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Après deux ans de travaux, le Capitole renaît

Dans le cinéme en restauration.
© Olivier Vogelsang

La plus grande salle de Suisse, avec ses 750 places, rouvrira ses portes le 24 février.

Le gros œuvre des lourdes rénovations de cette salle quasi centenaire, la plus grande de Suisse, touche à sa fin. Le Capitole, appelé à devenir une maison du cinéma, rouvrira le 24 février

Lucienne Schnegg (1925-2015) serait sûrement heureuse de voir le soin apporté à «son» cinéma. Elle y a travaillé pendant plus de soixante ans, a maintenu son exploitation coûte que coûte lorsque bon nombre de salles disparaissaient dans les années 1990. Elle en est même devenue propriétaire, avant le rachat par la Municipalité de Lausanne en 2010. Immortalisée par la réalisatrice Jacqueline Veuve dans un documentaire intitulé «La petite dame du Capitole», la femme-orchestre vendait les tickets, assise dans sa cabine donnant sur la rue, avant de lancer la projection, puis de distribuer les glaces à l’entracte. Son engagement fait aujourd’hui écho aux petites fourmis de l’ombre ayant travaillé à la rénovation de la plus grande salle de Suisse avec ses 750 places (nombre qui s’est réduit au fil du temps et des normes).

En ce jour de visite officielle, le 20 septembre, les maçons ont laissé la place au travail minutieux et silencieux des conservatrices-restauratrices; l’une nettoie le velours rouge capitonné qui habille les murs, les autres cousent les lourdes tentures dorées des années 1950, nettoyées et restaurées. Si le cinéma a été achevé en 1928, muni alors de 1077 places, de grosses rénovations ont été faites trente ans plus tard, en 1951, puis en 1959, sans trop se soucier du patrimoine. Marion Zahnd, architecte du bureau Architecum en charge des travaux, souligne: «C’est toujours comme ça: moins il y a de temps entre la construction et la rénovation, moins on respecte.» Le cinéma muet était devenu parlant. La fosse pour l’orchestre n’avait plus lieu d’être, les murs pouvaient être recouverts de tissus sans peur d’assourdir la musique. En 1981, fauteuils, écran et tapis avaient été remplacés. Tout au long du siècle, la salle s’est également adaptée constamment aux nouvelles technologies de projection et de sonorisation.

Prouesse architecturale

L’architecte évoque les défis techniques des travaux: la création d’une deuxième salle de 150 places en sous-sol, l’installation complexe d’un ascenseur, la logistique difficile due à l’enclavement du bâtiment. Elle relate également de magnifiques surprises comme la découverte de ces bouts de moquettes originels d’un bleu étonnant, et des lavabos des toilettes des femmes quasi intacts. Des soulagements aussi, lorsque la nouvelle dalle a été coulée ou en découvrant que le velours rouge des murs n’avait pas été endommagé par ce chantier d’ampleur.

Les lustres, actuellement en restauration, ont pu être conservés. Tout comme les peintures à motifs qui nécessitent encore un nettoyage pour les désencrasser des fumées des cigarettes d’antan. Le charme du foyer et de la salle devrait donc être sauf, tout en offrant des projections sous tous les formats possibles, du 70 mm (unique en Suisse) jusqu’à la 3D numérique.

Un café, une librairie et une médiathèque s’ajouteront pour créer un lieu phare du cinéma, «une expérience à vivre ensemble», souligne devant les médias, le syndic de Lausanne Grégoire Junod. «La plus grande et aussi l’une des plus anciennes salles de Suisse (avec le Cinématographe-Royal à Tramelan, ndlr) représente une valeur patrimoniale extrêmement importante, en plus de son caractère affectif pour beaucoup.» A entendre les différents protagonistes, dont Catherine Labouchère, vice-présidente de la fondation créée pour coordonner et assurer la gestion du bâtiment, c’est la première fois que la Confédération participe à la rénovation d’une salle de cinéma. Ce partenariat avec la commune et le Canton, en plus de partenaires privés, a permis de débloquer les 21,6 millions de francs nécessaires aux rénovations.

Le directeur de la Cinémathèque suisse, en charge de l’exploitation du lieu, Frédéric Maire, se réjouit quant à lui de développer la programmation de l’institution. «Dans les multiplex, c’est confortable, mais toutes les salles se ressemblent. Ici, on convie le public à une expérience. Il n’existe pas de lieu aussi complet dédié au 7e art.» La Cinémathèque célèbre ses 75 ans cette année et quittera donc le Casino de Montbenon en février 2024. La salle Paderewski redeviendra une salle consacrée à la musique, alors que celle du Cinématographe sera reprise en main par un ciné-club.

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