaines de salariés auront croisé et croisent encore au quotidien ces réalisations parmi d’autres agrémentant l’espace de travail. Une initiative datant de la fin des années 1970 et des années 1980. «A cette époque, le site traversait une période florissante, marquée par d’importants investissements. Des budgets spéciaux étaient alloués pour en soigner l’esthétique, lui donner un peu de couleurs», explique Nathalie Vernaz, responsable de la communication et de la formation à Syngenta. Et de se souvenir encore de ces armatures métalliques peintes en rose bonbon sur un des bâtiments, qui, jugées toutefois trop voyantes par la direction alors en place, seront recouvertes de mauve. Le recours à des artistes serait-il aujourd’hui encore imaginable? «Pas vraiment. On privilégie désormais davantage le côté pratique et la sécurité», souligne la collaboratrice de Syngenta, confiant au passage apprécier particulièrement le travail de Michel Piotta.

«Savoureuse rétrospective»

L’idée de consacrer à l’artiste une rétrospective germe dans la tête de Jean-Marie Boissard, ancien spécialiste des ressources humaines du site. «Deux personnes disposant de tableaux du peintre m’ont contacté, m’invitant à créer un événement pour valoriser son œuvre.» Le retraité, qui était un ami de Michel Piotta, se laisse séduire par l’aventure – qui sera soutenue par un comité d’organisation composé notamment de proches de l’artiste – et lance au printemps dernier un appel pour collecter des créations de Michel Piotta. Avec un succès dépassant ses attentes. Plusieurs centaines d’œuvres sont rassemblées et une quarantaine sélectionnées pour orner les cimaises du Château de Monthey. «Cette exposition commémorative prend ainsi la forme d’une savoureuse rétrospective, réunissant tantôt des peintures majeures, tantôt anecdotiques, mais toutes révélatrices de la pratique artistique de Michel Piotta», commentera Marie Acker, commissaire artistique. De son côté, Jean-Marie Boissard souligne l’expression elliptique du peintre et sa préférence pour les tons pastels. «C’était un homme d’une grande culture picturale, qui a beaucoup voyagé. Un peintre qui n’a pas eu l’aura qu’il méritait», affirme-t-il, tout en notant encore le côté taiseux de cette figure marquante de Monthey, «tourmentée par son art», son absence de sens des affaires rendant au passage sa peinture non élitiste. «Les prix de ses tableaux variaient d’une heure à l’autre...»

Globe-trotter

Né en 1946 à Monthey, Michel Piotta a exposé pour la première fois ses œuvres à l’âge de 14 ans, sur les murs du café que tenaient ses parents. Après avoir fréquenté quelques années le collège de Saint-Maurice, il effectue un apprentissage de dessinateur-architecte. En 1967, il décide de visiter le monde. Un voyage qui le conduit d’abord dans le Sud-Est asiatique. Il peint et étudie l’art chinois à Kuching (Bornéo). Pose, pour quelques mois, ses valises à Bali avant d’ouvrir un atelier de sculpture à Ventiane, au Laos en 1969. Séjournant une année en Australie, le globe-trotter se rendra également en Inde, au Népal et dans différents pays d’Afrique. Dans les années 1990, il s’installe à Paris, avant de rentrer définitivement à Monthey où il s’éteint en 2008. «Il y a dix ans, Michel Piotta nous quittait, laissant derrière lui une œuvre importante, à la mythologie personnelle forte et évocatrice, aujourd’hui constitutive du patrimoine montheysan», souligne encore Marie Acker.

Exposition au Château de Monthey ouverte les vendredis de 14h à 18h et les samedis et dimanches, de 9h à 12h et de 14h à 18h.

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